À une semaine de Pâques, l’Église célèbre le dimanche des Rameaux, un jour solennel qui ouvre la Semaine sainte. Cette fête commémore l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, acclamé comme Messie par la foule. Mais derrière les hosannas se profile déjà l’ombre de la Passion.
Chaque année, le dimanche précédant Pâques, les catholiques se rassemblent avec des rameaux d’olivier, de buis ou de palmier, selon les régions, pour revivre l’entrée du Christ à Jérusalem. L’Évangile proclame ce moment unique où « une foule nombreuse étendait ses manteaux sur le chemin, tandis que d’autres coupaient des branches aux arbres » (cf. Mt 21, 8), criant : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Mt 21, 9).
Mais dès la messe commencée, la tonalité change. Après cette ouverture joyeuse, l’Église lit le récit complet de la Passion, cette année selon saint Marc (année liturgique B). Cette juxtaposition entre triomphe et souffrance souligne le paradoxe chrétien : la vraie royauté du Christ se révèle non par la puissance, mais par l’humilité et la croix.La fête des Rameaux est attestée dès le IVe siècle. L’un des premiers témoignages écrits vient du célèbre Itinéraire d’Égérie, une pèlerine espagnole qui décrit, vers 381, la liturgie solennelle de Jérusalem : la foule se rendait en procession sur les lieux mêmes de l’entrée de Jésus, avec des chants et des branches à la main.
Aujourd’hui encore, cette tradition perdure dans toute l’Église. En France, de nombreuses paroisses organisent une procession avant la messe, parfois à l’extérieur de l’église, avec des chants comme « Hosanna au plus haut des cieux » ou « Christ est roi ». Les rameaux bénis sont ensuite conservés dans les maisons comme un signe de bénédiction.
Benoît XVI rappelait que ce jour « n’est pas seulement une reconstitution historique », mais un appel : « Accueillons Jésus dans nos cœurs et apprenons à le suivre jusqu’à la croix ». (Homélie du dimanche des Rameaux, 1er avril 2007). La liturgie des Rameaux nous demande de choisir : allons-nous être de ceux qui acclament le Christ aujourd’hui, mais qui le renient demain ?Saint Bernard de Clairvaux l’exprimait ainsi : « Apprends à porter les rameaux avec humilité, car celui qui entre à Jérusalem, ce n’est pas un roi selon le monde, mais le Roi des cœurs, doux et humble. »
Les rameaux bénis sont plus que de simples objets rituels. Ils représentent notre attachement au Christ. Comme le rappelle le Catéchisme de l’Église catholique, « les sacramentaux préparent les hommes à recevoir le fruit des sacrements » (CEC n° 1677). Le rameau bénit est un sacramental, un signe qui nous dispose à la grâce.
C’est aussi un appel à la paix. À travers les siècles, l’olivier et le buis ont symbolisé la paix intérieure et la fidélité. Conserver un rameau bénit chez soi, c’est proclamer que Jésus est le Seigneur de notre maison, et que sa croix est notre espérance.La fête des Rameaux est le seuil de la Semaine sainte. Elle nous place devant le mystère du Christ souffrant, mort et ressuscité. Elle est un appel à ne pas fuir la Croix, mais à l’embrasser avec foi, à la suite de Jésus.