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ÉGLISE D’AFRIQUE : Le pape Léon XIV crée un nouveau diocèse au Mozambique

Monseigneur António Manuel Bogaio Constantino et à droite l'église São Mateus Apóstolo
Monseigneur António Manuel Bogaio Constantino et à droite l'église São Mateus Apóstolo
L'Église catholique fait face à des tensions croissantes, notamment autour de la défense de ses droits et de sa liberté d’action au service des populations

Ce mardi 23 décembre 2025, le Saint-Siège a annoncé la création d’un nouveau diocèse au Mozambique,cette décision pontificale s’inscrit dans la continuité de l’organisation territoriale de l’Église catholique dans ce pays d’Afrique australe, où les réalités pastorales exigent une adaptation régulière des structures ecclésiastiques.Le siège du diocèse est fixé dans la ville de Caia. L’église paroissiale dédiée à São Mateus Apóstolo est élevée au rang de cathédrale. Le territoire du nouveau diocèse couvre douze districts civils, s’étend sur plus de 54 000 kilomètres carrés et compte environ 1,6 million d’habitants, dont un peu plus de 153 000 catholiques répartis dans seize paroisses.

Le Saint-Père a également nommé comme premier évêque de Caia Monseigneur António Manuel Bogaio Constantino, membre des Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus.

Jusqu’à présent évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Beira, il devient le premier pasteur de cette nouvelle Église particulière. Né à Beira en 1969 et ordonné prêtre en 2001, il a exercé de nombreuses responsabilités pastorales au Mozambique, notamment comme curé, responsable diocésain de la catéchèse, supérieur provincial de son institut religieux et président de la Conférence des religieux du Mozambique. Il avait été ordonné évêque auxiliaire en février 2023.À l’occasion de la solennité du Christ-Roi célébrée le 23 novembre 2025 à Beira, l’évêque auxiliaire avait lancé un appel appuyé aux jeunes catholiques du Mozambique, les exhortant à s’engager résolument en faveur de la dignité humaine. Invitant à une « espérance active et transformatrice », il les appelait à rejeter « la corruption, le mensonge, la manipulation et toutes les formes de mépris de la vie humaine », martelant : « Dites non au mépris de la vie. Faites tout pour protéger la vie. » Soulignant que la foi chrétienne ne peut rester abstraite, il insistait alors sur la nécessité d’une cohérence morale concrète, affirmant que les jeunes sont appelés à devenir une « force d’espoir actif dans l’Église et la nation », capable de résister aux facilités et de témoigner du Christ dans la société.

Rappelons que la décision du Saint Siége s’inscrit dans la longue histoire de l’Église catholique au Mozambique, présente dans le pays depuis le début du XVIᵉ siècle.

Après des périodes de recul liées aux politiques anticléricales et aux bouleversements politiques, l’Église a connu, au XXᵉ siècle, une croissance significative et une structuration progressive de ses diocèses. Aujourd’hui l’Eglise catholique représente environ 4,3 millions de fidèles, soit près de 23 % de la population et joue un rôle central dans les domaines spirituel, éducatif et social, notamment auprès des populations les plus pauvres.

L’Eglise du Mozambique dispose d’une organisation structurée, avec douze diocèses, dont trois archidiocèses, Beira, Maputo et Nampula, ce qui témoigne d’un maillage territorial dense de l’Église catholique. Dans ce cadre, les chiffres publiés par le Vatican apportent un éclairage précis sur les réalités pastorales locales. Le nouveau diocèse couvre une population de 1 603 063 habitants, parmi lesquels 153 149 catholiques, répartis dans seize paroisses. Il est desservi par quinze prêtres diocésains et huit prêtres religieux, avec l’appui de dix-sept religieuses, tandis que dix-huit séminaristes se préparent au sacerdoce. Ces données montrent que les catholiques représentent un peu moins de 10 % de la population dans cette zone, et que l’érection du diocèse de Caia répond à une réalité pastorale exigeante, marquée par l’étendue du territoire et la dispersion des communautés, appelant une présence ecclésiale plus proche et mieux structurée.

Ces derniers mois, l’Église catholique a publiquement dénoncé des atteintes graves à ses droits de propriété dans le nord du pays.

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Dans l’archidiocèse de Nampula, des terres appartenant à l’Église ont été occupées illégalement par des particuliers qui y ont construit des habitations, touchant notamment des parcelles liées à une congrégation religieuse féminine, à des séminaires et à une paroisse. Lors de ces occupations, des biens ont été détruits, des terres agricoles vandalisées et des membres du clergé ont fait état de menaces et d’intimidations.

Malgré le dépôt de plaintes et une décision judiciaire ordonnant la restitution provisoire des terrains à l’Église, la situation demeure bloquée, les autorités locales n’étant pas parvenues à faire appliquer la décision de justice. Des responsables ecclésiastiques ont publiquement exprimé leur inquiétude face à cette inaction, soulignant que ces atteintes portent préjudice à une population déjà fragile et compromettent l’action pastorale et sociale de l’Église.Plusieurs observateurs locaux ont relevé que ces occupations se sont intensifiées dans un climat social tendu, marqué par des contestations politiques récentes. Certains fidèles y voient une possible réaction à la parole critique de responsables ecclésiastiques sur la situation du pays, l’Église continuant à rappeler son attachement à la justice, au respect du droit et à la défense des plus pauvres.

C’est dans ce contexte à la fois de croissance institutionnelle et de pressions concrètes que s’inscrit la création du diocèse de Caia. En renforçant la proximité pastorale par une nouvelle organisation territoriale, le Saint-Siège entend soutenir une Église locale appelée à poursuivre sa mission d’évangélisation et de service, malgré les obstacles et les tensions auxquels elle demeure confrontée.

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