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Diaconat féminin : ces voix désenchantées qui hurlent contre l’Église

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Malgré le non de Rome, malgré la position justifiée et documentée de l’Église, certains essayent encore de forcer la main et de passer en force, motivées par la seule idéologie égalitariste

Dans un article récent de La Croix, on peut lire une tribune de Monique Baujard, théologienne, de ce genre d’intellectuels que La Croix a le secret d’inviter pour déconstruire peu à peu la doctrine chrétienne. Le ton est assuré, l’analyse tranchée, l’Église catholique est présentée comme « dans une impasse » pour avoir refusé l’ordination diaconale des femmes. Et l’argument majeur avancé est la nomination, à Cantorbéry, de Sarah Mullally, première femme à occuper cette charge, désormais exhibée comme le signe que Rome devrait évoluer. Le sous-entendu est clair, si l’anglicanisme nomme une femme archevêque, c’est que l’heure serait venue pour l’Église catholique de faire de même, au moins au niveau du diaconat.

Pourtant, à peine cette nomination célébrée, les conséquences sont apparues catastrophiques;. Loin d’un consensus joyeux, une crise se déploie sous les yeux de tous. Le 16 octobre 2025, une large coalition d’évêques anglicans, représentant des millions de fidèles en Afrique et en Asie, proclame qu’elle ne reconnaît plus l’autorité de Cantorbéry. Le schisme est consommé. Voilà le résultat concret de ces réformes que certains prétendent présenter comme modèles.

Ceux qui, en France, réclament l’ordination des femmes, citent l’anglicanisme comme une expérience réussie, ils oublient simplement de regarder le prix payé par cette expérience.

Ces évêques ne sont pas des marginaux ni des nostalgiques. Ils dénoncent une dérive doctrinale ancienne, bénédictions d’unions homosexuelles, affaiblissement de l’autorité des Écritures, révision de l’enseignement moral. La nomination de Sarah Mullally, favorable à ces évolutions, est le signal trop fort pour ceux qui demeurent attachés à la Tradition du Magistère de l’Eglise , bref à la Vérité. Il ne s’agit pas de refuser une femme par misogynie, mais de refuser une théologie nouvelle qui contredit l’enseignement apostolique. Là où l’on promettait l’unité par l’ouverture, ces réformes produisent la division.La scène anglicane est, à elle seule, une mise en garde. Depuis trente ans, l’ordination féminine et les bénédictions d’unions homosexuelles ont accompagné un effondrement spectaculaire de la pratique religieuse, une crise d’identité doctrinale et, désormais, une rupture formelle entre parties entières de la Communion. Ce que l’on appelle ouverture n’a pas produit la vitalité annoncée. Elle a produit une fracture. Une nouvelle Communion anglicane mondiale se forme, fidèle à la Bible, rejetant Cantorbéry et refusant toute bénédiction de ce que Dieu nomme péché. Les évêques qui s’en séparent affirment qu’ils ne sont pas ceux qui quittent, mais ceux qui restent fidèles.

Pendant ce temps, en France, certains martèlent que Rome serait en retard figé dans l’immobilisme Mais ce que l’on appelle retard est, en réalité obéissance à la Parole et volonté de conserver l’unité de l’Eglise

L’Église catholique ne se gouverne pas par imitation, elle se gouverne par fidélité. Elle ne décide pas en fonction de résultats sociologiques, mais en fonction de la vérité reçue. Il ne s’agit pas de se figer par peur, mais de demeurer pour ne pas perdre ce qui a été confié. On peut hurler contre l’Église, mais ce n’est pas l’Église qui se désagrège lorsqu’elle reste fidèle à la Tradition, c’est la foi qui se perd lorsqu’on la dissout dans les attentes passagères.Cette continuité n’est pas un immobilisme, elle est la respiration même de la Tradition.

Le magistère n’a pas affirmé le statu quo par prudence sociologique, mais par obéissance théologique

Le sacerdoce, dans l’Église, n’est pas un pouvoir à distribuer équitablement, mais un signe sacramentel qui manifeste l’amour sponsal du Christ pour son Épouse.

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Ce symbole n’est pas contingent ni décoratif, il est constitutif, et vouloir l’effacer pour satisfaire une logique d’égalité sociale revient à dissiper le mystère, car on ne réinvente pas un sacrement comme on réorganise une institution.Lorsque l’on parle de place des femmes, la théologie ne se réfugie pas dans des clichés, elle contemple d’abord Marie. Aucune femme n’a été ordonnée dans l’histoire du salut, mais aucune créature humaine n’a été élevée plus haut. La fécondité mariale, qui engendre spirituellement le Christ en nous, précède toute fonction.

Il ne s’agit pas d’un argument sentimental, c’est l’axe même de l’ecclésiologie catholique, car la grandeur, dans l’Évangile, ne passe jamais par la revendication d’un rang, elle passe par une fécondité de charité.

Là où l’on pense résoudre une crise en modifiant les structures, on manque le cœur du problème. La raréfaction des vocations, la désaffection pour la messe dominicale et la difficulté à transmettre la foi ne proviennent pas d’un déficit de fonctions féminines, mais d’un déficit de vie spirituelle. On peut multiplier les expérimentations communautaires, si le cœur ne revient pas à l’essentiel, c’est-à-dire l’adoration, la confession, l’exigence morale et la fidélité doctrinale, le reste ne portera pas de fruit. L’histoire récente le montre, car là où la liturgie est célébrée avec vérité, là où l’enseignement catholique est transmis intégralement, les vocations renaissent. Ce n’est pas l’ingénierie pastorale qui convertit les âmes, mais la sainteté.Les besoins concrets de nos paroisses rurales invitent certes à la créativité, mais cette créativité ne peut pas contredire la nature sacramentelle de l’Église. On peut encourager davantage de célébrations de la Parole, former des laïcs, confier des missions de catéchèse, de charité et d’évangélisation, et les femmes y excellent depuis toujours. Il n’est pas nécessaire de franchir une frontière théologique pour les reconnaître, car l’Église possède encore des ressources immenses à déployer dans ce domaine, sans dénaturer ce qui ne dépend pas d’elle.

Parler d’impasse est une erreur de perspective. Il n’y a impasse que lorsque l’on considère l’Église comme une institution humaine confrontée à un problème pratique, mais si l’on se souvient qu’elle est d’abord un mystère surnaturel, l’horizon change. Le Christ n’a pas laissé son Épouse sans ressources, et là où l’obéissance se fait humble, des chemins nouveaux s’ouvrent. Les crises actuelles, loin d’appeler une modification des sacrements, appellent une conversion. C’est en replaçant Dieu au centre, et non en remodelant le signe sacramentel, que l’Église retrouvera sa fécondité.

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