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« Chaque être humain possède une dignité, simplement parce qu’il est voulu, créé et aimé de Dieu », le pape Léon XIV, met en garde contre un monde où l’intelligence artificielle menace de réduire l’homme à une donnée

Léon XIV - capture écran
Léon XIV - capture écran
« Nous courons non seulement le risque de perdre de vue les visages de ceux qui nous entourent, mais aussi d’oublier comment reconnaître et chérir tout ce qui est véritablement humain»

Dans un message adressé aux participants du Congrès international de l’Académie pontificale pour la Vie, réuni à Rome sur le thème « Intelligence artificielle et médecine : le défi de la dignité humaine », le pape Léon XIV a livré une réflexion sur les promesses et les périls de la révolution numérique.Le Saint-Père a placé son intervention dans la continuité de l’enseignement du pape François, évoquant un « changement d’époque » provoqué par l’expansion des technologies numériques. Selon lui, cette transformation dépasse en portée la révolution industrielle, car elle touche désormais la manière même dont l’homme pense, agit et se comprend lui-même.Au cœur de ce message, une phrase résonne avec force :

« Nous courons non seulement le risque de perdre de vue les visages de ceux qui nous entourent, mais aussi d’oublier comment reconnaître et chérir tout ce qui est véritablement humain. »

Ces mots traduisent une préoccupation face à la déshumanisation possible d’un monde où les relations se déplacent vers des interfaces techniques. L’intelligence artificielle, en devenant un outil d’interaction et de décision, tend à brouiller la frontière entre l’homme et la machine. Le pape met en garde contre une fascination technologique qui conduirait à l’effacement du regard, du visage et de la relation ,fondements de la dignité humaine.Tout en reconnaissant les immenses bénéfices de la technologie dans le domaine de la santé, Léon XIV rappelle que le véritable progrès ne se mesure pas seulement en efficacité ou en innovation, mais en fidélité au bien commun et à la dignité de la personne. « Le développement technologique a apporté et continue d’apporter des bénéfices considérables », écrit-il, mais il souligne que, sans repères éthiques, ces outils peuvent devenir destructeurs s’ils servent des idéologies contraires à l’homme.

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Pour le pape, la médecine demeure un lieu privilégié où se révèle la fragilité humaine et, par conséquent, la vocation de l’homme à la compassion et au service. Il cite la déclaration Dignitas Infinita, rappelant que chaque être humain possède « une dignité ontologique, simplement parce qu’il est voulu, créé et aimé de Dieu ». L’intelligence artificielle, si elle veut contribuer à la mission médicale, doit donc renforcer, et non remplacer , la relation humaine entre le soignant et le patient.Le pape met également en garde contre les intérêts économiques colossaux qui influencent les domaines de la médecine et de la technologie. Il appelle à une coopération internationale, large et responsable, afin que les choix technologiques ne soient pas dictés uniquement par le profit, mais par le service du bien de la personne.

Le message de Léon XIV s’inscrit donc dans une ligne claire : accueillir la science et le progrès, mais à la lumière d’une anthropologie chrétienne qui place la personne humaine au centre. Dans cette perspective, l’intelligence artificielle, loin d’être une menace, peut devenir un instrument de fraternité et de soin, à condition que l’homme en demeure le maître, et non le serviteur.

Traduction française TRIBUNE CHRETIENNNE

« Message du Saint-Père Léon XIV aux participants du Congrès international de l’Académie pontificale pour la Vie
Intelligence artificielle et médecine : le défi de la dignité humaine
(10–12 novembre 2025)

J’adresse mes salutations empreintes de prière à tous ceux qui participent au Congrès international intitulé Intelligence artificielle et médecine : le défi de la dignité humaine.
Je souhaite avant tout exprimer ma gratitude et ma profonde estime pour le thème que vous avez choisi d’examiner.

