Des spécialistes de la question ont souligné lors d’un colloque au Sénat que les édifices religieux ne devraient pas être exclusivement dédiés au culte, alors que certains d’entre eux risquent de disparaître faute de ressources suffisantes. Lors de cette réunion, organisée par l’institut Pèlerin du patrimoine, il a été souligné que les églises françaises doivent envisager de nouvelles utilisations au-delà du cadre religieux, étant donné que de 2500 à 5000 d’entre elles pourraient être détruites d’ici 2030.
Expositions, concerts, théâtre, éducation, tourisme, actions caritatives…
« Il devient urgent d’ouvrir nos églises », a plaidé le sénateur Pierre Ouzoulias, auteur d’un rapport sur l’avenir du patrimoine religieux. Selon Édouard de Lamaze, président de l’Observatoire du patrimoine religieux (OPR), chaque année, faute de moyens et d’initiatives locales, un nombre significatif d’édifices religieux sont désacralisés et vendus, puis transformés en hôtels ou en bâtiments à usage commercial. Bien que cette pratique soit courante dans les pays anglo-saxons et du nord de l’Europe, elle reste encore marginale en France.
En plus du financement nécessaire pour l’entretien et la restauration des églises, chapelles, couvents, synagogues et temples protestants en activité, il est essentiel que les collectivités locales, les diocèses, les paroisses et les acteurs locaux s’impliquent pour les faire vivre en collaboration avec la population. Pierre Ouzoulias a estimé qu’il s’agissait d’une « décentralisation de facto, irrémédiable ».
Pour cela, il est crucial de réaliser un recensement précis du patrimoine religieux non protégé, qui représente environ les deux tiers de ce patrimoine, ont souligné plusieurs experts.
Sur les quelque 40 000 édifices religieux communaux recensés aujourd’hui, de 2500 à 5000 églises sont menacées de destruction d’ici 2030 si aucune action n’est entreprise, a précisé Samuel Lieven, directeur de la rédaction du magazine Pèlerin. « Environ 1137 édifices sont en péril, soit environ 150 par région, et entre 4000 et 5000 sont en état de souffrance (incendies, fissures dans les murs et les sols, mérule, un champignon invasif…) », a ajouté le représentant de l’OPR.
Ces églises sont souvent fermées pour des raisons de sécurité et restent inutilisées en raison du manque de prêtres et de certaines idées préconçues, qu’il est nécessaire de remettre en question, telles que l’idée qu’elles ne peuvent pas servir à d’autres usages que le culte et que les municipalités manquent de ressources financières.