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Chine : Léon XIV consacre le premier évêque de Zhangjiakou et un nouveau diocèse voit le jour

Le Pape Léon XIV - DR
Le Pape Léon XIV - DR
Tout cela s’inscrit dans un contexte où le Parti communiste chinois renforce sa mainmise sur les religions

Le 8 juillet dernier, le pape Léon XIV avait décidé de supprimer les diocèses de Xuanhua et de Xiwanzi, érigés en 1946 par Pie XII, afin de créer le diocèse de Zhangjiakou, suffragant de Pékin. Le nouveau diocèse correspond désormais aux frontières administratives de la ville-préfecture du même nom. Son territoire couvre 36.357 km² pour une population de plus de 4 millions d’habitants, dont environ 85.000 catholiques, desservis par 89 prêtres.Les districts de Xuanhua, Qiaodong, Xiahuayuan, Chongli, Qiaoxi et Wanquan, ainsi que les comtés de Chicheng, Huailai, Zhuolu, Weixian, Yangyuan, Huai’an, Shangyi, Zhangbei, Guyuan et Kangbao, sont rattachés au nouveau diocèse. Le district de Yanqing est quant à lui rattaché à l’archidiocèse de Pékin et la ville de Xilinguolemeng au diocèse de Jining.

Ce mercredi 10 septembre, Monseigneur Giuseppe Wang Zhengui a été consacré premier évêque de Zhangjiakou. Né en 1962, ordonné prêtre en 1990 pour le diocèse de Xianxian, il a exercé son ministère dans plusieurs paroisses, notamment à Qujiazhuang, avant de servir au diocèse de Xuanhua. Sa nomination a été approuvée par le pape Léon XIV dans le cadre de l’Accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine.L’événement marque une étape importante pour les catholiques du Hebei, région au cœur de la vitalité missionnaire mais aussi de la persécution. La décision de Léon XIV, en continuité avec la prudence et la fermeté de Pie XII en 1946, manifeste la volonté d’offrir aux fidèles des structures claires et des pasteurs enracinés.

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Cependant, cette réorganisation ne peut être lue isolément. Elle s’inscrit dans un contexte où le Parti communiste chinois renforce sa mainmise sur les religions. Un rapport publié le 1er octobre 2024 par la Commission américaine pour la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF) a mis en évidence les efforts du PCC pour « exercer un contrôle total » sur la pratique religieuse, notamment catholique.Les autorités ont ordonné le retrait de croix sur des églises, remplacé les images du Christ et de la Vierge Marie par des portraits de Xi Jinping, et imposé des slogans du parti dans les sanctuaires. Les prêtres et les fidèles doivent promouvoir l’idéologie officielle, tandis que les textes religieux sont censurés.De nombreux évêques demeurent détenus ou disparus, comme Mgr Augustine Cui Tai ou Mgr James Su Zhimin. Selon Nina Shea, spécialiste de la liberté religieuse, le régime cherche à « séparer l’Église catholique en Chine du pape » et à réduire les pasteurs à de simples fonctionnaires idéologiques.

Dans ce climat oppressif, l’acte de Léon XIV prend une dimension particulière : ériger un diocèse pleinement uni à Rome et donner un évêque légitime à une communauté vivante mais menacée. C’est rappeler que l’Église en Chine appartient au Christ et non au pouvoir politique, et que les catholiques chinois, malgré la persécution, restent partie intégrante de l’Église universelle.Alors que Pékin rêve d’une Église soumise et nationalisée, Zhangjiakou devient le signe d’une fidélité plus forte que la peur : une Église enracinée dans la tradition, fidèle à Pierre, et prête à témoigner du Christ jusqu’au bout.

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