Institution majeure dans une société où la majorité se déclare catholique, l’Église en Croatie demeure un acteur influent du débat public, particulièrement lorsqu’il s’agit d’éducation et de protection de l’enfance. Aussi le 30 septembre dernier ,l’archevêché de Zagreb a fait connaître une position ferme au sujet du projet municipal d’imposer dans les écoles primaires et secondaires un cours consacré à la sexualité, élaboré selon une approche inspirée de l’idéologie du genre et de l’activisme LGBT. Pour l’Église croate , il est « inadmissible » qu’une orientation idéologique pénètre le système scolaire sous couvert de modernité ou de progrès. Derrière un « vocabulaire flatteur« ,bien-être des enfants, expertise scientifique, valeurs contemporaines, l’archevêché dénonce une tentative de manipulation et d’ingénierie du langage destinée à faire passer pour neutres des contenus qui ne le sont pas.

Monseigneur Dražen Kutleša rappelle que l’éducation des enfants relève d’abord de la responsabilité des parents, et que la Constitution croate le garantit explicitement. Ceux-ci ne peuvent être écartés ou considérés comme des obstacles, alors que les promoteurs de l’éducation sexuelle complète tendent à les marginaliser. L’Église invite au contraire les familles à prendre pleinement leur place, estimant que l’éducation ne peut être abandonnée à des commissions idéologiques ni devenir un terrain d’expérimentation.L’archevêché précise qu’il ne s’oppose pas à l’éducation pour la santé, qu’il juge importante et utile. Ce qu’il refuse, c’est l’ajout de contenus idéologiques étrangers à sa finalité, en particulier ceux de l’idéologie du genre : « une sexualisation précoce ou confuse risquerait de semer chez les enfants des incertitudes durables, au moment où se forment leur identité et leur stabilité psychologique » précise t-il.
Pour l’Église croate , il est irresponsable de vouloir pénétrer dans l’intimité des élèves de manière inappropriée, alors que l’école doit protéger et accompagner
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Le texte insiste sur la liberté de conscience et sur les droits fondamentaux des familles :
L’éducation doit s’appuyer sur des bases anthropologiques solides, compatibles avec la vision chrétienne de la personne. Un programme aussi sensible ne saurait être élaboré localement et encore moins imposé ; il doit être défini à l’échelle nationale, avec une transparence réelle et la participation des parents, des enseignants et des spécialistes de tout le pays.Le programme scolaire officiel doit pas devenir un instrument de pouvoir ni un véhicule idéologique, mais rester un lieu de formation, d’accueil et de cohésion.
L’archevêché conclut en citant le pape Léon XIV, rappelant que l’Église ne peut jamais renoncer à exposer la vérité sur l’homme et sur le monde, même si cela exige parfois une parole directe. La vérité, soulignait le Saint-Père, n’est jamais séparée de l’amour et s’enracine dans le souci du bien de chaque personne. Dans le contexte croate actuel, le message est clair : l’enfant n’est pas un objet d’ingénierie sociale, l’école n’est pas un laboratoire idéologique, et la dignité humaine comme le bien commun exigent de protéger l’intégrité des plus jeunes et la liberté des familles.Cette prise de position vient s’ajouter à d’autres interventions récentes de l’Église croate. L’annonce d’un projet d’éducation sanitaire et sexuelle en 2025 a relancé le débat et confirmé l’attention constante portée par l’institution à ces questions. Des médias ont rapporté que l’archevêché identifie des parallèles avec des initiatives déjà introduites ailleurs dans le pays et qu’il considère ces projets comme partie d’une série de tentatives d’imposer des contenus qu’il juge incompatibles avec l’anthropologie chrétienne. Une veritable polémique a également été alimentée par des rumeurs, comme celle de prétendues « cartes » posant des questions sexuelles précises aux enfants.
Ce débat ne se limite pas à la Croatie. En France, la mise en œuvre du programme officiel EVARS a suscité des réactions similaires. Si l’Enseignement catholique a confirmé son respect du cadre obligatoire, il revendique en parallèle un projet spécifique inspiré de l’anthropologie chrétienne. À l’Assemblée nationale, Guillaume Prévost, secrétaire général de l’Enseignement catholique, a récemment dénoncé des méthodes de contrôle jugées inacceptables dans des établissements, estimant que certaines enquêtes menées auprès d’écoles catholiques relèvent de pratiques disproportionnées et attentatoires à la confiance.Au-delà des frontières, ces dossiers révèlent une même préoccupation : l’éducation ne consiste pas seulement à transmettre des connaissances mais une vision de l’homme, de la liberté et de la famille. L’Église affirme que cette vision ne peut être sacrifiée à des programmes idéologiques. Elle requiert un dialogue loyal entre familles, institutions et pouvoirs publics, afin de garantir une éducation authentiquement respectueuse de la dignité, de la liberté et du caractère sacré des enfants.


