Depuis 2000 ans

« Dilexi te » : Léon XIV et une charité à la mesure du cœur de Dieu

Léon XIV dans la chapelle Sixtine - capture
Léon XIV dans la chapelle Sixtine - capture
Le cardinal Czerny a souligné que la pauvreté ne relève pas seulement de l’économie mais de la conscience

Présentée à la Salle de presse du Saint-Siège par les cardinaux Michael Czerny et Konrad Krajewski, le frère Frédéric-Marie Le Méhauté et la petite sœur Clémence, Dilexi te s’inscrit dans la continuité de la doctrine sociale de l’Église. Fidèle à son style direct et pastoral, Léon XIV y rappelle que la pauvreté n’est pas seulement un état matériel, mais un lieu spirituel où Dieu parle à l’homme. La miséricorde, écrit-il, n’est pas une théorie : elle devient réelle dans la rencontre avec celui qui souffre, qui attend, qui espère.

Le cardinal Czerny a souligné que la pauvreté ne relève pas seulement de l’économie mais de la conscience. Léon XIV dénonce ces « structures de péché » qui enferment les sociétés dans l’indifférence et la peur de l’autre. Il ne s’agit pas d’opposer les riches aux pauvres, mais d’appeler à une conversion du cœur qui rende à chacun sa dignité. Dans la droite ligne de Jean-Paul II, le pape met en garde contre l’individualisme moderne, cette tentation de vivre à distance de la souffrance humaine. La première charité, dit-il, est la proximité.Le frère Frédéric-Marie Le Méhauté a insisté sur une phrase qui a marqué de nombreux auditeurs : « Nous nous sentons plus à l’aise sans les pauvres. » Cette confession lucide, loin de toute culpabilisation, éclaire la difficulté spirituelle de notre temps : nous voulons la charité, mais à distance. Léon XIV invite à franchir ce seuil, non pas par militantisme, mais par fidélité au Christ. “Les pauvres, écrit-il, ne sont pas un problème à résoudre, mais des frères et sœurs à accueillir.” Une phrase simple, presque évidente, mais qui redonne à la fraternité chrétienne toute sa profondeur surnaturelle.

La petite sœur Clémence, de la Fraternité des Trois Fontaines, a donné à cette parole un visage concret. Elle a raconté sa vie partagée avec des familles roms en Italie, ces “femmes doublement pauvres” dont la foi et la simplicité évangélisent plus sûrement que bien des discours. Elle a rappelé, avec émotion, cette phrase de Dilexi te : « Le pauvre n’est pas seulement une personne à aider, mais la présence sacramentelle du Seigneur. » C’est dans cette lumière qu’elle a compris, dit-elle, que la pauvreté vécue dans la foi peut devenir un lieu de sainteté silencieuse.

Lire aussi

Dilexi te développe ensuite la triple cohérence entre éducation, Eucharistie et service. L’éducation, “premier acte de justice”, libère des formes d’ignorance qui entretiennent la dépendance. L’Eucharistie, cœur vivant de l’Église, unit ce que le monde sépare. Le service, enfin, rend visible la charité comme amour social incarné. Ces trois piliers, souligne Léon XIV, ne peuvent être dissociés : l’un nourrit l’autre, dans une logique d’unité que seule la foi peut garantir.

Certains observateurs notent cependant que la réflexion sur les pauvres occupe une place de plus en plus centrale dans le discours ecclésial. Dilexi te ne fait pas exception. Mais Léon XIV prend soin d’éviter tout déséquilibre. Il ne parle pas d’une “Église des pauvres” au sens exclusif du terme : l’Église, rappelle-t-il implicitement, est catholique, c’est-à-dire universelle. Elle accueille le riche et le pauvre, non selon leurs moyens, mais selon la droiture de leur cœur. Le danger n’est pas de posséder, mais d’oublier que tout bien vient de Dieu. La pauvreté, si elle ouvre au don, n’est pas une valeur en soi ; elle devient féconde seulement quand elle s’unit à la foi.

Dans sa conclusion, le pape écrit : « L’Église ne met pas de limites à l’amour, elle ne connaît pas d’ennemis à combattre, mais seulement des hommes et des femmes à aimer. » Une phrase qui résume bien l’esprit du texte : une charité sans calcul, enracinée dans la vérité. Elle n’oppose pas les catégories, mais rappelle à chacun la responsabilité du don.

Alors, y a-t-il une Église des pauvres ? Léon XIV répond par les faits : non, il y a l’Église du Christ, faite de pauvres et de riches, d’humbles et de puissants, unis dans le même appel à la sainteté. L’âme d’un riche vaut autant que celle d’un pauvre, car toutes ont été rachetées par le même sang. Mais c’est à travers les pauvres que le Christ nous rappelle le sérieux de notre foi et la réalité de son amour.En ce sens, Dilexi te ne propose pas une nouveauté, mais une purification. Elle ramène la charité à sa source : non pas un programme social, mais une grâce reçue. Et c’est peut-être là le message le plus juste de Léon XIV : rappeler que l’Église, avant d’être “pour les pauvres”, est d’abord pour Dieu, et qu’en Le servant, elle apprend à servir chaque homme selon le regard du Christ.

Lettre du Saint-Père Léon XIV pour accompagner l’envoi de l’Exhortation apostolique Dilexi te au Collège épiscopal, 9 octobre 2025

« Cher frère en Christ,

C’est avec une grande joie que je vous écris, suivant une pratique instaurée par le Pape François il y a plus de dix ans, qui consiste à associer l’ensemble du Collège épiscopal aux moments importants du magistère papal.

Que « Dilexi te » aide l’Église à servir les pauvres et à les conduire vers le Christ.

Fraternellement en Christ »

Source Vatican

Recevez chaque jour notre newsletter !

Lire aussi :

RESTEZ CONNECTÉS !

Suivez l’actualité quotidienne des chrétiens en France et dans le monde

Rejoignez nos 60 000 abonnés : inscrivez ci-dessous votre adresse mail et recevez notre newsletter tous les jours, c’est gratuit !