Le Mercredi des Cendres, demain 5 mars, marque l’entrée dans le Carême, période de quarante jours qui prépare les fidèles à la célébration de la Résurrection du Christ à Pâques. Ce temps liturgique essentiel dans la vie chrétienne repose sur la prière, le jeûne et l’aumône, suivant l’appel du Christ lui-même : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1,15).
Le Carême s’inspire des quarante jours que Jésus passa au désert, affrontant les tentations du diable (Mt 4,1-11), mais il trouve aussi un écho dans les quarante ans de l’errance du peuple d’Israël avant d’entrer en Terre promise. Il s’agit d’un chemin de purification intérieure, non seulement par des privations alimentaires mais surtout par une conversion du cœur.
Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle l’importance du jeûne comme moyen de sanctification : « Les temps et jours de pénitence tout au long de l’année (…) sont des moments forts de la pratique pénitentielle de l’Église » (§1438). Saint Thomas d’Aquin souligne que le jeûne chrétien ne se limite pas à une discipline corporelle mais vise à mieux disposer l’âme à la prière et à la charité : « Nous nous privons de nourriture pour réfréner les désirs de la chair, pour élever l’esprit vers Dieu et pour faire réparation pour nos péchés » (Somme théologique, IIa-IIae, q.147).
Le Mercredi des Cendres, par l’imposition des cendres sur le front, rappelle la condition mortelle de l’homme : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » (Gn 3,19). Ce rite souligne la nécessité d’une vraie conversion et d’un détachement du péché.
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Aucune comparaison possible avec le Ramadan
Certains tentent d’établir un parallèle entre le Carême et le Ramadan, mais une telle comparaison est infondée. Contrairement au Carême, qui s’inscrit dans une dynamique de préparation à la Passion et à la Résurrection du Christ, le Ramadan est avant tout une obligation légale dans l’islam, régie par un calendrier lunaire et non liturgique. Là où le Carême appelle à une privation discrète et intérieure (« Que ton jeûne ne soit pas triste… mais parfume ta tête et lave ton visage », Mt 6,16-18), le Ramadan est marqué par une rupture quotidienne du jeûne dans un cadre communautaire très structuré.
De plus, la finalité diffère radicalement : le Carême vise la purification spirituelle et la communion avec le Christ, tandis que le Ramadan est avant tout une obéissance à un commandement religieux extérieur. Comme le souligne le cardinal Robert Sarah : « Le jeûne chrétien n’est pas une simple privation, mais une faim de Dieu, un abandon au Père dans l’espérance de la Résurrection » (Le soir approche et déjà le jour baisse).
Loin d’être un simple exercice ascétique, le Carême engage le chrétien dans un cheminement intérieur qui culmine dans la Passion du Christ et la joie pascale. Il ne saurait donc être assimilé à une autre pratique religieuse, encore moins réduit à une ressemblance superficielle avec le Ramadan.
Un appel à la vraie conversion
En ce temps de Carême, l’Église rappelle que la pénitence chrétienne ne vise pas seulement à discipliner le corps mais à conformer l’âme au Christ crucifié. Saint Augustin exhortait ainsi les fidèles : « Ne vous contentez pas d’affliger votre corps, changez votre cœur » (Sermon 207).
Il est donc essentiel de réaffirmer le sens profondément christocentrique du Carême et du Mercredi des Cendres, en évitant toute confusion avec des pratiques qui relèvent d’une autre logique théologique et spirituelle. La pénitence chrétienne trouve sa plénitude dans la Croix et la Résurrection, mystères auxquels nous sommes appelés à communier durant ces quarante jours de grâce.
Bon Carême à tous !