Par Philippe Marie
Dans récent article publié par Libération le 21 novembre 2024, intitulé « Censure / A Lille, les arguments improbables d’une cathédrale pour annuler la venue du chanteur Izae, à l’apparence « androgyne » », nous assistons à une nouvelle tentative de décrédibilisation de l’Église catholique, accusée de censure en défendant la sacralité des églises.
L’imposture intellectuelle réside dans le fait de présenter une position légitime de l’Église comme une forme d’intolérance ou de rejet des différences. La cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille à Lille, a annulé la venue du chanteur Izae, dont l’apparence et les paroles engagées pour la cause LGBT sont à l’évidence incompatibles avec la vocation sacrée de l’espace. Cette décision n’a rien à voir avec une quelconque forme de haine ou de rejet des personnes concernées, mais découle d’une volonté de préserver le caractère sacré sacralité des lieux.
Les églises ne sont pas des lieux de divertissement ou des salles de spectacle. Elles sont des espaces de prière et de recueillement. Ceux qui cherchent à transformer ces lieux en simples lieux de performances artistiques, de mauvais gout dans le cas précis d’Izae, ou en tribunes pour des causes militantes ne respectent ni la vocation de l’Église, ni la signification profonde de ces espaces sacrés. Il est indispensable de distinguer entre ce qui relève du sacré et ce qui relève du profane. Au nom de l’égalité et de l’inclusivité, on cherche à effacer cette distinction fondamentale, imposant une uniformité qui ne reconnaît plus la spécificité du culte chrétien.
Le Canon 1210 du Code de Droit Canonique stipule :
Canon 1210 : « Les églises, ou tout autre lieu consacré à Dieu, sont réservés aux fins sacrées et ne peuvent être utilisés pour des buts profanes. »
Cette disposition implique que toute activité dans une église doit respecter sa vocation sacrée et ne pas être détournée à des fins profanes, y compris les concerts ou événements qui n’ont pas un lien direct avec la liturgie ou les prières. Le Répertoire des chants liturgiques et les Normes sur la musique sacrée rappellent également que la musique dans les églises doit favoriser le culte et non être un simple spectacle. Seuls des chants appropriés, qui sont en harmonie avec la sacralité de l’espace, peuvent y être chantés.
L’intolérance n’est donc pas du côté de l’Église, mais bien de ceux qui, en défendant une vision idéologique uniforme, cherchent à effacer toutes les vraies différences. Ceux qui dénoncent l’Église pour sa position refusent de comprendre que cette décision est fondée sur la protection de ce qui fait la richesse de la foi chrétienne : la vérité révélée, le respect du sacré, et la liberté de vivre sa foi selon ses convictions.
Ajoutons qu’Il est choquant de constater que ce type d’attaque se concentre systématiquement sur l’Église catholique.
Pourquoi les autres lieux de culte ne sont-ils jamais soumis aux mêmes exigences ? Pourquoi ne parle-t-on jamais de la transformation d’une mosquée ou d’une synagogue en salle de spectacle ?
C’est un traitement exclusif de l’Église, qu’il est impératif de dénoncer. Pourquoi l’Église devrait-elle être le seul bouc émissaire d’une laïcité de plus en plus dévoyée et d’un wokisme militant ?
Lire aussi
L’Église n’a pas à se sentir gênée ou complexée de refuser ce genre de prestations. Elle n’a pas à avoir peur de la polémique. Céder sous la pression de ceux qui imposent leur vision sans accepter les principes fondamentaux de notre civilisation serait jouer le jeu de ces militants jusqu’au-boutistes, sans limites et sans respect. Ce type de pression est une tentative d’effacer la réalité de la foi chrétienne, de supprimer le caractère sacré des églises, et de faire disparaître ce qui fait la spécificité et la beauté de notre culture.
L’Église doit rester ferme dans la défense de ses principes et de sa mission. Elle doit refuser la normalisation idéologique qui cherche à faire disparaître les différences essentielles entre le sacré et le profane. C’est dans cette fidélité à la vérité et au respect du sacré que réside sa force, et non dans la soumission à des compromis qui dilueraient son message dans un monde de plus en plus hostile à la notion même de différence.
Le Pape François a souligné la sacralité des églises à plusieurs reprises. son discours lors de l’audience générale du 6 novembre 2013 précise :
« Les églises sont des lieux sacrés, consacrés à la prière et au culte de Dieu, où nous rencontrons la Présence divine. »
La vraie censure, c’est celle qui cherche à faire taire les voix qui défendent le sacré, à éradiquer toute forme de distinction entre le profane et le religieux, et à réduire les églises à de simples espaces de consommation ou de spectacles. C’est une censure intellectuelle qui ne tolère pas la véritable différence, celle qui permet à chacun de vivre sa foi sereinement, sans avoir à se plier aux diktats idéologiques du moment.
Comme le rappelle l’Évangile de ce vendredi 22 novembre : « De la maison de Dieu, vous avez fait une caverne de bandits » (Lc 19, 45-48). Ce verset, où Jésus chasse les marchands du Temple, résonne aujourd’hui comme un avertissement contre ceux qui veulent transformer les lieux saints en simples lieux d’affaires et de compromis. Il est temps de rappeler que les églises doivent rester des espaces sacrés, réservés à la prière et à la contemplation, loin des préoccupations marchandes ou pseudo-artistiques et des pressions idéologiques qui cherchent à les dénaturer.