Le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez a opposé un veto discret à la nomination de Monseigneur Piero Pioppo comme nouveau nonce apostolique à Madrid. Un refus non justifié publiquement, mais largement attribué au profil jugé trop conservateur du prélat italien, choisi par le pape Léon XIV.
Le nom de Mgr Piero Pioppo circulait depuis plusieurs semaines dans les milieux diplomatiques vaticans comme futur nonce en Espagne. La proposition de sa nomination avait été soumise au gouvernement espagnol par la Secrétairerie d’État du Saint-Siège dès le départ de Mgr Bernardito Auza pour Bruxelles. Mais le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez a décidé de ne pas accorder le « placet », c’est-à-dire le feu vert diplomatique habituellement nécessaire à la nomination d’un ambassadeur étranger.
Ce refus n’a pas été officiellement motivé, mais des sources concordantes, comme El Pais , indiquent que le profil conservateur de Mgr Pioppo serait à l’origine de cette décision
Considéré comme fidèle au magistère traditionnel de l’Église, Mgr Pioppo a été proche collaborateur du cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’État sous Jean-Paul II, et a exercé plusieurs missions diplomatiques importantes (Corée, Chili, Cameroun, Indonésie). Il a aussi été préposé à l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR), la « banque du Vatican », à une période délicate.En Espagne, le climat entre l’Église et l’exécutif socialiste est particulièrement tendu. Le gouvernement Sánchez voit dans l’Église une opposition politique de facto, notamment depuis les déclarations critiques de Mgr Luis Argüello, président de la Conférence épiscopale, ou l’affaire du monastère du Valle de los Caídos. Dans ce contexte, la nomination d’un nonce réputé conservateur a été perçue comme inacceptable pour la Moncloa, qui attend sans doute un profil plus en phase avec ses orientations idéologiques.
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Cette opposition silencieuse équivaut, dans le langage diplomatique, à un veto implicite. Face à cette impasse, Rome a été contrainte de renoncer à la nomination de Mgr Pioppo. Le Vatican devra donc proposer un autre candidat pour ce poste-clé, alors que le pape Léon XIV s’efforce depuis son élection de ramener une certaine stabilité dans les nominations épiscopales, après les tensions internes du pontificat précédent.
Selon Silere non possum, le pape Léon XIV avait personnellement soutenu la candidature de Mgr Pioppo, dans une volonté de renouer avec des secteurs ecclésiaux marginalisés. Mais le refus de Madrid vient rappeler que les jeux de pouvoir politiques pèsent toujours lourd dans les relations entre les États et le Saint-Siège.
Malgré ce revers, la carrière diplomatique de Mgr Pioppo n’est pas terminée. Il pourrait se voir confier une autre mission prochainement. Quant à l’Espagne, le processus de nomination du nouveau nonce reste ouvert, dans un climat de méfiance entre le gouvernement et une Église toujours influente.