Réponse à Anne-Marie Lesage de la Haye dans La Croix
Par Philippe Marie
Non, Madame Lesage de la Haye, l’anthropologie chrétienne n’est pas sexiste. Elle est réaliste, révélée et profondément enracinée dans le mystère du Christ. Ce n’est pas une construction humaine à déconstruire selon les modes culturelles passagères, mais une vérité éternelle que l’Église a reçue du Seigneur lui-même. Et non, l’Église n’a pas à « évoluer » sous la pression des idéologies du monde.
Le sacerdoce est masculin non par mépris des femmes, mais par fidélité au Christ.
Jésus-Christ, Verbe éternel incarné, aurait pu appeler sa Mère, la Vierge Marie, la plus sainte des créatures, à devenir prêtre. Il ne l’a pas fait. Il a choisi douze hommes, non pas par conformisme sociétal, Lui qui n’a cessé de briser les faux codes, en parlant à la Samaritaine ou en pardonnant la femme adultère mais parce qu’il a institué un sacrement et non une fonction sociale.
Le prêtre agit in persona Christi capitis, en la personne du Christ tête de l’Église. Et ce Christ-là, vrai Dieu et vrai homme, s’est incarné dans un corps masculin. Non parce que le masculin serait supérieur au féminin, mais parce que, dans le langage symbolique des sacrements, cette distinction est signifiante. L’Église est Épouse, le Christ en est l’Époux. Le prêtre, image du Christ, prend la place de l’Époux. La femme, dans sa grandeur propre, est image de l’Église, de la fécondité, de la réception et de l’amour sponsal. Ces rôles sont complémentaires, non interchangeables.
Ce que vous nommez « égalité » est en réalité une confusion.
Vous voulez transposer dans l’Église les catégories modernes de pouvoir, de revendication, de rôle social. Vous inversez l’ordre : ce n’est pas à l’Église de se soumettre aux critères du monde, mais au monde de se laisser convertir à l’ordre du Royaume. Ce n’est pas « l’Église qui souffre de l’absence des femmes prêtres », mais certains chrétiens qui souffrent de ne pas comprendre qu’il y a des vocations différentes, et que la hiérarchie ne signifie pas domination mais service.Dire que l’homme et la femme sont créés « de la même chair » ne signifie pas qu’ils soient interchangeables dans leurs fonctions sacrées. Cela signifie qu’ils sont appelés ensemble à la sainteté, à l’amour, à la complémentarité.
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Sainte Thérèse de Lisieux, docteur de l’Église, a bouleversé le monde sans jamais célébrer la messe. Sainte Jeanne d’Arc a sauvé la France sans jamais porter une étole. Sainte Catherine de Sienne a repris un pape sans jamais monter en chaire. Faut-il que le monde ne comprenne plus la grandeur du féminin pour vouloir le rabaisser à une imitation du masculin ?
L’Église ne déchire pas l’humanité, elle la révèle,Ce n’est pas elle qui fracture l’homme et la femme, c’est le péché. L’Église, par sa discipline, manifeste que l’homme et la femme sont deux visages de la même dignité, appelés à des missions distinctes et convergentes. Il n’y a pas de « pseudo-arguments théologiques », il y a un enracinement dans la Tradition, confirmée par le Magistère. Saint Jean-Paul II, dans Ordinatio Sacerdotalis (1994), a tranché : « L’Église n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes. »
Vouloir un sacerdoce féminin n’est pas une quête de justice, c’est une rébellion contre Dieu.Le monde moderne cherche à tordre la main de l’Église en brandissant des accusations de sexisme pour obtenir ce qu’il croit être un « droit ». Mais les sacrements ne sont pas des droits. Ce sont des dons. Et ce don-là est réservé, non par mépris, mais par amour, et parce que Dieu est plus sage que nos raisonnements blessés par la culture contemporaine.
Chacun a sa place, et la grandeur du baptisé ne se mesure pas à l’autel mais à la Croix.
Ce que nous devons redécouvrir, c’est que la sainteté ne dépend pas d’un ministère mais de l’union au Christ. Sainte Thérèse l’a dit mieux que nous tous : « Dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’amour. » Voilà la vraie dignité. Voilà la vraie égalité. Voilà la vraie liberté.