Alors que le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez exige désormais un registre national des médecins refusant de pratiquer l’avortement, de nombreux professionnels de santé dénoncent une atteinte sans précédent à la liberté de conscience. Cette dérive idéologique, soutenue par une rhétorique de “progrès” et de “droits reproductifs”, révèle le visage d’une Europe qui semble se soumettre à cette fameuse culture de la mort tant dénoncée par le Vatican, tous papes confondus.
Le Premier ministre Pedro Sánchez a donc ordonné aux régions autonomes de dresser un registre des médecins et soignants qui refusent de pratiquer l’avortement, sous peine de sanctions légales. Dans une lettre adressée aux présidents des régions gouvernées par la droite, Sánchez a menacé “d’activer les mécanismes juridiques appropriés” si ces registres n’étaient pas établis dans un délai de trois mois.Derrière ce langage administratif, se profile une véritable offensive idéologique. Officiellement, le gouvernement prétend vouloir garantir l’accès “universel” à l’interruption volontaire de grossesse dans tous les hôpitaux publics. En réalité, il s’agit d’un moyen de contrôle et de pression sur un corps médical majoritairement opposé à l’avortement.
Dans certaines régions comme La Rioja ou la Castille-et-León, la quasi-totalité des médecins refusent de pratiquer des avortements pour des raisons de conscience. En 2023, cinq des neuf provinces de Castille-et-León n’avaient signalé aucun avortement depuis plus d’une décennie. Cette résistance silencieuse, pour le gouvernement, constitue un obstacle politique. Pour l’Église et les défenseurs de la vie, elle est au contraire un signe d’espérance et de fidélité à la vocation du médecin : soigner, non tuer.
José Antonio Díez, coordinateur général de l’Association nationale pour la défense du droit à l’objection de conscience (ANDOC), a dénoncé ce projet comme anticonstitutionnel :
“Le droit à l’objection de conscience est un droit constitutionnel. Qui peut obliger des citoyens à s’enregistrer sur un fichier que même la Cour constitutionnelle ne requiert pas ? À partir de là, tout n’est que manipulation et intimidation.”
Eva Martín, présidente de l’ANDOC, a ajouté :
“Pourquoi ne pas dresser une liste des médecins qui veulent pratiquer l’avortement ou l’euthanasie ? Ces registres d’objecteurs ne servent qu’à exclure professionnellement ceux qui défendent la vie.”
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Les chiffres confirment pourtant que la politique pro-avortement du gouvernement n’a rien de marginal : plus de 103 000 avortements ont été pratiqués en Espagne en 2023, soit une hausse de près de 5 % par rapport à l’année précédente. Depuis la loi de 2010 du socialiste José Luis Rodríguez Zapatero, l’avortement est libre jusqu’à 14 semaines et autorisé jusqu’à 22 semaines en cas de prétendu risque pour la mère ou de “malformation grave” du fœtus.
Face à cette banalisation du mal, l’avertissement du cardinal Robert Sarah, dans son entretien à Tribune chrétienne le 9 octobre 2025, sonne comme une mise en garde prophétique :« L’inscription de l’avortement dans la Constitution, c’est narguer Dieu, se moquer de Dieu. En tant que pays chrétien, inscrire l’avortement dans la Constitution est une insulte directe à Dieu. » Et de rappeler avec la même fermeté :« Le concile Vatican II a défini l’avortement comme un grand crime, comme un crime abominable. C’est la position officielle de l’Église. »
Ces mots résonnent bien au-delà des frontières espagnoles. Car ce qui se joue aujourd’hui à Madrid touche aussi Paris, Bruxelles et l’ensemble de l’Europe. En France, avoir gravé l’avortement dans la Constitution au nom d’une liberté absolue qui nie la loi naturelle relève de la même idéologie de mort qui s’avance, masquée derrière le langage des droits.Alors que l’Espagne se prépare à ficher ses médecins pour leur fidélité à la conscience, l’Occident chrétien doit entendre l’avertissement du cardinal Sarah : le refus de Dieu et de sa loi conduit toujours à la servitude morale. Les médecins espagnols, eux, refusent de se taire. Leur vocation n’est pas d’ôter la vie, mais de la protéger ,envers et contre tout.