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Entre le cardinal Zuppi et le Pape Léon XIV, deux lectures opposées du message de Noël ?

Pape Léon XIV  - cardinal Zuppi
Pape Léon XIV - cardinal Zuppi
Tandis que le cardinal Zuppi évoque la fête de la Nativité sans jamais nommer Jésus-Christ, le Pape Léon XIV ne cesse de répéter que le message de Noël ne peut être compris qu’à la lumière du Christ incarné

Le cardinal Matteo Zuppi, privilégie depuis longtemps un discours fortement ancré sur les questions sociales et politiques de l’actualité.L’interview de Noël qu’il a récemment accordée au Corriere della Sera en offre une nouvelle illustration, mais elle met surtout en lumière un décalage désormais manifeste avec la ligne actuelle portée par le Pape Léon XIV.Dans cet entretien publié à la veille de la Nativité, le président de la Conférence épiscopale italienne parcourt longuement les grands dossiers de l’actualité. Guerre en Ukraine, équilibres géopolitiques, réarmement européen, politiques migratoires, législation sur la fin de vie, autonomie différenciée des régions, le propos se déploie presque exclusivement sur le terrain du débat politique et institutionnel.

Le vocabulaire employé, les catégories mobilisées et les priorités mises en avant donnent l’impression d’un discours qui pourrait être tenu, sur bien des points, par un responsable politique plutôt que par un pasteur chargé d’annoncer l’Évangile.

Jusqu’ici, cette orientation n’aurait sans doute pas suscité de controverse particulière si elle ne culminait dans un moment précis de l’interview, lorsque la question du sens de Noël est abordée de manière explicite. Interrogé sur ce que Noël peut dire à un non-croyant, le cardinal Zuppi développe une réflexion centrée sur l’humilité, la fragilité de la condition humaine, le refus de la logique de puissance et l’attention portée à chaque personne. Autant d’éléments justes sur le plan humain, mais dont l’absence la plus frappante demeure la non-mention de Jésus-Christ et de l’Incarnation du Verbe. La fête de la Nativité se trouve ainsi ramenée à une lecture essentiellement anthropologique et morale.

C’est précisément cette omission qui interroge. Car si l’Église dialogue avec le monde et s’adresse aussi à ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne, elle le fait traditionnellement en annonçant l’événement qui fonde cette foi. Renoncer à nommer le Christ, même face à un non-croyant, revient à priver le message de Noël de ce qui le distingue radicalement de toute autre célébration humaniste. L’Église ne respecte pas davantage son interlocuteur en se contentant de lui dire ce qu’il peut déjà formuler par lui-même.Cette approche contraste fortement avec celle du Pape Léon XIV, qui, depuis le début de son pontificat, s’emploie à recentrer explicitement la parole ecclésiale sur la personne du Christ. Dans ses homélies, ses discours et ses gestes symboliques, il rappelle que la paix, la dignité humaine et la justice sociale ne prennent tout leur sens qu’à partir de l’Incarnation. La bénédiction des statuettes de l’Enfant Jésus de Bethléem sur la place Saint-Pierre, peu avant Noël, s’inscrit clairement dans cette volonté de remettre au centre Celui dont la naissance est célébrée.

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La différence entre les deux approches apparaît ainsi moins stylistique que théologique. Là où le Pape Léon XIV assume une annonce explicite du Christ, y compris dans un contexte sécularisé, le cardinal Zuppi privilégie un langage neutralisé, pensé pour s’inscrire dans les catégories du débat public contemporain. Une option pastorale qui pose question, surtout lorsqu’elle s’exprime à l’occasion même de Noël.

Plus largement, l’entretien confirme un décalage déjà perceptible sur plusieurs sujets sensibles. Sur la fin de vie, la sécularisation ou le pluralisme démocratique, les positions du cardinal s’inscrivent dans une logique d’accompagnement du cadre culturel dominant, quand le magistère actuel du Pape Léon XIV insiste davantage sur la clarté doctrinale et la responsabilité prophétique de la parole ecclésiale.À l’heure où l’Église célèbre la Nativité du Christ, cette divergence de ton et de contenu soulève une interrogation de fond. Peut-on durablement parler de Noël sans nommer Jésus, alors même que le pontificat actuel s’efforce de rappeler que le christianisme ne repose pas d’abord sur des valeurs, mais sur un événement, Dieu fait homme, venu habiter l’histoire humaine ?

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