La révolution numérique joue un rôle central dans ce que le pape François a décrit comme un changement d’époque. Nous vivons aujourd’hui un moment de progrès technologique nouveau, comparable à certains égards à la révolution industrielle, mais plus diffus et plus profond. Il influence fortement notre manière de penser, modifie notre compréhension des situations et la perception que nous avons de nous-mêmes et des autres. Nous interagissons désormais avec les machines comme si elles étaient nos interlocuteurs, au point d’en devenir presque une extension. Ainsi, nous courons non seulement le risque de perdre de vue les visages de ceux qui nous entourent, mais aussi d’oublier comment reconnaître et chérir tout ce qui est véritablement humain.

Il ne fait aucun doute que le développement technologique a apporté, et continue d’apporter, des bénéfices considérables à l’humanité, en particulier dans les domaines de la médecine et de la santé. Mais pour garantir un véritable progrès, il est impératif que la dignité humaine et le bien commun demeurent des priorités fermes pour tous, tant pour les individus que pour les institutions publiques. Il est facile de reconnaître le potentiel destructeur de la technologie, et même de la recherche médicale, lorsqu’elles sont mises au service d’idéologies antihumaines. À cet égard, l’histoire demeure un avertissement : les instruments dont nous disposons aujourd’hui sont encore plus puissants et peuvent produire des effets plus dévastateurs sur la vie des personnes et des peuples. Cependant, s’ils sont maîtrisés et mis au véritable service de la personne humaine, ces instruments peuvent aussi être porteurs de transformation et de bienfaits.

Sous cet angle, je considère votre engagement à explorer le potentiel de l’intelligence artificielle dans le domaine médical comme particulièrement significatif. La fragilité de la condition humaine se manifeste souvent dans le champ de la médecine, mais nous ne devons jamais oublier la dignité ontologique qui appartient à la personne en tant que telle, simplement parce qu’elle existe, voulue, créée et aimée de Dieu (Déclaration Dignitas Infinita, 7). C’est précisément pour cette raison que les professionnels de la santé ont la vocation et la responsabilité d’être les gardiens et les serviteurs de la vie humaine, surtout dans ses phases les plus vulnérables (Note Antiqua et Nova, 71). On peut en dire autant de ceux qui sont responsables de l’usage de l’intelligence artificielle dans ce domaine. En effet, plus la vie humaine est fragile, plus la noblesse de ceux qui en ont la charge doit être grande.

L’objectif du soin des personnes met en lumière le caractère irremplaçable des relations humaines dans ce contexte. Le professionnalisme médical exige non seulement la compétence spécifique nécessaire, mais aussi la capacité de communiquer et de se rendre proche de l’autre. Il ne peut jamais se réduire à la simple résolution d’un problème. De même, les dispositifs technologiques ne doivent jamais diminuer la relation personnelle entre le patient et le soignant. Si l’intelligence artificielle veut véritablement servir la dignité humaine et l’efficacité des soins, il faut s’assurer qu’elle renforce à la fois les relations interpersonnelles et la qualité du soin apporté.

Compte tenu des intérêts économiques considérables souvent en jeu dans les domaines de la médecine et de la technologie, ainsi que des luttes pour le contrôle qui en découlent, il est essentiel de promouvoir une large collaboration entre tous ceux qui œuvrent dans le secteur de la santé et dans la vie publique, au-delà même des frontières nationales. C’est pourquoi je me réjouis de savoir que votre congrès réunit des intervenants de différents continents et de diverses origines.

Avec ces sentiments, je vous assure, chers amis, de ma prière afin que ce congrès porte des fruits abondants pour vous, pour vos collègues, et pour les nombreuses personnes qui bénéficieront de votre compétence et de votre dévouement généreux.
Je vous remercie tous et j’invoque sur vous et sur vos familles la bénédiction du Dieu tout-puissant.

Du Vatican, le 7 novembre 2025
Léon XIV, Pape »

Source Vatican

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