L’Italie, autrefois cœur du catholicisme en Europe, traverse aujourd’hui une crise spirituelle profonde, révélée par un récent rapport commandé par la Conférence des évêques italiens (CEI). Le Censis, organisme chargé de cette étude, met en lumière une situation alarmante : bien que 71,1 % des Italiens se déclarent catholiques, une grande majorité vit cette appartenance de manière culturelle et déconnectée de la pratique religieuse authentique. Comme le précise le média italien, la Bussola, le catholicisme semble perdre de son sens véritable, se transformant en un simple héritage culturel sans fondement spirituel vivant.
Un catholicisme déconnecté de la pratique
Le rapport révèle un écart considérable entre les Italiens se déclarant catholiques et ceux réellement pratiquants. Bien que 71,1 % de la population se considère catholique, seulement 15,3 % d’entre eux fréquentent régulièrement l’Église.
Parallèlement, 20,9 % des Italiens s’identifient comme catholiques non pratiquants , une catégorie paradoxale qui ne trouve guère de sens particlulier dans le cadre de la foi chrétienne. La Bussola souligne que cette dichotomie montre bien la tendance des Italiens à se revendiquer catholiques plus par héritage que par engagement authentique. C’est un catholicisme de tradition, une identité transmise sans véritable conviction spirituelle, on les appelle parfois des chrétiens de façade.
Mais au-delà de l’identité culturelle, un autre phénomène inquiétant émerge : La spiritualité individuelle, déconnectée de la doctrine de l’Église. Environ 55,8 % des Italiens qui fréquentent l’Église de façon irrégulière ou qui n’y vont jamais affirment vivre leur foi intérieurement . Cela reflète un phénomène de « foi bricolée », où chacun se forge une religion à la carte, selon ses propres désirs et principes, loin des enseignements clairs et immuables de l’Église. Il s’agit d’un individualisme spirituel où la communauté ecclésiale, avec ses sacrements et sa doctrine, n’a plus de place.
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La prière : un acte émotionnel détaché de la tradition chrétienne
La prière, qui devrait être un acte central de la foi chrétienne, échappe également à cette dérive. Selon le rapport, 66 % des Italiens affirment prier, mais les motifs qui les poussent à prier sont souvent émotionnels.
Comme le précise La Bussola, 39,4 % des italiens prient lorsqu’ils éprouvent une émotion forte et 33,5 % dans des moments de peur. La prière se transforme ainsi en une invocation émotionnelle, dénuée de la relation vivante avec Dieu que la prière chrétienne implique. Ce phénomène d’émotionnellement dirigé s’éloigne totalement de la prière chrétienne, qui devrait être une conversation profonde et personnelle avec Dieu, nourrie par la foi et l’enseignement de l’Église.
L’Église perçue comme une ONG mais déconnectée de sa mission spirituelle
Un autre aspect inquiétant du rapport concerne l’image de l’Église. Bien qu’elle soit encore perçue par une large majorité d’Italiens comme une organisation de bienfaisance, la mission spirituelle de l’Église semble avoir été reléguée au second plan.
7 Italiens sur 10 estiment que la crédibilité de l’Église a été sérieusement érodée par les scandales liés aux abus sexuels. Cependant, paradoxalement, l’Église reste largement perçue comme une ONG qui vient en aide aux plus démunis, mais la dimension spirituelle de sa mission est de plus en plus oubliée. La Bussola indique que la mission sociale de l’Église semble avoir supplanté sa vocation spirituelle, une évolution inquiétante qui réduit l’Église à un simple acteur social, loin de ses origines chrétiennes.
Une lueur d’espoir : la quête spirituelle persistante
Malgré cette crise spirituelle, le rapport du Censis fait état de quelques lueurs d’espoir. Environ 58 % des Italiens croient en une vie après la mort, et parmi ceux-ci, 61,7 % croient en un jugement divin, avec une récompense pour les justes et un châtiment pour les pécheurs.
Ce retour à une vision du jugement après la mort montre qu’il existe encore une soif de transcendance, même dans une société largement matérialiste. Ce désir de justice et de vérité après la vie terrestre va à l’encontre de la tendance actuelle de minimiser le péché et la rédemption, signalant un besoin profond de spiritualité et de sens.
De plus, 43,9 % des pratiquants expriment un intérêt marqué pour les « beaux rites d’autrefois », ce qui témoigne d’un désir de renouer avec la beauté sacrée de la liturgie traditionnelle. Ce retour aux sources liturgiques est révélateur d’une quête spirituelle authentique, qui cherche à restaurer la beauté et la profondeur de la foi catholique dans une époque où la sacralité de la messe et des rites semble avoir été négligée.
Le rapport met donc en lumière la fracture profonde entre le catholicisme culturel et la foi vivante. Si l’Église en Italie continue de jouer un rôle social important, sa mission spirituelle est en crise. Il est urgent que l’Église retrouve son véritable rôle : non seulement répondre aux besoins matériels des personnes, mais surtout nourrir leurs âmes avec la vérité de l’Évangile et la beauté de ses rites sacrés.
Un renouveau spirituel authentique est nécessaire pour que l’Église en Italie puisse reconquérir le cœur des Italiens, en les guidant vers la foi véritable et non vers une spiritualité individualiste déconnectée de la tradition chrétienne. Le défi est immense, mais la mission est claire : renouveler l’Église en revenant à ses racines profondes, dans toute sa beauté et sa Vérité.