Le film Conclave, réalisé par Edward Berger et inspiré du roman de Robert Harris, raconte l’histoire d’un conclave où les oppositions entre factions progressistes et conservatrices se dissolvent au profit d’un agenda idéologique. L’intrigue culmine avec l’élection inattendue d’un cardinal venu des périphéries, présenté comme une figure d’unité et de dialogue. Mais l’élément central du récit réside ailleurs : le pape élu est en réalité intersexe, un fait révélé tardivement et qui, loin d’être un obstacle, devient une vertu essentielle de son pontificat.
Loin d’être une simple fiction, ce scénario semble rejoindre les tendances qui traversent actuellement l’Église. Déjà, en 2022, l’archidiocèse de Turin a permis à un homme transgenre d’être confirmé sous son identité légale masculine. Dans plusieurs diocèses occidentaux, la pression s’accentue pour l’intégration de candidats homosexuels au sacerdoce, et des cardinaux influents, comme Blaise Cupich et Robert W. McElroy, encouragent ouvertement un changement doctrinal sur ces sujets.
Dans le film, la révélation du « secret » du nouveau pape ne provoque pas de crise mais est au contraire célébrée comme un signe d’ouverture. Son identité intersexe devient la garantie d’une Église nouvelle, affranchie des contraintes d’une tradition jugée dépassée. Un message qui fait écho à certains courants ecclésiaux actuels, où le doute est encouragé plutôt que la certitude, et où la rupture avec le passé est vue comme une nécessité.
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L’Église en mutation : entre féminisation et redistribution des rôles
Il y a quelques jours, Mgr Grégoire Cador, évêque de Coutances et Avranches, a précisé dans une lettre que Mme Audrey Dubourget devenait déléguée générale , une fonction nouvellement créée, déjà en place dans plusieurs diocèses français.
Cette évolution voulue par l’Eglise autorise que des fonctions traditionnellement cléricales soient progressivement ouvertes aux laïcs. À Bruxelles, Rebecca Charlier-Alsberge a été nommée déléguée épiscopale, son nom étant même inséré dans la prière eucharistique, un geste liturgique qui questionne la frontière entre clergé et laïcat.
Depuis plusieurs années, le Vatican encourage la nomination de femmes à des postes de plus en plus influents dans la gouvernance de l’Église. Si le sacerdoce reste officiellement réservé aux hommes, la place accordée aux femmes dans les structures diocésaines et romaines ne cesse de croître. En 2024- 2025 , le pape François a nommé trois femmes à des postes-clés dans le Dicastère pour les évêques, leur conférant une influence jusque-là inédite sur la sélection des nouveaux prélats.
Cette féminisation, accompagnée d’un élargissement des rôles laïcs dans le gouvernement de l’Église, marque une transformation dont les implications théologiques et ecclésiologiques restent largement débattues.
Vers une remise en cause du sacerdoce ?
Ces évolutions s’inscrivent dans un mouvement plus large, où l’Église semble vouloir redéfinir ses structures internes au nom de l’adaptation aux réalités contemporaines. Mais jusqu’où cette évolution peut-elle aller ?Si l’on suit la logique actuelle, l’Église pourrait bientôt se retrouver face à des revendications encore plus radicales : ordination de femmes, reconnaissance officielle des unions homosexuelles, voire remise en cause du célibat sacerdotal, non plus comme un choix vocationnel mais comme une contrainte injustifiée.
Ce qui relevait hier de l’impensable est aujourd’hui discuté à Rome. La nomination de laïcs à des postes traditionnellement cléricaux, la promotion de figures LGBT dans l’Église, et la place grandissante d’un discours d’adaptation aux mœurs modernes montrent qu’une rupture profonde est en cours.
Face à une Église en pleine mutation, il devient crucial de réaffirmer avec clarté ce qu’est le sacerdoce, ce qu’est l’identité chrétienne et ce que signifie la fidélité à la tradition apostolique.Si le film Conclave est une fiction, la réalité qu’il décrit est en train de s’écrire sous nos yeux. Le conclave du futur pourrait bien ressembler à celui du film – à moins que des voix fidèles à l’Évangile ne se lèvent pour défendre l’identité sacrée de l’Église.