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« Cette croix se voudrait symbole de paix et de fraternité » : le curé de Briançon réagit au retrait de la croix Montgenèvre

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"L’application de la loi peut laisser place à de nombreuses souplesses ; et les initiatives personnelles peuvent susciter de très beaux dynamismes"

La décision de la mairie de Montgenèvre de retirer par hélicoptère la croix installée au sommet du mont de La Plane a suscité de nombreuses réactions locales. Dans un communiqué publié le 16 octobre, le père Jean-Michel Bardet, curé de la paroisse Saint-Hippolyte des Sources Clarée/Durance, a appelé au dialogue et à la concertation, tout en rappelant la signification traditionnelle de ces croix de montagne.L’affaire remonte à mars 2025, lorsque le conseil municipal de Montgenèvre constate la présence d’une nouvelle croix sur le sommet de La Plane, situé à 2 500 mètres d’altitude. Selon la mairie, cette installation, faite sur un terrain communal, n’avait pas été autorisée.Le père Bardet précise dans son communiqué que « la paroisse n’est pas à l’initiative de cette installation et n’a pas connaissance de ce projet ni de l’identité de ses instigateurs ». Il indique également avoir été contacté par la mairie au sujet de cette croix, ajoutant que la paroisse a répondu qu’elle n’en connaissait pas l’origine.

Le 14 octobre, la municipalité a procédé au démontage de la structure, à l’aide d’un hélicoptère, pour un coût estimé à 5 000 euros.Dans son texte, le curé de Briançon rappelle le sens historique et spirituel de ces croix :
« L’implantation d’une croix sur un sommet est une pratique propre à la tradition catholique ; traditionnellement, ces implantations peuvent être liées à un événement de la communauté, un drame humain ou d’autres réalités de la vie d’un pays ; elles sont généralement bénies au moment d’un rassemblement. »

Ces croix, très présentes dans les Alpes, relèvent autant du patrimoine culturel que de la foi populaire. Pour le père Bardet, la situation actuelle illustre surtout un manque de concertation entre les différents acteurs locaux.S’il reconnaît la légitimité de la décision municipale sur le plan administratif, le curé souligne la nécessité d’un dialogue entre les institutions civiles et religieuses. « Nous ne pouvons pas faire grief à un maire de faire respecter les législations en vigueur pour ce qui est du domaine de ses compétences », écrit-il.Mais il s’interroge :
« Ce qui est le plus dommageable en cette situation : qu’un particulier impose sa propre initiative en oubliant de consulter les communautés humaines d’un territoire légitimement représentées par les institutions locales, ou qu’un maire fasse respecter la loi ? L’application de la loi peut laisser place à de nombreuses souplesses ; et les initiatives personnelles peuvent susciter de très beaux dynamismes. »

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Pour le prêtre, les deux démarches — la foi populaire et la gestion publique — auraient pu se rejoindre par le dialogue.
« Nous ne pouvons faire l’économie de la rencontre, du dialogue, de la concertation, pour conduire à des réalisations communes et heureuses. »Le père Bardet insiste sur la signification pacifique et universelle du symbole chrétien :
« Cette croix se voudrait symbole de paix et de fraternité, affirmation de foi pour celles et ceux qui portent un tel regard sur elle : les principes de laïcité ne s’opposent pas à cela. » Il note également que la mairie a agi avec respect envers l’objet religieux : « Le respect dû à l’objet dont elle a fait preuve lors du déplacement de la croix en est un signe ; parallèlement, la restauration de la croix historique du sommet de La Plane est aussi gage de cette attitude. »Dans les Hautes-Alpes, plusieurs croix de montagne sont régulièrement restaurées ou remplacées, souvent dans la discrétion, sans susciter de controverses.Le communiqué se conclut sur une note d’ouverture.
« Comptant sur l’œuvre de la Sagesse dans le cœur des femmes et des hommes de bonne volonté, je me plais à imaginer qu’une croix puisse être un jour dressée en signe de concorde et d’espérance, portée par une communauté rassemblée autour d’un projet commun, signe d’un idéal plantant ses racines dans les traditions millénaires d’un territoire… Faut-il attendre les JO 2030 pour trouver cette dynamique ? »Par ces mots, le curé appelle à dépasser les tensions pour faire de la croix un signe de rassemblement plutôt que de division.

