Dans le diocèse de Wenzhou, bastion de la fidélité à Rome, la pression exercée par le Parti communiste chinois (PCC) s’est accentuée ces dernières semaines. L’évêque clandestin Peter Shao Zhumin, non reconnu par les autorités de Pékin, demeure fidèle au Saint-Siège malgré les arrestations répétées et les pressions exercées sur lui et sur ses fidèles. Selon AsiaNews, ces arrestations sont devenues systématiques à l’approche des grandes fêtes liturgiques.Face à lui, Pékin a nommé un représentant officiel, le père Ma Xianshi, membre de l’Église dite « patriotique » approuvée par l’État. Mais la loyauté du père Ma lui-même semble avoir été remise en question par les autorités : arrêté en novembre pour une prétendue infraction mineure liée à la vente de cantiques, il attend toujours son procès. Selon AsiaNews, son véritable « tort » serait d’avoir refusé de s’opposer à Mgr Shao et d’avoir rencontré des émissaires du Vatican sans l’aval de Pékin.
La tactique du PCC évolue : au-delà des arrestations de prêtres, ce sont désormais des religieuses et des laïcs qui sont accusés de « migration illégale » pour un pèlerinage effectué à l’étranger. Le message est explicite : « Si votre évêque Shao se convertit, ils seront tous libérés », auraient déclaré les autorités.Pékin aurait tenté de tirer parti du vide diplomatique pour imposer de nouveaux évêques favorables au régime. Depuis l’élection de Léon XIV, la répression n’a pas cessé, au contraire. On estime que près de 90 % des lieux de culte clandestins ont été fermés au printemps, et les descentes de police se sont multipliées.
Le diocèse de Wenzhou n’est pas marginal : il compterait entre 180 000 et 200 000 catholiques, une quarantaine de prêtres relevant de l’Église d’État, et plus de vingt prêtres et soixante religieuses dans l’Église clandestine. Leur engagement à Rome ne faiblit pas, malgré les dangers.
Lire aussi
Un prêtre clandestin, interrogé par le site Bitter Winter, témoigne : « Nous endurons des souffrances en raison de notre loyauté inébranlable envers Rome et de notre refus de nous soumettre à des évêques inféodés au Parti communiste. »
Ce sentiment est partagé par un autre prêtre, qui en appelle directement au pape Léon XIV : « Le Vatican se tait, mais favorise les opportunistes de l’Église officielle […]. Nous espérons que le nouveau pape reconnaîtra la valeur de notre fidélité. »Au cœur de ces tensions, l’accord sino-vaticanais signé en 2018 – et renouvelé pour quatre ans – demeure opaque et très critiqué. Bien qu’il accorde théoriquement au pape un droit de veto dans la nomination des évêques, la réalité sur le terrain montre que le contrôle revient largement au PCC.Dans sa récente prière pour l’Église en Chine, Léon XIV a appelé à ce que les fidèles chinois soient en « communion avec l’Église universelle », un message discret mais significatif, en rupture avec la logique de « sinisation » voulue par Pékin. Mais il n’a pas encore abordé de front la question de l’accord sino-vaticanais ni condamné explicitement les persécutions en cours.
Dans l’Église souterraine, l’attente grandit. Les fidèles espèrent que Léon XIV fera entendre la voix de Rome face à l’oppression, et qu’il apportera un soutien clair à ceux qui, en Chine, paient le prix de leur fidélité au Christ et au successeur de Pierre.