La nomination de Mgr Renzo Pegoraro à la tête de l’Académie pontificale pour la vie par le pape Léon XIV a été officialisée le 27 mai dernier. Âgé de 65 ans, ancien chancelier de cette même institution, il a longtemps travaillé aux côtés de Mgr Vincenzo Paglia, dont le mandat fut entaché de controverses. Beaucoup espéraient un tournant. L’interview accordée au journal la Repubblica ce dimanche 6 juillet, vient malheureusement dissiper toute illusion.
Interrogé sur la question de la fin de vie, Mgr Pegoraro commence par rappeler que « le suicide assisté est une défaite pour tous ». Mais cette affirmation de principe est aussitôt relativisée par une ouverture : « Dans une société pluraliste, il est nécessaire de trouver des médiations. » Cette volonté de compromis, dans un domaine aussi grave que celui de la vie et de la mort, laisse perplexe. Doit-on vraiment chercher des terrains d’entente avec la culture de mort au nom du pluralisme ?
Monseigneur Pegoraro se montre également réservé à propos du comité national d’éthique actuellement en place en Italie. Il évoque des « doutes légitimes », mais sans développer. Ce silence prudent sur les organes de réflexion censés encadrer les pratiques de fin de vie s’ajoute à une posture générale de prudence calculée. Rien n’est dit sur la gravité de l’euthanasie ou sur l’incohérence morale du suicide assisté, pourtant décrié à de nombreuses reprises par le magistère.Le président de l’Académie plaide pour une meilleure application des lois sur les soins palliatifs et le consentement éclairé, ce qui est en soi légitime. Mais il s’en tient à des considérations pratiques, évitant toute prise de position forte. Aucune critique de la logique utilitariste qui sous-tend les législations permissives. Aucune défense ferme de l’inviolabilité de la vie humaine jusqu’à son terme naturel. Rien de ce que Jean-Paul II, fondateur de l’Académie, rappelait avec force dans Evangelium Vitae.
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Il est par ailleurs frappant de constater que Mgr Pegoraro, en dépit de son nouveau rôle de président, n’a jamais exprimé de désaccord public avec les orientations controversées de son prédécesseur. Pendant des années, il en a été le principal collaborateur sans jamais marquer de distance, y compris lorsque l’Académie a intégré des membres ouvertement favorables à l’avortement ou au suicide assisté. Son silence d’alors jette une ombre sur la sincérité de son engagement actuel à défendre la vie.Enfin, le fait qu’il insiste désormais sur des thématiques comme l’intelligence artificielle, les biotechnologies ou la bioéthique globale, tout en restant flou sur les principes non négociables de l’anthropologie chrétienne, renforce l’impression d’un glissement technocratique. La priorité semble donnée à l’expertise scientifique et au dialogue interdisciplinaire, au détriment du témoignage clair et public de la foi catholique dans le domaine moral.
Au moment où de nombreux pays légalisent l’euthanasie et cherchent à redéfinir les repères fondamentaux de la dignité humaine, l’Église devrait parler d’une voix claire. Or, la parole de Mgr Pegoraro ne tranche pas. Elle dialogue. Elle attend. Elle s’adapte. Mais le caractère sacré de la vie ne se négocie pas. Il se défend.