Le funeste projet de loi sur l’euthanasie progresse sans réelle mobilisation coordonnée de l’épiscopat. En effet Monseigneur Rey s’est exprimé dans Le Journal du Dimanche (JDD) pour rappeler qu’il faut « aimer jusqu’au bout « , de son coté le cardinal Bustillo a publié une vidéo depuis Rome pour réaffirmer son opposition à l’euthanasie, tandis que Monseigneur Rougé s’est brièvement exprimé au micro d’un de ses médias préférés, dans un ton plus mesuré.Malgré cela et la récente timide prise de parole de l’ancien président de la CEF, Monseigneur de Moulin-Beaufort… on n’a pas assisté à une vague d’indignation, à un cri qui aurait dû être celui de tout catholique conscient du caractère sacré de la vie.
Dans le même temps, le président Emmanuel Macron vient d’adresser un signal fort aux promoteurs d’une « spiritualité laïque ». Le 5 mai 2025, pour la première fois sous la Ve République, un chef de l’État s’est rendu au siège de la Grande Loge de France. Il y a invité les francs-maçons à être les « vigies » de la laïcité. Emmanuel Macron a défendu le projet de loi sur « l’aide active à mourir », félicitant les francs-maçons de leur ambition de « faire de l’homme le libre acteur de sa vie, de la naissance à la mort ». Non sans opposer subtilement l’héritage catholique et l’idéal républicain, il a qualifié la France « laïque » de « fille naturelle de la République », en écho inversé à l’ancienne « fille aînée de l’Église ».
En revanche, c’est bien une action coordonnée, combinée et parfaitement organisée qui semble se déployer contre les fidèles attachés au rite tridentin. Pour la plus grande joie de certains fidèles catholiques progressistes qui, déjà, ont la nostalgie de « l’ère du pape François » et jugent le nouveau souverain pontife Léon XIV « traditionaliste » (cf. sondage La Croix paru ce lundi 19 mai).
Face à ce drame qui se joue dans l’enceinte de notre Assemblée nationale, et à cette violence verbale relayée jusque dans certains cercles ecclésiaux, Tribune Chrétienne a voulu comprendre cette véritable persécution qui ne dit pas son com. Sans être traditionnaliste, nous affirmons que l’unité de l’Église ne pourra se faire sans nos frères fidèles à la tradition. C’est dans cet esprit que nous avons mené l’enquête et dressé l’inventaire des différentes étapes qui laissent à penser qu’une véritable stratégie d’éradication des fidèles traditionnalistes est en marche. La preuve en six points.
Premier épisode : des rumeurs visant le pèlerinage de Chartres
Le pèlerinage de Pentecôte de Chartres est le grand rassemblement annuel des fidèles attachés à la liturgie tridentine. D’après une enquête de La Croix du 4 décembre 2024 [2], le dicastère romain pour le culte divin dirigé par le cardinal Arthur Roche juge que les organisateurs du pèlerinage « ne respectent pas les normes » en vigueur pour la messe ancienne.
L’édition du pèlerinage 2025 prévue du 7 au 9 juin serait ainsi « dans le viseur » de ce dicastère. La messe de clôture célébrée chaque année dans la cathédrale de Chartres serait considérée comme une « zone de non-droit » liturgique, au point qu’une interdiction pure et simple de cette célébration est « évoquée ». Trois ans après le Motu Proprio Traditionis Custodes du pape François (juillet 2021), l’article parle d’interrogations concernant cette « situation […] anormale » et d’une volonté de faire appliquer les restrictions tout en veillant à « ne pas créer de crise ». Les organisateurs du pèlerinage de Chartres ont démenti les informations de cet article en communiquant sur le fait que la messe de clôture serait bien célébrée dans la cathédrale de Chartres le lundi de Pentecôte, avec une homélie de l’évêque de Chartres, Mgr Christory.
Deuxième épisode : clergé « sous surveillance » et fidèles méprisés dans le diocèse de Tours
Le 26 février 2025, dans un entretien avec Mgr Jordy, archevêque de Tours, publié dans La nouvelle république et intitulé « Messes en latin sous surveillance »,[3]le ton a changé, le contenu devenant lourd d’approximations, d’inexactitudes et de menaces voilées, bref tout sauf apaisant.Etrangement, Mgr Jordy attribue, dans cet échange, l’attachement des fidèles à la messe traditionnelle et aux enseignements doctrinaux qui l’accompagnent à la crise du Covid-19, évoquant « une forme d’inquiétude des gens, de refuge dans l’entre-soi » et « une manière de manifester contre l’État », sans considération pour des motivations authentiquement religieuses.
