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ÉDITORIAL : Crèche de Noël, il ne devrait pas y avoir de débat

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Ce n’est pas manquer de respect aux citoyens de confession musulmane que de leur expliquer notre histoire, ce n’est pas leur manquer de respect que de leur montrer la vraie joie de Noël, ce n’est pas leur manquer de respect que de les inviter à contempler le vrai sens de la Nativité

Par Philippe Marie

À l’approche de Noël, la France se retrouve une fois de plus égarée dans une querelle artificielle, savoir si une crèche peut, oui ou non, être installée dans l’espace public. Cette controverse, répétitive, stérile, lassante, n’existe que parce qu’une certaine conception de la laïcité, amputée de son sens, réduite à une arme politique, cherche à étouffer ce qui, pourtant, a façonné notre pays en profondeur, l’héritage chrétien. Il n’y a pas de débat parce qu’il n’y a pas de contradiction possible entre une crèche de Noël et la laïcité. La seule contradiction, la seule faute véritable, serait de renier ce que nous sommes.

Car il faut avoir le courage de le dire, si Noël est devenu une fête commerciale, aseptisée, diluée dans une succession de promotions, de lutins en plastique et de « fêtes de fin d’année », c’est bien parce que nous avons consenti à une lente dérive spirituelle à un véritable reniement religieux

Nous avons laissé la vérité se dissoudre dans l’oubli, jusqu’à transformer l’événement fondateur de la Nativité en une simple parenthèse festive interchangeable, au même titre qu’Halloween ou la Saint-Valentin. Une société qui ne sait plus nommer ce qu’elle célèbre finit toujours par célébrer du vide.La crèche n’est pas un décor. La crèche n’est pas un folklore régional. La crèche n’est pas une animation municipale destinée à attirer des touristes distraits. La crèche est une représentation religieuse précise, la naissance du Christ à Bethléem, au cœur d’une étable, sous le regard stupéfait de Marie, de Joseph et des bergers. Elle rappelle, dans une humilité bouleversante, l’incarnation de Dieu dans l’histoire humaine. Elle porte un sens théologique clair, transmis depuis saint François d’Assise qui, en 1223, réalisa la première crèche vivante à Greccio pour faire contempler à tous le mystère de Noël.

Cette vérité religieuse n’est pas un danger. Elle n’est pas une menace. Elle n’est pas une provocation. Elle est un fait de civilisation. Dire que la France est un pays façonné par le christianisme ne relève ni d’un programme politique ni d’une option philosophique, mais d’une simple évidence historique. Et l’histoire, qu’on le veuille ou non, ne se renie pas. Ceux qui tentent de l’effacer finissent toujours rattrapés par elle.

Pendant des décennies, des crèches ont été installées dans mairies, écoles, places publiques, halls de gare, préfectures. Pendant des décennies, aucune communauté juive, aucune communauté musulmane, aucune minorité religieuse n’y a vu une offense. Aucun incident, aucun outrage, aucune destruction. Ce n’est pas la crèche qui pose problème, c’est bien la crainte contemporaine, la peur paralysante, omniprésente, ambiguë, qui impose aujourd’hui le silence là où hier s’exprimait la paix.

Et il faut le dire clairement, ce n’est pas manquer de respect aux citoyens de confession musulmane que de leur expliquer notre histoire, ce n’est pas leur manquer de respect que de leur montrer la vraie joie de Noël, ce n’est pas leur manquer de respect que de les inviter à contempler ce que fut, ce que demeure réellement la Nativité. On ne blesse jamais quelqu’un en lui partageant ce que l’on est, on le blesse en lui cachant ce que l’on devient. Et il revient à l’Église de France d’assumer pleinement ce rôle pédagogique, d’encourager ses évêques à expliquer, sans crainte et sans arrogance, non pour convertir de force qui que ce soit, mais pour que l’héritage chrétien de ce pays soit respecté et que Noël soit célébré dignement, avec la profondeur et la vérité de son sens premier.

Crèche de la Nativité à Naples ( Il presepe di Natale a Napoli )

Nous ne sommes plus gouvernés par la prudence, mais par la crainte et ce toutes tendances politiques confondues. Et quand une nation commence à avoir peur de ses propres symboles, alors elle cesse de transmettre ce qu’elle est. Aucun maire, aucun élu, aucun responsable public ne devrait avoir honte d’installer une crèche dans l’espace communal. Ce n’est pas un acte de guerre culturelle, encore moins une provocation identitaire, c’est un acte de vérité. C’est la reconnaissance paisible de ce que Noël signifie réellement et de ce que la France a été, et demeure encore profondément, malgré les vents contraires.

Il faut rappeler avec fermeté que l’identité et l’héritage chrétien d’un peuple ne relèvent pas de l’identitaire politique, et que le piège sémantique qui consiste à confondre l’un avec l’autre n’a qu’un objectif, disqualifier une identité légitime en la faisant passer pour une posture militante, afin que la peur d’être taxé d’“identitaire” interdise d’assumer ce que l’on est réellementLa laïcité n’est pas une doctrine de l’effacement, elle est au contraire le cadre juridique qui permet à la nation de vivre son histoire sans imposer une foi commune. Autoriser les crèches ne trahit pas la laïcité, cela lui rend son sens, celui d’une neutralité qui n’efface pas les traditions, d’une liberté qui ne craint pas la mémoire, d’une intelligence politique qui reconnaît la primauté culturelle du christianisme non par militantisme, mais par fidélité à la vérité historique.

Si nous ne nous respectons plus nous-mêmes, comment espérer être respectés par ceux qui souhaitent notre effacement ? Une société qui ne défend pas ses héritages se condamne à devenir un espace vide, où rien ne fait lien, où rien ne subsiste, où rien ne rassemble. Il est temps de sortir de cette peur suicidaire, il est temps de cesser de s’excuser d’exister, il est temps d’assumer que la crèche n’est pas un débat. Elle est un symbole, elle est un rappel, elle est une lumière.

Et la lumière ne s’éteint jamais tant qu’il reste quelqu’un pour la défendre.

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