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Chemin synodal italien :entre opposition,confusion et passage en force,un avertissement pour la France ?

Façade de la cathédrale Sainte-Marie-de-l'Annonciation à Vicence.
Façade de la cathédrale Sainte-Marie-de-l'Annonciation à Vicence.
Alors que l’Assemblée synodale italienne vient d’essuyer un sérieux revers, les critiques se multiplient sur un processus perçu comme flou, imposé d’en haut et coupé du peuple de Dieu.

Le chemin synodal, lancé il y a quatre ans avec la promesse d’un large dialogue ecclésial, vient de connaître un sérieux coup d’arrêt : l’Assemblée synodale, réunie pour finaliser son document conclusif, a suspendu ses travaux. La version proposée n’a satisfait ni la frange progressiste?en attente d’un texte plus « prophétique »?ni les voix critiques qui dénoncent une démarche biaisée dès le départ.

Cette suspension révèle une réalité inquiétante : loin d’être un processus transparent et représentatif, le chemin synodal italien semble avoir été conduit par une élite cooptée, avec des critères flous de sélection. Les participants, souvent désignés sans consultation réelle des fidèles, ont exprimé des opinions personnelles sans autorité théologique ou canonique. Le synode apparaît ainsi comme une « assemblée » sans mandat clair, ni enracinement dans la vie des paroisses.

Un synode artificiel et idéologique ?

Le projet de réforme porté par certains évêques et responsables laïcs repose sur une vision profondément transformante de l’Église. L’exemple du diocèse de Vicence (Vénétie) est éloquent : dans une tribune publiée en février dans La Voce dei Berici, le directeur du journal diocésain, don Alessio Graziani, rapporte les propos de l’évêque appelant à une Église « moins cléricale, plus ouverte, moins institutionnalisée, où femmes et jeunes participent aux décisions, proche des pauvres et de l’environnement ». Si le ton paraît doux, le fond annonce un bouleversement : effacement du magistère, marginalisation du sacerdoce ordonné, liturgie repensée, mode de gouvernement collégial, et écologie érigée en priorité pastorale.

Le diocèse de Vicence (Vénétie), situé au nord-est de l’Italie, est un diocèse important par sa tradition catholique vivace et son poids pastoral dans l’Église italienne. Le fait qu’un tel diocèse devienne une vitrine du modèle synodal en dit long sur la stratégie déployée pour généraliser ces réformes.

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Un processus ignoré par les fidèles… mais imposé quand même

La plupart des catholiques italiens ne savent même pas qu’un synode national a eu lieu. Pourtant, ce manque d’adhésion n’empêchera pas la mise en œuvre des décisions. La stratégie semble claire : faire passer en douceur une réforme d’en haut, sous couvert de modernisation. Ainsi, des mesures structurelles sont déjà en place pour réduire l’autorité des évêques : à partir de septembre 2025, un séminaire interdiocésain regroupera les diocèses de Vicence, Padoue, Adria-Rovigo et Chioggia. Un évêque qui souhaiterait former ses prêtres dans une ligne différente n’en aura plus les moyens. Le modèle proposé est celui d’une Église uniformisée et docile aux nouvelles orientations.

La crise actuelle pourrait laisser croire à un échec définitif du chemin synodal. En réalité, il s’agit d’un simple contretemps. Le processus va continuer, et avec lui, les tentatives de faire entrer l’Église italienne dans un modèle synodal défini par une minorité, sans véritable enracinement populaire. Même ceux qui n’en ont jamais entendu parler verront bientôt ses effets dans leur paroisse.

Ce scénario italien n’est pas sans faire écho à la situation en France. Depuis la clôture du Synode sur la synodalité au niveau national, de nombreuses paroisses peinent à percevoir ses fruits concrets. Une question s’impose : les fidèles laïcs comme les prêtres savent-ils vraiment à quoi a servi ce synode ? Et surtout, quelles en seront les conséquences réelles sur l’avenir de l’Église de France ?

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