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Colombie : après l’assassinat d’un sénateur, le cardinal Rueda appelle à l’unité

Cardinal Luis José Rueda Aparicio - DR
Cardinal Luis José Rueda Aparicio - DR
Le cardinal Luis José Rueda a adressé un message de solidarité et invité les Colombiens à privilégier l’unité et le respect de la vie

Le sénateur Miguel Uribe Turbay, 39 ans, précandidat à l’élection présidentielle de 2026, est décédé le lundi 11 août , deux mois après avoir été blessé par balle lors d’un événement de campagne à Bogotá. L’attentat, survenu le 7 juin dans le parc El Golfito, quartier Modelia de Fontibón, a été perpétré par un adolescent qui a tiré à plusieurs reprises, atteignant le parlementaire à la tête, au cou et à la jambe.Transporté à la clinique Fundación Santa Fe, il avait subi plusieurs interventions chirurgicales et était resté dans un état critique jusqu’à son décès, attribué à une hémorragie du système nerveux central.La nouvelle a suscité de nombreuses réactions dans le pays, son épouse, María Claudia Tarazona, a exprimé publiquement sa douleur et plusieurs personnalités politiques, dont le président Gustavo Petro et l’ancien président Álvaro Uribe, ont présenté leurs condoléances.Dans un message publié à cette occasion, le cardinal Luis José Rueda Aparicio, archevêque de Bogotá et primat de Colombie, a exprimé un « salut fraternel » à la famille et a déclaré : « Nous rejetons et condamnons toute forme de violence et de manque de respect pour la vie. »

Il a invité les Colombiens à « vivre ce moment sous le signe de l’unité » et à réfléchir à l’héritage laissé aux jeunes générations : « Nous sommes une génération marquée par le narcotrafic, la guérilla, le paramilitarisme et toutes les formes de violence, nous devons nous unir pour construire une histoire de vie, de respect, de rencontre et de paix. » Le cardinal a également mis en garde contre la situation à laquelle les jeunes sont confrontés, notamment le recrutement par des groupes armés : « Il n’est pas juste qu’ils soient recrutés… il ne faut pas permettre que la nouvelle génération soit marquée et contaminée par la haine, la peur et la violence. » Le prélat a conclu son message par un appel à la cohésion nationale :

« Ce n’est pas le moment de tirer profit de cette situation… unissons-nous comme citoyens autour des institutions et de la carte constitutionnelle de notre pays. »

Né le 3 mars 1962 à San Gil, dans le département de Santander, le cardinal Rueda est archevêque métropolitain de Bogotá depuis avril 2020. Ordonné prêtre en 1989 pour le diocèse de Socorro y San Gil, il a exercé divers ministères paroissiaux et responsabilités pastorales avant d’être nommé évêque de Montelíbano en 2012, puis archevêque de Popayán en 2018. Créé cardinal par le pape François le 30 septembre 2023, il est reconnu pour son engagement en faveur de la paix, son soutien à l’accord conclu en 2016 entre le gouvernement et les FARC, et sa défense des droits des communautés touchées par la violence. Figure d’autorité morale en Colombie, il est régulièrement sollicité pour intervenir sur les questions sociales et politiques sensibles, prônant le dialogue et la réconciliation.

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L’assassinat de Miguel Uribe Turbay, à neuf mois des élections présidentielles, ravive le souvenir douloureux de la violence politique qui a marqué l’histoire récente de la Colombie. Les propos du cardinal Rueda, au-delà de l’émotion suscitée par cette perte, rappellent l’importance d’un effort commun pour consolider la paix et protéger les générations futures des cycles de haine et de vengeance. Dans un climat électoral déjà tendu, son appel à l’unité vise à éviter que cette tragédie ne se transforme en facteur de division, pour en faire au contraire un moment de convergence autour des valeurs fondamentales de la vie et du respect des institutions.

Rappelons que l’Église catholique, historiquement très présente en Colombie, a souvent joué un rôle de médiation dans les périodes de crise et de conflit armé. Par son autorité morale et sa proximité avec la population, elle a œuvré pour le dialogue entre les acteurs politiques, sociaux et armés, notamment durant les négociations de paix avec les guérillas. Dans un pays encore marqué par les blessures du narcotrafic et des luttes armées, la voix de l’Église continue de se faire entendre comme un appel à la réconciliation, à la défense de la dignité humaine et à la protection des plus vulnérables, en particulier les jeunes exposés aux dynamiques de violence. L’intervention du cardinal Rueda s’inscrit dans cette tradition, affirmant que la paix véritable ne peut se construire qu’à travers l’unité et le respect mutuel.

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