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EDITORIAL : Les jeunes sauront-ils faire ces « choix radicaux et porteurs de sens » ?

Un million de jeunes à Tor Vergata - DR
Un million de jeunes à Tor Vergata - DR
« Un homme est grand quand il est à genoux devant son Créateur »

Par Philippe Marie

Un million de jeunes. Un million d’âmes en quête de lumière. Un million de cœurs rassemblés à Tor Vergata, sous un soleil d’août implacable, mais avec un feu intérieur plus brûlant encore : celui du désir de donner un sens à leur vie et de rencontrer le Christ vivant.Le Jubilé des jeunes a été un succès éclatant. Non pas un succès de communication, de mise en scène ou d’émotion passagère, mais un témoignage vibrant de cette Église que certains disaient moribonde, et que l’on a vue se lever, chantante, priante, recueillie dans le silence de l’adoration eucharistique. Oui, l’Église vit, parce que ses jeunes cherchent Dieu.

Ce n’était pas simplement une foule. Ce n’était pas une masse indistincte de jeunes galvanisés par un événement de plus. C’était un peuple en marche, conscient que la vie ne peut se construire sur le sable mouvant du relativisme. À Tor Vergata, un million de jeunes ont levé les yeux vers le ciel, non pas pour fuir la réalité, mais pour y puiser la force de l’affronter. Dans un monde qui leur offre des ersatz de bonheur et des identités fragmentées, ils ont cherché un nom, un visage et La Vérité et la Vie.Ce qui a frappé, dans les paroles du pape Léon, c’est son ton calme, ferme et sans fard. Il n’a pas parlé de rêves vagues ni de tolérance molle. Il a parlé de choix radicaux et porteurs de sens. Des choix qui engagent toute la vie : le mariage, le sacerdoce, la vie consacrée. Des choix qui ne sont pas à la mode mais qui, seuls, peuvent fonder une existence solide et féconde. Et ce mot, radical, n’est pas lancé à la légère : il tire son sens du mot racine, et la racine du chrétien, Léon l’a rappelé, c’est le roc, le Christ. Il a dit : « Pour être libres, il faut partir du fondement stable, de la roche qui soutient nos pas. »

Mais pour marcher sur ce roc, il faut accepter de s’abaisser. Comme l’a rappelé le cardinal Sarah lors de son passage au sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray : « Un homme est grand quand il est à genoux devant son Créateur. »

L’humilité est la clef. L’humilité qui pousse à se taire devant le Saint-Sacrement. L’humilité qui fait entrer dans l’oraison et dans la confession régulière. L’humilité qui fait du jeune un homme ou une femme prêt à servir, à donner sa vie, à aimer selon l’exemple du Christ.

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La pastorale si chère au feu pape François, tournée vers les périphéries et soucieuse d’accueil, a eu le mérite d’ouvrir des portes. Mais après l’élan, vient le temps de l’approfondissement. Après l’enthousiasme, vient le moment du choix. Après le cri, le silence. C’est là, dans ce silence, que Dieu parle. Ce n’est pas un hasard si le moment le plus fort de la veillée jubilaire a été l’adoration eucharistique : un million de jeunes à genoux. Silence assourdissant.Ce silence n’est pas un vide. C’est une plénitude. Celle de jeunes qui découvrent que la vraie liberté n’est pas de tout essayer, mais de se donner entièrement, sans retour.

La vraie question désormais est là : ces jeunes sauront-ils revenir à cette source ? Auront-ils le courage de rester fidèles à cet appel radical ? L’Église pourra-t-elle les accompagner non pas avec des slogans ou des événements bruyants, mais avec des prêtres qui prient et qui adorent, des familles qui transmettent, des jeunes qui témoignent au quotidien ? Ce Jubilé aura été plus qu’un événement : il aura été un appel. Non à s’agiter, mais à s’agenouiller. Non à suivre la mode, mais à suivre le Christ.Il appartient maintenant à ces jeunes, et à l’Église toute entière, de prendre au sérieux ce que le pape Léon XIV a semé par ses paroles.Car le monde n’a pas besoin de chrétiens tièdes, ni de témoins mous. Il a besoin de saints.Et la sainteté commence toujours… à genoux.

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