Les 27, 28 et 29 juin derniers, les paroissiens de Saint-Siméon, en Seine-et-Marne, ont découvert leur église sous un jour… inhabituel. Plus de calice sur l’autel, plus d’encens, ni de prières à l’horizon, mais une sphère, des voiles suspendus et des photos de mains encadrées. Le tout sous l’étiquette d’« œuvre d’art interactive » présentée par la photographe hollandaise Hélène Hermans.
L’idée ? Inviter les visiteurs à venir accrocher eux-mêmes des clichés de mains sur une sphère au cœur de l’église. Certaines images étaient incluses dans des blocs d’acrylique, d’autres imprimées sur de grandes tentures, d’autres encore flottant librement dans l’espace liturgique. Le titre, « Terre et ciel – Élan éternel », laissait présager un élan spirituel, pourtant, ce que les fidèles ont trouvé, c’est un étrange glissement, de la prière au collage, de la liturgie à l’installation, du sacré à l’animation paroissiale.Le lieu n’est pas anodin. L’église de Saint-Siméon, peinte à la main par l’abbé Emal, n’est pas une salle polyvalente. Mais l’époque semble vouloir faire passer ces vieux symboles pour poussiéreux, et leur substituer une esthétique émotionnelle et participative, où chacun vient déposer sa trace, fût-ce un fragment de main imprimé.
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L’homme, dans ce type d’approche, n’est plus tourné vers Dieu, mais vers lui-même. Ce ne sont plus les signes du Ciel qui l’émerveillent, mais ses propres empreintes, ses gestes, son image reflétée sur une sphère. L’église devient alors le miroir de l’homme au lieu d’être la maison de Dieu.
Ce genre d’exposition ne saurait non plus servir d’alibi culturel. Elle ne devrait pas donner bonne conscience au maire, soucieux de rentabiliser les coûts d’entretien de l’église en la transformant en vitrine artistique, ni au curé, qui pense peut-être attirer les foules de fidèles en cédant à des formes esthétiques sans contenu spirituel. Car à force de vouloir plaire à tout prix, on finit par vider les lieux saints de leur âme.On s’interroge. Qui décide que ce type d’exposition trouve sa place dans une église ? Qui juge pertinent de suspendre des voiles d’images à la place des bannières liturgiques ? Est-ce vraiment la mission de l’Église de devenir un centre d’expérimentation artistique ? Ou bien s’agit-il d’un nouveau pas vers l’effacement progressif de la finalité propre de ces lieux ?
Objectivement, le contraste ne peut échapper. L’église, avec ses peintures réalisées à la main par l’abbé Emal, porte la marque d’un héritage liturgique et spirituel profond. Y juxtaposer des voiles imprimés et des photos de mains crée un décalage évident et déroutant.
À force de vouloir séduire le monde, ne risque-t-on pas d’oublier Celui pour qui ces églises ont été bâties ? Une chose est sûre, les mains étaient bien là, mais elles n’étaient pas jointes.