Il ajoute par ailleurs une menace d’exclusion à l’égard du clergé assurant la célébration des messes dans l’ancien rite : « Mon prédécesseur avait fait appel à la Fraternité Saint-Pierre (FSSP). Je nomme le prêtre mais je peux aussi le remercier comme cela s’est fait à Dijon ou Grenoble. » Une telle déclaration semble montrer le peu de cas que fait l’archevêque des fidèles bénéficiant de l’accompagnement des prêtres de cette fraternité.L’archevêque semble finalement être plus obsédé par la surveillance que par le bien qui se fait dans le lieu de culte réservé à la liturgie traditionnelle : « Les homélies ne sont pas contrôlées mais j’ai des retours. Je suis très attentif. ”
Troisième épisode : une attaque en règle du pèlerinage de Chartres
Le 25 mars 2025, c’est au tour de Mgr Éric de Moulins-Beaufort de s’exprimer dans Le Pèlerin [4]. L’archevêque de Reims y dresse le bilan de son mandat à la Présidence des Évêques de France et présente les chantiers qui attendent son successeur. Au menu : le scandale des abus, les relations entre l’Eglise et l’Etat, le renouveau spirituel représenté par le nombre des catéchumènes adultes se préparant au baptême et, de manière totalement inattendue, le défi que représente à ses yeux la vitalité du pèlerinage de Chartres.
Interrogé sur le succès croissant du pèlerinage auprès des jeunes et sur l’échec apparent des évêques à promouvoir l’unité liturgique, Mgr de Moulins-Beaufort ne mâche pas ses mots. Selon lui, ce pèlerinage « joue sur une ambiguïté ». « Au départ, les participants venaient y chercher […] la forme prétendument traditionnelle du rite romain », concède-t-il, « mais aujourd’hui, beaucoup [de jeunes] sont en quête d’une ambiance, d’un moment d’exception durant lequel ils peuvent s’affirmer comme catholiques, Français, avec des drapeaux, des bannières… ». Dans le registre lexical employé (« prétendument traditionnelle », « ambiance », « drapeaux », « bannières »), les catholiques attachés à la messe traditionnelle sont réduits à des amoureux du folklore sans quête spirituelle.
L’Ex-président de la CEF n’hésite pas à mettre en cause la démarche même des organisateurs de Chartres : ceux-ci se « durcissent » dans une compréhension de la Tradition qui « finit par être fausse », accuse-t-il. Pour l’épiscopat, l’enjeu est donc de « faire comprendre clairement aux plus jeunes ce qu’est la Tradition de l’Église ». Et l’archevêque de Reims de se risquer à cette définition :
« [La Tradition], avant tout, [c’est] l’acte du Christ qui se transmet, qui se donne lui-même. Ce n’est pas la perpétuation de coutumes, de moeurs, ce n’est pas la tradition des aïeux, mais la Tradition de Jésus qui se livre sur la croix et dans l’Eucharistie ». Ou comment opposer transmission de la Foi et… Foi. Avec son commentaire sur l’essor des catéchumènes : « Nous devenons une Église catéchuménale, après avoir été une Église de la transmission familiale. », on se demande quelle place l’évêque laisse aux familles qui continuent à transmettre la Foi et l’enseignement de l’Eglise envers et contre tout.
On se demande également comment l’insinuation d’une opposition entre ces deux “Églises” peut contribuer à renforcer l’unité, dans la bouche d’un prélat qui dix ans plus tôt, prononçait lui-même le mot d’envoi du pèlerinage de Chartres dans la cathédrale Notre-Dame de Paris alors qu’il était évêque auxiliaire de la capitale ?
Mgr de Moulins-Beaufort pousse même l’analyse sur le terrain politico-historique : il déplore « une ambiguïté politique » chez certains fidèles, rappelant que « le Christ n’a pas fondé l’Église catholique pour créer des États catholiques, ni même une société catholique », mais pour que l’Église « porte l’Évangile » comme ferment de « liberté spirituelle » dans le monde, semblant faire peu de cas de la question du règne social du Christ. L’archevêque méconnaîtrait-il la doctrine sociale de l’Eglise ou l’esprit et la lettre de l’encyclique Rerum Novarum de Léon XIII, chère au nouveau Pontife ?
