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« Des pierres vivantes » pour l’ermitage de La Cordelle

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Le site est marqué par un événement majeur de l’histoire chrétienne : le 31 mars 1146, saint Bernard y prêcha la Deuxième Croisade devant le roi Louis VII, la reine Aliénor d’Aquitaine et une foule si nombreuse que l’estrade faillit s’effondrer

L’ermitage de La Cordelle, situé à mi-pente de la colline éternelle de Vézelay, constitue l’un des lieux emblématiques de la présence franciscaine en France. Fondé en 1217 par les premiers compagnons de François d’Assise, il demeure aujourd’hui habité par trois frères qui vivent ici la sobriété joyeuse caractéristique de leur tradition : une fraternité accueillante, la prière silencieuse et un lien étroit entre la vie intérieure et la Création. Le chantier engagé depuis 2024 a pour objectif de redonner à cet espace spirituel huit fois centenaire des conditions d’accueil dignes, un cadre cohérent, et une configuration adaptée à ceux qui viennent chercher silence, paix et sens.Situé sur le flanc nord, à l’extérieur des remparts de Vézelay, le lieu-dit « La Cordelle » était à l’origine un petit ermitage dédié à saint Fiacre. On y accède par un sentier partant de la basilique Sainte-Marie-Madeleine ou par la route d’Asquins.

Le site est marqué par un événement majeur de l’histoire chrétienne : le 31 mars 1146, saint Bernard y prêcha la Deuxième Croisade devant le roi Louis VII, la reine Aliénor d’Aquitaine et une foule si nombreuse que l’estrade faillit s’effondrer

Pour conserver la mémoire de ce moment, les bénédictins construisirent entre 1146 et 1170 la chapelle Sainte-Croix, édifice roman surélevé par la suite, parent architectural direct de l’avant-nef de la basilique. Classée monument historique en 1953, cette chapelle demeure le cœur spirituel de l’ermitage.À partir de 1217, sous la conduite de Frère Pacifique, les Franciscains prirent possession de l’ermitage après un passage par les léproseries voisines. Leur mission, centrée sur la prédication et la pénitence, trouvait un terrain idéal dans ce lieu de passage fréquenté par les pèlerins de Compostelle. Bénéficiant du soutien du pape Grégoire IX et de la protection des comtes de Chastellux, ils purent reconstruire le couvent et y accueillir jusqu’à 25 frères. Saint Louis visita plusieurs fois le site, notamment en 1248 et en 1267, y venant prier avant ses départs pour la croisade. Le couvent fut ravagé par les incendies du XIVᵉ et du XVe siècle, puis par les Guerres de Religion. À la Révolution, les bâtiments furent démantelés, les pierres réemployées, et la chapelle servit un temps de grange. Ce n’est qu’en 1824 que la famille de Chastellux récupéra la propriété pour en préserver ce qu’il restait.

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Après les grands rassemblements spirituels du premier XXᵉ siècle, notamment le pèlerinage de la Paix de 1946, les Franciscains revinrent de manière permanente en 1949. Ils y renouèrent avec la « règle des ermitages » de François d’Assise, qui invite les frères à vivre à trois ou quatre dans un équilibre entre contemplation et service fraternel. Depuis lors, l’ermitage abrite une communauté soucieuse de sobriété, de prière silencieuse, de vie fraternelle et de soin de la Création, notamment à travers le jardin. La Cordelle est aussi un point de départ vers Saint-Jacques-de-Compostelle et marque le début du chemin d’Assise.

Aujourd’hui, il subsiste la chapelle Sainte-Croix, une partie du portail de l’ancienne église conventuelle, deux caves voûtées du XVIIᵉ siècle et des bâtiments modestes des années 1950 servant aux frères. Devant la fréquentation croissante, les frères et la Province franciscaine de France-Belgique ont décidé en 2024 de repenser l’ensemble du site pour lui redonner une cohérence adaptée à sa mission spirituelle. Le projet se déploie en trois zones : la chapelle, ouverte jour et nuit à la prière ; la porterie, nouvel espace d’accueil pour les visiteurs ; et l’enclos, où se trouvent les lieux de vie des frères et les cellules destinées aux retraitants.Les travaux ont débuté par des fouilles archéologiques menées à l’été 2024 par l’Inrap, révélant de nouveaux éléments de l’ancien couvent. La construction de la porterie, première étape visible du chantier, est désormais achevée et permet de maintenir un accueil simple tout en préservant la tranquillité de l’ermitage. Une nouvelle phase s’ouvre : la rénovation complète des sept cellules existantes et la création d’une huitième chambre accessible à tous. Ces espaces, aujourd’hui vétustes et non isolés, ne répondent plus ni aux besoins des frères ni à ceux des retraitants. Les travaux visent à améliorer les conditions de vie tout en respectant la sobriété franciscaine.

Le coût de cette étape est estimé à 600 000 euros. Grâce à la Fondation des Monastères et à plusieurs bienfaiteurs, la moitié de la somme a déjà été réunie. Il reste 210 000 euros à collecter pour que l’achèvement soit possible au printemps 2026. Chaque contribution, même modeste, est présentée comme une manière de devenir une « pierre vivante », participant à la transmission d’un lieu où se vit depuis huit siècles une manière simple et fraternelle d’annoncer l’Évangile.L’ermitage de La Cordelle, lieu discret mais porteur d’une forte dimension spirituelle, continue ainsi d’être l’un des témoins les plus vivants de la tradition franciscaine. Le chantier engagé n’a d’autre but que de permettre à ce site de demeurer un espace de prière, de paix intérieure et d’accueil humble pour les générations présentes et futures, fidèle à l’appel de l’apôtre Pierre à entrer, ensemble, dans la construction d’une demeure spirituelle.

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