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Crise ouverte dans l’Église du Congo : un évêque rejeté par ses prêtres et ses fidèles

Monseigneur Emmanuel Ngona Ngotsi  - DR
Monseigneur Emmanuel Ngona Ngotsi - DR
Résultat : plus de séminaire à Wamba, et une Église locale paralysée par la division


Une situation sans précédent secoue le diocèse de Wamba, dans le nord-est de la République démocratique du Congo. Près de deux ans après sa nomination par le pape François , Monseigneur Emmanuel Ngona Ngotsi n’a toujours pas pu prendre possession de son siège épiscopal, en raison du refus d’une partie du clergé et des fidèles d’accueillir leur nouveau pasteur.Face à cette impasse durable, le Dicastère pour l’évangélisation à Rome a pris une décision radicale : suspendre la formation des séminaristes du diocèse et ce depuis le 30 juin 2025. Cette mesure a été présentée dans une lettre signée par le cardinal Luis Antonio Tagle, pro-préfet du Dicastère, et Mgr Fortunatus Nwachukwu, secrétaire du même dicastère. Le document précise : « Étant donné qu’à l’heure actuelle un environnement aussi problématique n’est pas propice à la formation des futurs prêtres, ce Dicastère a décidé de suspendre temporairement toutes les activités de formation au séminaire préparatoire et au petit séminaire à la fin de l’année universitaire en cours. »

Le pape avait nommé Monseigneur Emmanuel Ngona Ngotsi évêque de Wamba le 17 janvier 2024. Mais dès l’annonce, de fortes résistances internes sont apparues. Une partie du clergé local, soutenue par plusieurs fidèles, a refusé d’accepter sa nomination, invoquant des désaccords profonds sur la gouvernance diocésaine et des rivalités anciennes. L’agence Fidés précise qu’aucune prise de possession canonique n’a pu avoir lieu. Le Saint-Siège, la Nonciature apostolique et la Conférence épiscopale nationale du Congo ont multiplié les démarches de réconciliation, sans succès.

Né le 1er janvier 1960 à Bambu-Mines, dans le diocèse de Bunia, Mgr Emmanuel Ngona Ngotsi est membre des Missionnaires d’Afrique, plus connus sous le nom de Pères Blancs. Ordonné prêtre le 22 août 1990 à Fataki, dans le diocèse de Bunia, il a exercé son ministère dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment au Niger et au Burkina Faso. Après des études de philosophie à Bambu-Mines et de théologie à l’Institut catholique de Toulouse, il a obtenu une licence en sciences sociales à l’Institut catholique de Paris. Il a été successivement curé à Zinder, assistant provincial à Ouagadougou, recteur du philosophat des Pères Blancs, puis membre du Conseil général de la congrégation à Rome. En 2017, il est devenu supérieur provincial des Missionnaires d’Afrique à Bukavu, fonction qu’il occupait encore au moment de sa nomination par le pape François, le 17 janvier 2024, comme évêque du diocèse de Wamba.

Il semblait être une figure locale respectée de la vie religieuse, homme de formation et de dialogue son engagement en faveur de la formation sacerdotale et de la paix était reconnu dans la région des Grands Lacs.

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Face à ce conflit et pour éviter d’exposer les séminaristes à un climat d’instabilité spirituelle, le Dicastère pour l’évangélisation a préféré une suspension temporaire de la formation. L’annonce a été faite par Mgr Sosthène Ayikuli Udjuwa, évêque de Mahagi-Nioka et administrateur apostolique de Wamba, chargé d’assurer la gestion du diocèse en attendant une solution durable. Mgr Ayikuli a précisé que les séminaristes désireux de poursuivre leur vocation pourront intégrer d’autres séminaires du pays après discernement, tandis que les formateurs et professeurs seront affectés à d’autres missions pastorales.

Cette crise met en lumière les tensions internes qui fragilisent parfois la vie ecclésiale dans certaines régions, où la fidélité à Rome se heurte à des historiques culturels locaux complexes. Elle survient dans un contexte national difficile, marqué par l’insécurité persistante à l’est du pays, la pauvreté et les divisions politiques.Alors que les fidèles congolais font face à des épreuves multiples, ils n’ont pas besoin de nouvelles blessures au sein de l’Église. Beaucoup expriment aujourd’hui leur lassitude et leur tristesse devant une situation qui éloigne les cœurs au lieu de les unir. Dans un pays où la foi demeure un refuge essentiel, les catholiques de la RDC attendent avant tout la paix, la vérité et la réconciliation au sein de leur Église.

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