L’État de Washington a officiellement renoncé, le 10 octobre, à appliquer une loi controversée qui aurait contraint les prêtres à dénoncer certains faits entendus au confessionnal. Cet accord, entériné par un jugement fédéral, met fin à la procédure Etienne v. Ferguson, portée par les archevêques Paul D. Etienne (Seattle), Joseph J. Tyson (Yakima) et Thomas A. Daly (Spokane), soutenus par les cabinets WilmerHale, Becket et First Liberty Institute.Le projet de loi SB 5375, signé en mai dernier par le gouverneur démocrate Bob Ferguson, imposait aux prêtres l’obligation de signaler aux autorités tout cas d’abus sur mineur révélé au cours du sacrement de la confession. Prévue pour entrer en vigueur le 27 juillet, la loi menaçait les prêtres refusant de divulguer ces informations de 364 jours de prison, de 5 000 dollars d’amende et de possibles poursuites civiles.
Un juge fédéral avait suspendu la mesure quelques jours avant son entrée en vigueur, jugeant qu’elle violait le Premier Amendement de la Constitution américaine, garantissant la liberté de culte.
L’accord signé début octobre confirme cette décision et interdit désormais à l’État toute ingérence future dans le secret de la confession ou dans toute pratique religieuse comparable.Mark Rienzi, président du cabinet Becket, s’est félicité de la décision : Washington, a-t-il déclaré, a eu la sagesse de renoncer à une loi draconienne et de permettre au clergé catholique de continuer à servir les fidèles.
C’est une victoire pour la liberté religieuse et pour le bon sens : aucun prêtre ne devrait être contraint de choisir entre trahir ses vœux sacrés et aller en prison.
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La Conférence catholique de Washington a rappelé que l’Église n’était pas opposée à l’objectif de protection des mineurs. Elle soutenait le principe de signalement obligatoire en dehors du cadre sacramentel et demandait seulement une exemption limitée pour préserver le secret de la confession. Jean Hill, sa directrice exécutive, a salué l’accord final : prévenir les abus et préserver le sceau de la confession ne sont pas des objectifs contradictoires ; l’État a reconnu qu’il pouvait protéger les enfants sans forcer les prêtres à violer leurs vœux.
L’Église catholique a rappelé que le sceau de la confession, ou secret sacramentel, est un principe essentiel de la foi : tout ce qui est confié dans le sacrement reste scellé par un secret absolu, et tout prêtre qui le viole est automatiquement excommunié. Au fil des siècles, de nombreux prêtres ont été emprisonnés, torturés ou tués pour avoir défendu ce principe.Les diocèses de Seattle, Spokane et Yakima ont également mis en avant les programmes de protection des mineurs et des adultes vulnérables mis en place depuis des années : vérifications d’antécédents, formations obligatoires et signalement systématique de tout soupçon d’abus hors du cadre de la confession.Hiram Sasser, avocat général du First Liberty Institute, a salué un accord exemplaire : il rend hommage au gouverneur, à l’archevêque et aux évêques pour avoir trouvé un terrain d’entente respectant à la fois la dignité humaine et la liberté religieuse.
Cette décision marque la fin d’un affrontement juridique majeur entre État et Église aux États-Unis. Elle réaffirme un principe fondamental : aucun gouvernement ne peut pénétrer dans le secret du confessionnal, lieu où la conscience de l’homme rencontre la miséricorde de Dieu.