En filigrane, le message est clair : les tenants du rite tridentin sont de vulgaires obsédés par les « coutumes » d’antan, tentés par le repli sur soi, en décalage avec la conception actuelle de la tradition et avec la mission contemporaine de l’Église. Avec cet article, la stratégie de communication de l’épiscopat français semble être entrée dans une logique d’affirmation : il faut valoriser le renouveau actuel (catéchumènes, JMJ) et isoler simultanément les fidèles se nourrissant du rite tridentin en les délégitimant théologiquement (la Tradition réduite à du formalisme) et sociologiquement (le procès politique qui leur est fait).
Quatrième épisode : On connaît enfin l’auteur des rumeurs visant le pèlerinage de Chartres
Une lettre interne datée du 6 mai 2025 , émanant de Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours et vice-président de la CEF, que Tribune Chrétienne s’est procurée [ TEXTE INTEGRAL en Fin d’article ] , a été envoyée à tous les évêques de France. Étrangement diffusée la veille de l’ouverture du conclave, elle relaie des instructions du cardinal Roche au sujet du pèlerinage de Chartres datées du 8 avril, et révèle que les rumeurs du mois de décembre 2024 dans La Croix n’étaient pas sans fondement.
Selon cette lettre, c’est à la demande de la Conférence des évêques de France et de l’évêque de Chartres que le Dicastère pour le culte divin s’est saisi de la question. Ce document éclaire ainsi la stratégie d’étouffement progressif des évêques pour réduire l’usage du rite tridentin et amener par la contrainte son troupeau à résipiscence.
Ces directives interrogent sur leur volonté de faire monter une tension progressive : après une phase d’observation dans les mois suivant Traditionis Custodes, puis les premières restrictions locales avec le “remerciement” des prêtres de la Fraternité Saint Pierre des diocèses de Dijon, Grenoble ou Quimper, l’heure est venue de resserrer l’étau sur le principal bastion visible de l‘attachement à la liturgie traditionnelle en France : le pèlerinage de Chartres. La communication épiscopale a construit cette escalade, passant de l’observation à l’« uniformisation forcée ».
Cinquième épisode : la traque tous azimuts des initiatives locales de pèlerinages
Cette attitude de l’épiscopat français ne cible pas que le pèlerinage de Chartres. Elle semble aussi viser les multiples initiatives locales qui fleurissent, témoignant d’un attachement persistant de fidèles à la liturgie d’autrefois. En Provence, le pèlerinage « Nosto Fe » (Notre Foi, en provençal) a connu sa première édition les 5 et 6 octobre 2024 : reliant le sanctuaire de Cotignac à la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, il a rassemblé plus de 2 000 pèlerins pour un parcours enraciné à la fois dans la tradition provençale et la Tradition catholique [5].
Ce succès populaire démontre que l’attrait pour la messe tridentine et pour une spiritualité catholique dépasse le seul cadre du pèlerinage de Chartres. Mais ces paroisses, ces groupes de jeunes et ces mouvements locaux pourront-ils continuer à vivre leur foi selon la forme extraordinaire si la politique actuelle se durcit encore ?
Selon les informations de Tribune Chrétienne, Monseigneur Thouvet, successeur à l’évêché de Toulon de Monseigneur Rey, qui avait encouragé la première édition de Nosto Fe, cherche par tous les moyens à imposer son autorité pour y supprimer la liturgie traditionnelle.
Plus récemment, le pèlerinage organisé au Mont Saint Michel lors du pont du 8 mai s’est vu formellement refuser la possibilité de célébrer la messe tridentine, alors même qu’y étaient présents au moins deux prêtres qui célèbrent habituellement ce rite : Dom Pateau, père abbé de Fontgombault et le père Jean-Baptiste Golfier, chanoine de l’abbaye de Lagrasse. La messe a été célébrée selon le rite de Paul VI en latin par des prêtres de la communauté Saint Martin, comme si l’usage du latin était destiné à faire passer la pilule avant d’en faire totalement disparaître la pratique.
D’autres pèlerinages annoncés sur les réseaux sociaux souhaitant faire usage de la liturgie traditionnelle seront-ils tout simplement interdits ? C’est en tout cas le sort réservé au pèlerinage Via Lucis prévu les 4 et 5 octobre prochain entre Vienne et Lyon, et que les organisateurs ont dû annuler à la suite d’interdiction de Monseigneur de Germay, archevêque de Lyon, de célébrer la messe de clôture selon le rite lyonnais traditionnel.
