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[ Editorial ] La trop douce et tardive indignation de l’Église de France face à l’euthanasie

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Alors qu’une première partie de la loi sur l’« aide à mourir » a été adoptée, l’Église de France semble paralysée par la crainte de heurter

Par Philippe Marie

Il est temps aussi d’appliquer la loi de l’Église : les responsables politiques catholiques ayant voté cette loi doivent être excommuniés.Le 17 mai 2025 restera une date noire dans l’histoire de notre pays. L’Assemblée nationale a voté, par 75 voix contre 41, l’introduction d’un prétendu « droit à l’aide à mourir ». En clair : la légalisation de l’euthanasie. Derrière les mots soigneusement choisis – dignité, liberté, compassion – se cache une réalité effroyable : l’État français autorise désormais que l’on donne la mort au lieu de soulager, qu’on élimine les plus fragiles au lieu de les accompagner.

Et pourtant, que propose aujourd’hui l’Église catholique de France ? Une affiche. Un site Internet. Une invitation à « comprendre la proposition de loi et agir ». Mais il ne s’agit plus de comprendre. Il s’agit de dénoncer. Il s’agit de condamner. Il s’agit de résister, et il est peut-être déjà trop tard… Où étiez-vous, prélats de France, quand, à longueur de colonnes, vous vous êtes indignés contre les abus dans l’Église, mais vous murmurez aujourd’hui contre les offenses faites à la vie ?

Cette peur de s’indigner est un drame. Cette volonté de dialoguer avec le pouvoir tout en se reniant est pathétique. Et cette disparition progressive du témoignage clair et public est un désastre spirituel. Quand on ne témoigne plus de la vérité, on finit par l’abandonner.

L’heure n’est plus aux réflexions pédagogiques. L’heure est à l’action. C’est maintenant, et pas demain, que l’Église doit faire entendre sa voix. L’heure est venue d’un sursaut collectif, d’un soulèvement pacifique mais puissant. Il faut que tous les catholiques de France – prêtres, fidèles, mouvements, familles, paroisses – se rassemblent pour une immense manifestation nationale. Non pas pour défendre une opinion, mais pour proclamer une vérité : la vie est sacrée, et on ne tue pas au nom de la loi.

La doctrine de l’Église ne laisse aucun doute : tout soutien formel et conscient à une législation gravement immorale comme l’euthanasie constitue une rupture avec la communion ecclésiale. Le canon 915 du Code de droit canonique stipule que ceux qui persistent dans un péché grave manifeste ne doivent pas être admis à la sainte communion.Alors comment peut-on tolérer que des députés et ministres, qui se disent catholiques, votent ou soutiennent une telle loi sans conséquence canonique ? Il ne s’agit pas de vengeance, mais de vérité et de charité. Car laisser ces responsables dans l’illusion qu’ils peuvent communier au Corps du Christ tout en votant la mort, c’est les exposer à un jugement plus sévère.

La question devient criante : comment François Bayrou peut-il aujourd’hui être le Premier ministre d’un gouvernement qui porte ce projet de loi ? Peut-on prétendre vivre en chrétien et gouverner au nom d’un État qui légifère contre la vie ? Comment peut-on encore se présenter à la communion, la main sur le cœur, quand d’autres mains, à la suite de nos décisions, tiendront des produits létaux ?

Ce double discours est une offense à la vérité. C’est une confusion terrible pour les fidèles. Et c’est une responsabilité grave pour les évêques de France, qui ne peuvent plus se taire.

La loi n’est pas encore votée dans sa totalité. Le 27 mai, le texte sera soumis au vote final. Il est encore temps d’agir. Mais pas avec des brochures ou des webinaires. Il faut une mobilisation dans les rues, une grande manifestation nationale, organisée sans attendre, par tous les catholiques de France, unis, debout, priant, proclamant hautement le caractère sacré de toute vie humaine.

Ce ne serait pas un geste politique au sens partisan, ce serait un acte prophétique. Un sursaut de foi. Une intercession publique en faveur de la vérité.Si nous ne parlons pas maintenant, les pierres crieront à notre place. Et demain, il sera trop tard.

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