Communiqué intégral du père Jean-Michel Bardet (16 octobre 2025)

« La commune de Montgenèvre se situe au sein de la Paroisse St Hippolyte des Sources Clarée/Durance ainsi que les communes de Névache et de Val des Prés, toutes trois sises le long des deux cours d’eau. Ce simple rappel pour dire la réalité de nos institutions (civiles et religieuses) ayant chacune leurs législations, et rappeler la présence de ces structures chargées de réguler les affaires du bien commun.

Le 13 mars 2025, le conseil municipal de Montgenèvre interpelle la Paroisse quant au constat de la présence d’une nouvelle croix au sommet de La Plane sur un terrain communal. Par retour de mail, il est précisé à la Mairie que la Paroisse n’est pas à l’initiative de cette installation et qu’elle n’a pas connaissance de ce projet ni de l’identité de ses instigateurs. Le récent communiqué de la commune du 14 octobre 2025 vient alors informer la population des suites données à cette problématique.

L’implantation d’une croix sur un sommet est une pratique propre à la tradition catholique ; traditionnellement ces implantations peuvent être liées à un évènement de la communauté, un drame humain – comme il y en a de nombreux dans nos montagnes – ou d’autres réalités de la vie d’un pays ; elles sont généralement bénies au moment d’un rassemblement.

Dans le cas présent, aucune réflexion, aucun contact préalable n’auront été pris ni côté mairie, ni côté paroisse. Nous ne pouvons pas faire grief à un maire de faire respecter les législations en vigueur pour ce qui est du domaine de ses compétences.

En second lieu, je pose la question de ce qui est le plus dommageable en cette situation : qu’un particulier impose sa propre initiative en oubliant de consulter les communautés humaines d’un territoire légitimement représentées par les institutions locales ? ou qu’un maire fasse respecter la loi (qui plus est avec les rappels de l’Etat à cette fin) ? L’application de la loi peut laisser place à de nombreuses souplesses ; et les initiatives personnelles peuvent susciter de très beaux dynamismes.

Nous ne pouvons faire l’économie de la rencontre, du dialogue, de la concertation, pour conduire à des réalisations communes et heureuses.

Cette croix se voudrait symbole de paix et de fraternité, affirmation de foi pour celles et ceux qui portent un tel regard sur elle : les principes de laïcité ne s’opposent pas à cela ; la commune de Montgenèvre aurait je le crois volontiers aidé à une mise en œuvre de cet ordre : le respect dû à l’objet dont elle a fait preuve lors du déplacement de la croix en est un signe ; parallèlement, la restauration de la croix « historique » du sommet de La Plane est aussi gage de cette attitude. Ne négligeons pas le fait que de nombreuses croix sont régulièrement restaurées ou remplacées dans nos montagnes dans une simple discrétion qui sied aux montagnards.

Enfin, comptant sur l’œuvre de la Sagesse dans le cœur des femmes et des hommes de bonne volonté, je me plais à imaginer qu’une croix puisse être un jour dressée en signe de concorde et d’espérance, portée par une communauté rassemblée autour d’un projet commun, signe d’un idéal plantant ses racines dans les traditions millénaires d’un territoire… faut-il attendre les JO 2030 pour trouver cette dynamique ?

Briançon, le 16 octobre 2025,
p. Bardet, Curé

Paroisses des Hautes Vallées du Briançonnais : Notre-Dame des Neiges en Briançonnais et St Hippolyte des Sources Clarée/Durance
Père Jean-Michel Bardet – Curé
Maison Paroissiale – 17 rue Alphand
05100 Briançon »

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