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« Espérer, c’est engendrer » : quand le pape Léon XIV redonne à l’espérance sa force créatrice

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« Sans l’espérance, nous sommes morts ; avec l’espérance, nous venons à la lumière »

À l’approche de Noël, le message du pape Léon XIV lors de l’audience jubilaire du 20 décembre prend une densité particulière. En partant d’une expression familière du temps de l’Avent, « le Seigneur est proche », le Pape opère un renversement théologique décisif. Sans le Christ, cette proximité pourrait être perçue comme une menace. Avec Jésus, elle devient au contraire la révélation d’un Dieu qui ne juge pas d’abord, mais qui engendre.Le cœur de la catéchèse repose sur une affirmation forte : en Jésus, Dieu se révèle comme « un sein de miséricorde ». Le pape Léon XIV reprend ici une intuition biblique ancienne, déjà présente chez les prophètes, pour rappeler que la puissance divine n’est jamais destructrice. Elle est générative. Là où les logiques humaines associent souvent la force à la domination, le Pape affirme que ce qui menace et tue n’est pas une véritable force, mais une déviation marquée par la peur et la violence.

En déclarant que « la force de Dieu fait naître », il propose une lecture profondément chrétienne de l’histoire, personnelle comme collective. La proximité de Noël n’est donc pas celle d’un jugement imminent, mais celle d’une naissance toujours possible.

Dans la continuité de saint Paul, le pape Léon XIV insiste sur la nature même de l’espérance. Elle n’est pas un simple sentiment ni une attente passive. Elle est une vertu théologale, donc une force qui vient de Dieu et qui agit. « Sans l’espérance, nous sommes morts ; avec l’espérance, nous venons à la lumière », rappelle-t-il en citant l’Épître aux Romains. Loin d’un optimisme naïf, l’espérance chrétienne est décrite comme une capacité à engendrer au cœur même de la souffrance. La référence au cri de la création et aux douleurs de l’enfantement donne une profondeur dramatique au propos. Le Pape ne nie pas la gravité des injustices, notamment l’accaparement des richesses par quelques-uns sourds au cri de la terre et des pauvres. Mais il refuse que cette réalité ait le dernier mot. Dans la foi, cette souffrance devient le signe d’un monde en travail, non d’un monde condamné. L’opposition posée par le pape Léon XIV est nette.

Il y a ceux qui volent, et il y a ceux qui engendrent. Cette formule résume une vision morale et spirituelle de l’histoire. L’humanité n’est pas livrée uniquement aux logiques de prédation. Elle est aussi portée par des hommes et des femmes qui, par l’espérance, collaborent à l’œuvre créatrice de Dieu. Cette responsabilité donnée aux croyants est exigeante. Engendrer signifie refuser la résignation, refuser aussi une foi désincarnée. L’espérance authentique se traduit par des actes, par une manière de vivre qui rend possible la vie des autres.

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La dimension mariale de la catéchèse s’inscrit naturellement dans cette logique. Si la prière chrétienne est marquée par Marie, explique le Pape, c’est parce qu’en elle se révèle ce que signifie engendrer avec Dieu. Marie de Nazareth n’est pas une figure lointaine. Elle est « l’une d’entre nous », rendue féconde par Dieu, donnant un visage, un corps et une voix à la Parole. En affirmant que Jésus veut encore naître aujourd’hui, le pape Léon XIV confie aux chrétiens une mission claire : permettre au Christ de prendre chair dans le monde, transformer les cris entendus en espérance incarnée. La création tout entière, rappelle-t-il, attend cet enfantement.

La conclusion ouvre une perspective eschatologique sans fuite hors du monde. Espérer, c’est croire que ce monde peut devenir le monde de Dieu, un lieu de réconciliation entre Dieu, l’humanité et toute la création. La référence à la Jérusalem nouvelle ne renvoie pas à une utopie abstraite, mais à une promesse vers laquelle le croyant marche, accompagné par Marie, « notre espérance ». À la fin du Jubilé, le message est clair. Les célébrations s’achèvent, mais le pèlerinage de l’espérance continue. Pour le pape Léon XIV, l’Église n’est pas appelée à commenter la crise du monde de l’extérieur, mais à engendrer, au cœur même de ce monde, les signes d’une vie nouvelle.

« Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !

Lorsque Noël est proche, nous pouvons dire : le Seigneur est proche ! Sans Jésus, cette affirmation – le Seigneur est proche – pourrait résonner presque comme une menace. En Jésus, au contraire, nous découvrons que, comme l’avaient pressenti les prophètes, Dieu est un sein de miséricorde. L’Enfant Jésus nous révèle que Dieu a des entrailles de miséricorde, par lesquelles Il engendre toujours. En Lui, il n’y a pas de menace, mais le pardon.

Très chers amis, celle d’aujourd’hui est la dernière des audiences jubilares du samedi, lancées en janvier dernier par le pape François. Le Jubilé touche à sa fin, mais l’espérance que cette Année nous a donnée ne s’achève pas : nous demeurerons des pèlerins de l’espérance ! Nous avons entendu saint Paul : « Car c’est en espérance que nous avons été sauvés » (Rm 8,24). Sans l’espérance, nous sommes morts ; avec l’espérance, nous venons à la lumière. L’espérance est génératrice. En effet, elle est une vertu théologale, c’est-à-dire une force de Dieu, et comme telle elle engendre, elle ne tue pas, mais elle fait naître et renaître. Voilà la vraie force. Celle qui menace et qui tue n’est pas une force : c’est de la prépotence, c’est une peur agressive, c’est un mal qui n’engendre rien. La force de Dieu fait naître. C’est pourquoi je voudrais vous dire, pour finir : espérer, c’est engendrer.

Saint Paul écrit aux chrétiens de Rome quelque chose qui nous fait réfléchir : « Nous savons, en effet, que toute la création gémit ensemble et souffre les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce jour » (Rm 8,22). C’est une image très forte. Elle nous aide à écouter et à porter dans la prière le cri de la terre et le cri des pauvres. « Ensemble », toute la création est un cri. Mais beaucoup de puissants n’écoutent pas ce cri : la richesse de la terre est entre les mains de quelques-uns, de très peu, toujours plus concentrée – injustement – entre les mains de ceux qui souvent ne veulent pas entendre le gémissement de la terre et des pauvres. Dieu a destiné les biens de la création à tous, afin que tous y participent. Notre tâche est d’engendrer, non de dépouiller. Et pourtant, dans la foi, la douleur de la terre et des pauvres est celle d’un enfantement. Dieu engendre toujours, Dieu crée encore, et nous pouvons engendrer avec Lui, dans l’espérance. L’histoire est entre les mains de Dieu et de ceux qui espèrent en Lui. Il n’y a pas seulement ceux qui volent, il y a surtout ceux qui engendrent.

Frères et sœurs, si la prière chrétienne est si profondément mariale, c’est parce qu’en Marie de Nazareth nous voyons l’une d’entre nous qui engendre. Dieu l’a rendue féconde et Il est venu à notre rencontre avec ses traits, comme tout enfant ressemble à sa mère. Elle est Mère de Dieu et notre Mère. « Notre espérance », disons-nous dans le Salve Regina. Elle ressemble au Fils et le Fils lui ressemble. Et nous ressemblons à cette Mère qui a donné visage, corps et voix à la Parole de Dieu. Nous lui ressemblons, afin de pouvoir engendrer la Parole de Dieu ici-bas, transformer le cri que nous écoutons en un enfantement. Jésus veut encore naître : nous pouvons Lui donner corps et voix. Voilà l’enfantement que la création attend.

Espérer, c’est engendrer. Espérer, c’est voir que ce monde devient le monde de Dieu : le monde dans lequel Dieu, les êtres humains et toutes les créatures se promènent à nouveau ensemble, dans la cité-jardin, la Jérusalem nouvelle. Marie, notre espérance, accompagne toujours notre pèlerinage de foi et d’espérance. »

Source Vatican

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