Alors que l’Église universelle est rassemblée dans la prière après les funérailles de François, une évidence s’impose : l’élection du Souverain Pontife ne doit jamais être confondue avec une élection présidentielle. Elle est, avant tout, un acte spirituel profond, un abandon confiant à l’action du Saint-Esprit.
À chaque conclave, les spéculations s’intensifient. Mais rappelons-nous que l’Esprit Saint agit toujours au-delà des calculs humains. L’élection inattendue de Karol Wojtyła en 1978 en est un témoignage lumineux : personne ne prévoyait l’émergence de ce cardinal venu de l’Est, et pourtant Jean-Paul II allait profondément marquer l’Église et le monde par sa sainteté et son courage.
Aujourd’hui, 135 cardinaux électeurs s’apprêtent à se réunir. Parmi eux, plusieurs noms sont avancés. Le cardinal Pietro Parolin, diplomate habile et discret ; le cardinal Matteo Zuppi, populaire en Italie mais dont les prises de position inclusives divisent ; Pierbattista Pizzaballa, patriarche de Jérusalem et homme de dialogue ; Luis Antonio Tagle, surnommé le « François asiatique », apprécié mais parfois perçu comme doctrinalement moins ferme.Il convient également de citer le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, souvent présenté comme le « préféré » de François pour lui succéder. Il incarne une volonté de redéfinir un nouveau paradigme ecclésial, marqué par l’ouverture, le dialogue interreligieux et la pastorale de proximité. Mais ce projet soulève des questions sur la capacité de maintenir la cohérence doctrinale de l’Église dans un monde marqué par une profonde confusion spirituelle.
Face à ces profils, le cardinal Robert Sarah représente un autre visage de l’Église : celui de la fidélité à la tradition, du silence habité et de la force intérieure. Sa stature spirituelle est immense, mais son élection semble peu probable dans un collège cardinalice en grande partie nommé par François.À l’opposé, certaines figures plus progressistes, proches des idées du père Timothy Radcliffe, interrogent par leur approche parfois relativiste de la doctrine catholique. L’avenir de l’Église ne saurait s’édifier sur un compromis flou, mais bien sur la fidélité au Christ et à la vérité de son Évangile.
Le prochain pape devra rassembler toute l’Église, respecter toutes ses sensibilités légitimes et ne pas accentuer les fractures nées de certains choix récents. Un pape proche des pauvres et sensible aux blessures du monde doit être également un défenseur ferme et lumineux de la foi.
En dépit de la popularité mondiale de François, une cristallisation des tensions internes s’est formée. L’option préférentielle pour les pauvres, cœur vibrant de son ministère, n’a pas toujours été accompagnée d’une affirmation doctrinale forte, laissant des ambiguïtés sur des points essentiels de la foi. Le recours fréquent aux synodes a parfois favorisé une dynamique d’incertitude, fracturant une partie de l’Église.
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Il est à noter que le contraste avec les funérailles sobres de Benoît XVI fut saisissant. Certainement le dernier grand docteur de l’Église contemporaine, Benoît XVI n’avait pas suscité de manifestations spectaculaires, mais avait laissé au monde l’exemple d’une foi profonde, enracinée dans une théologie lumineuse. Son héritage rappelle que l’Église ne vit pas d’applaudissements ni d’émotions passagères, mais de la vérité éternelle qu’elle est appelée à annoncer.
En cette heure grave, il est urgent de se recueillir et de prier. Prier pour que l’Église reçoive un successeur de Pierre fidèle au Christ, capable de porter au monde la lumière, la beauté et la puissance de l’Évangile.Enfin, gardons en mémoire ce que nous enseigne l’Écriture : « L’Esprit souffle où il veut » (Jean 3,8). Il est donc fort possible que le futur pape ne se trouve dans aucune des listes dressées par les meilleurs journalistes vaticanistes. C’est à l’Esprit Saint, et à lui seul, que revient la conduite de l’Église vers son avenir.