Sixième épisode : une nouvelle persécution pour la Fraternité Saint Pierre
Début mai, au moment où les cardinaux élisaient un nouveau pape, Mgr François Durand, évêque de Valence, a signifié le départ sous quatre mois des prêtres de la Fraternité Saint Pierre desservant le diocèse. Sans même recevoir les fidèles ou être allé à leur rencontre, il a publié le 15 mai 20256 un communiqué de presse annonçant – une nouvelle fois sous couvert de préservation de l’uniformité – l’éviction des prêtres de la Fraternité Saint Pierre de la paroisse Saint Emilien de Valence où ils célébraient la messe tridentine depuis de nombreuses années. Ils sont également exclus de l’enseignement du catéchisme.
L’unité de l’Église de France est-elle vraiment à ce prix ? Cette uniformité quasi prussienne est-elle le prix à payer ? Et en quoi consiste une unité obtenue « à la schlague » ?
La question des conséquences de cette politique se pose d’autant plus que le climat ecclésial mondial a connu un tournant inattendu en ce printemps 2025. Le nouveau pape, Léon XIV, s’appuyant sur l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium de son prédécesseur François, a en effet envoyé des signaux de prise en compte des aspirations des fidèles, indiquant les grandes lignes de son programme dont notamment la croissance dans la collégialité et la synodalité, l’attention au sensus fidei (le bon sens du peuple catholique), en particulier dans ses formes les plus authentiques et les plus inclusives, comme la piété populaire.
Le Saint Père a par ailleurs montré également une ouverture certaine au pluralisme liturgique – du moins envers les autres rites catholiques, le 14 mai 2025, lors d’une audience jubilaire accordée aux fidèles des Églises orientales catholiques. A cette occasion le souverain pontife a longuement insisté sur la nécessité de préserver la richesse des traditions liturgiques orientales au sein de l’Église, « y compris dans les pays d’émigration » de ces communautés.[1] Autrement dit, loin de chercher à uniformiser ces rites multiséculaires, le pape venu d’outre-Atlantique a célébré la diversité liturgique comme un trésor à conserver. Un tel discours, centré sur la conciliation de l’unité catholique avec la pluralité des expressions cultuelles, ne peut qu’interpeller lorsqu’on le met en perspective avec la situation française.
Dans ce contexte, l’acharnement à vouloir éradiquer le petit monde des fidèles attachés à la messe tridentine en France apparaît à la fois comme un choix dont on peine à mesurer la pertinence compte tenu des autres urgences pastorales, et comme un pari très risqué pour l’épiscopat. Certes, les évêques de France affirment agir pour préserver l’unité de l’Église – une liturgie unique étant à leurs yeux un facteur essentiel de communion ecclésiale.
Mais cette vision de l’unité ne risque-t-elle pas d’être totalement desservie par un sentiment croissant de marginalisation et d’injustice, alimenté par ces mêmes évêques et subi par les fidèles attachés à l’ancienne liturgie sous les yeux d’une jeune génération, qui veut « plus de fermeté doctrinale, plus de sacré à la messe et qu’on leur donne enfin les moyens d’être fiers de leur foi et de pouvoir le dire dans la société », selon l’analyse argumentée [7] de Frère Paul-Adrien ?
La tendance des jeunes catholiques semble en totale opposition avec cet “enfouissement” dont témoigne la grande timidité de l’épiscopat dans les combats sociétaux du moment. On peut se demander jusqu’à quel point il ne s’agit pas d’une obsession d’évêques craignant pour leur image plus que pour le salut des âmes de leurs ouailles. Jusqu’où la hiérarchie catholique est-elle prête à aller pour « en finir » avec les « tradis »?
L’Église pourra-t-elle rester unie si une partie non négligeable de ses membres se retrouve exclue ou simplement maintenue à l’écart ? Plus largement, dans un monde en quête de repères spirituels, l’Église de France a-t-elle intérêt à rétrécir ainsi sa propre diversité interne ?
Dans une Église de France qui se réjouit à juste titre des nombreux baptêmes de Pâques, voyant en celà un début d’enrayage de son déclin, à quoi bon un tel acharnement contre des communautés florissantes, dynamiques, souvent engagées dans le tissu associatif confessionnel, et aussi – ne l’oublions pas, souvent très généreuse aux quêtes dominicales ?
Plus encore, alors que l’unité semble être au centre des préoccupations, on peut se demander si ces mesures extrêmes font l’objet d’un réel consensus parmi les évêques de France, ou si elles reflètent davantage le désir des plus hostiles d’imposer leur vision, poussant à la rupture tant que leur temps n’est pas totalement révolu ?
