Depuis 2000 ans

Croix chrétiennes au collège de Clisson ou l’excès de zèle au nom d’une laïcité dévoyée

DR
DR
Les catholiques de France, discrets, pacifiques et respectueux des lois, n’ont pas à s’excuser de vivre leur foi, ni à retirer leurs croix pour apaiser des susceptibilités idéologiques.

Le 31 mars dernier à Clisson, dans le vignoble nantais, le principal du collège public Cacault a cru bon d’adresser un rappel à l’ordre à tous les parents d’élèves pour dénoncer… une recrudescence de croix catholiques portées autour du cou par des collégiens. L’affaire, aussi symbolique que préoccupante, révèle une fois de plus une incompréhension manifeste – ou une instrumentalisation volontaire – du principe de laïcité à l’école

La question mérite d’être posée sans détour : y a-t-il eu dans cet établissement des élèves arborant des croix démesurées, provocantes, militantes ? À ce jour, aucune preuve, aucune photo, aucun témoignage ne va en ce sens. Tout indique qu’il s’agit de simples pendentifs, portés discrètement, comme le font des millions de Français depuis des générations. À quel moment ces objets de piété, si modestes, sont-ils devenus un danger pour la République ?

Ce que le principal de Clisson qualifie de « signes religieux », la loi le désigne avec bien plus de nuance. Car la loi de 2004 n’interdit pas tout signe religieux, mais seulement les signes ostensibles. Et le Conseil d’État, dans ses avis successifs, a toujours distingué le port d’une croix discrète d’un prosélytisme affiché.

En d’autres termes : porter une croix au collège, tant qu’elle n’est ni provocante ni imposante, est parfaitement légal. Le rappeler devrait être le rôle du rectorat, non celui de céder à une lecture excessive et déséquilibrée de la laïcité. D’autant plus que le rectorat de Nantes, contacté par la presse, indique n’avoir constaté aucune augmentation des signalements pour atteinte à la laïcité. Autrement dit : pas de problème réel, mais un emballement administratif.

Lire aussi

Ce qui choque dans cette affaire, ce n’est pas tant le rappel des règles, que le choix ciblé de la foi catholique. Des parents se sont étonnés à juste titre sur les réseaux sociaux : pourquoi viser uniquement la croix chrétienne, sans mentionner d’autres signes religieux ? Pourquoi cette fixation sélective ?

La représentante du syndicat SNPDEN-UNSA a beau tenter de justifier cette approche, en arguant que « certaines personnes ne se rendent pas compte que des croix catholiques, ce sont aussi des signes religieux », son argumentaire tombe à plat. Car dans ce cas, que dire des croissants visibles ou des mains de fatma ?

Il y a dans ce type de comportement une confusion perverse entre neutralité de l’État et invisibilité religieuse imposée aux citoyens. Une laïcité bien comprise protège les consciences, elle ne les contraint pas à l’effacement. A une époque où la foi chrétienne est trop souvent reléguée au rang de folklore honteux, il est inquiétant de voir des chefs d’établissement tomber dans l’excès de zèle. Car au fond, ce que révèle ce message envoyé aux familles, ce n’est pas une menace pour la laïcité, mais une gêne face à la simple visibilité du christianisme.

Les catholiques de France, discrets, pacifiques et respectueux des lois, n’ont pas à s’excuser de vivre leur foi, ni à retirer leurs croix pour apaiser des susceptibilités idéologiques. Il serait temps que certains redécouvrent que la neutralité exigée à l’école s’applique aux institutions… pas aux élèves.

Recevez chaque jour notre newsletter !