L’affaire a éclaté ce dernier week-end de novembre à Avrechy, dans l’Oise. Le curé du village a décidé d’annuler la crèche, les animations et surtout la messe de Noël, affirmant vouloir éviter qu’une célébration religieuse ne devienne l’enjeu d’une guerre purement politicienne entre deux candidats aux municipales. Le Parisien précise que l’organisateur historique des festivités paroissiales est aujourd’hui le principal opposant à la maire sortante et que tous deux sont engagés dans une campagne locale particulièrement tendue. Pour se tenir à distance de cette confrontation, le prêtre a choisi de supprimer l’ensemble des événements liés à la Nativité.Cette décision surprend d’autant plus que l’année précédente, l’église Saint-Lucien avait retrouvé une vitalité inattendue. Une crèche, un sapin, un goûter pour les enfants et une messe de l’Avent très suivie le 20 décembre 2024 avaient rassemblé habitants et familles, certains franchissant les portes de l’église pour la première fois depuis longtemps. Ce contraste avec l’annulation actuelle rend la situation plus douloureuse encore pour de nombreux fidèles.
En renonçant à la messe de Noël, le curé dit vouloir prévenir toute instrumentalisation politique. Mais cette attitude interroge profondément. La messe n’est pas une animation paroissiale que l’on déprogramme lorsque le climat politique se tend.
Elle est l’acte sacramentel qui célèbre l’Incarnation, le cœur même de la foi chrétienne. La suspendre pour désamorcer un conflit électoral revient à placer les préoccupations humaines au-dessus de la grâce, comme si le culte dépendait des humeurs et des tensions d’un village.Ce geste risque d’entretenir une confusion regrettable. À force de craindre les hostilités externes, certains en viennent à restreindre la mission pastorale, comme si la présence chrétienne devait s’effacer à la moindre agitation civique. Pourtant, la neutralité politique ne signifie pas la disparition liturgique.
L’Église n’a pas à se mettre en retrait face aux rivalités municipales. Sa vocation est d’annoncer le Christ, même lorsque les circonstances semblent défavorables.
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Au-delà du cas d’Avrechy, cet épisode révèle la fragilité spirituelle de nos territoires ruraux et de nos villes d’ailleurs. Là où les messes sont déjà rares, où les traditions chrétiennes s’affaiblissent, supprimer la messe de Noël équivaut à priver les catholiques d’un repère essentiel dans l’année liturgique. Cela envoie un signal malheureux, c’est un signe de faiblesse : celui que la liturgie peut céder devant les pressions d’un conflit de personnes, et que le sacré est négociable en période de tension.Le diocèse a été saisi et devra examiner cette décision. Beaucoup espèrent qu’un discernement plus paisible permettra de restaurer une célébration de Noël dans ce village. Une messe de Noël vaut plus qu’une guerre politicienne. Elle dépasse les querelles, les rivalités et les stratégies. Elle appartient à Dieu et au peuple qui cherche lumière et consolation. Dans l’Oise, il serait regrettable que la Nativité soit sacrifiée au tumulte d’une bataille municipale.