Sources : Lettre de Mgr Vincent Jordy (6 mai 2025) ; La Croix (4 déc. 2024) ; Pèlerin (mai 2025) ; Déclaration d’Emmanuel Macron (GLDF, 5 mai 2025) ; Audience du pape Léon XIV (14 mai 2025).
[1]fr.aleteia.org https://fr.aleteia.org/2025/05/06/macron-felicite-les-francs-macons-de-vouloir-faire-de-lhomme-le-libre-acteur-de-sa-vie-de-la-naissance-a-la-mort
[ 2] https://www.la-croix.com/religion/les-messes-en-latin-du-pelerinage-de-chartres-sous-surveillance-du-vatican-
[5] nd-chretiente.com – https://www.nd-chretiente.com/pelerinage-nosto-fe/
[6] https://stemilien-valence.cef.fr/diocese-de-valence-et-fraternite-sacerdotale-saint-pierre/
7 FIERTÉ et FOI : ce que veulent les (jeunes) chrétiens
INTEGRALITE DE LA LETTRE SIGNEE PAR MONSEIGNEUR JORDY ET MONSEIGNEUR LEBRUN
Paris, le mardi 6 mai 2025
Chers frères évêques,
Faisant suite à des questions posées par l’évêque de Chartres et certains autres évêques à propos du pèlerinage de Chrétienté, le Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements a transmis à la présidence de la Conférence des évêques de France, par une lettre du cardinal Roche datée du 8 avril dernier, les informations suivantes qu’il souhaite que les évêques fassent connaître :
1/ Seulement l’évêque diocésain, en tant que modérateur, promoteur et gardien de toute la vie liturgique dans l’Église particulière qui lui est confiée, a l’autorité nécessaire pour réglementer les célébrations liturgiques dans son propre diocèse (cf. Christus Dominus 15). Il est très important que tous sachent que seul l’évêque diocésain a cette autorité. Par conséquent, il est de sa compétence exclusive d’autoriser l’utilisation du Missale Romanum de 1962 dans son diocèse, en suivant les indications du Siège apostolique¹.
Une organisation, laïque ou ecclésiale, peut certainement convoquer et organiser un pèlerinage, mais n’a aucune autorité en ce qui regarde la liturgie.
De même, les prêtres de la FSSP, selon le Décret particulier qui leur a été donné, savent qu’ils doivent obtenir le consentement des évêques des différents diocèses où ils se trouvent, pour utiliser les livres liturgiques antérieurs à la réforme lorsqu’ils célèbrent les sacrements en dehors de leurs maisons.
2/ Comme la faculté de célébrer en utilisant le Missel romain de 1962 accordée par l’évêque diocésain ne vaut que pour le territoire de son diocèse, il appartient à l’évêque de chaque diocèse qui sera traversé par le Pèlerinage de Chartres, de donner la faculté de célébrer la messe avec le Missale Romanum de 1962 sur le territoire de son diocèse aux prêtres qui ont été ordonnés avant le 16 juillet 2021, date de publication du Motu Proprio Traditionis Custodes ; pour ceux qui ont été ordonnés après cette date, l’évêque doit demander la licence au Siège Apostolique².
3/ Contrairement à ce qui a été demandé par l’organisation du Pèlerinage dans les « Informations pratiques pour les prêtres, religieux, séminaristes et religieuses participant au pèlerinage » à la page 5, durant le pèlerinage tous les prêtres célébreront le sacrement de la Pénitence selon le Rituel réformé par le Concile³.
4/ À tous les prêtres doit être offerte la possibilité réelle de célébrer la Messe selon le Missel romain renouvelé par décret du saint Concile œcuménique Vatican II.
Nous vous invitons à faire écho à ces informations selon les moyens que vous trouverez opportuns.
Mgr Lebrun et moi-même restons à votre disposition pour toutes informations complémentaires.
Mgr Vincent Jordy
Archevêque de Tours
Mgr Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen
Notes :
- François, Lettre apostolique Traditionis Custodes sur l’utilisation des livres liturgiques antérieurs à la réforme du Concile Vatican II, n. 2.
- Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements – Responsa ad dubia sur certaines dispositions de la Lettre apostolique en forme de Motu Proprio Traditionis Custodes du Souverain Pontife François, article 5.
- Ibid., articles 1 et 8.