Un drame a endeuillé mercredi 1er octobre la communauté chrétienne d’Éthiopie. Dans le district de Minjar Sheknora, au nord du pays, l’échafaudage de fortune d’une église s’est effondré, faisant au moins 30 à 36 victimes et plus de 200 blessés. Le bilan demeure incertain et pourrait s’alourdir, selon les autorités locales et les médias d’État.L’accident est survenu dans la matinée, à l’église Menjar Shenkora Arerti Mariam, alors que des milliers de fidèles participaient à la grande fête annuelle en l’honneur de la Vierge Marie, une célébration orthodoxe très suivie. D’après la police locale, les personnes décédées étaient âgées de 25 à 80 ans. Plusieurs blessés ont été transportés dans les hôpitaux de la région, et les cas les plus graves ont été transférés vers la capitale Addis-Abeba. La Croix-Rouge a été mobilisée pour renforcer les secours face à l’afflux massif de victimes.
« Le nombre de morts a atteint 36 et pourrait encore augmenter », a déclaré le chef de la police locale Ahmed Gebeyehu. L’administrateur du district, Teshale Tilahun, a évoqué une perte tragique pour la communauté, rappelant que d’autres corps pourraient encore être découverts sous les décombres. Un responsable local, Atnafu Abate, a confirmé que des personnes restaient piégées dans les gravats, sans préciser leur nombre.
Des témoins ont rapporté la scène de panique qui a suivi l’effondrement. « Une grande partie de la structure s’est écroulée d’un coup, le bruit du bois qui craquait a été fort et terrifiant », a raconté l’un d’eux à la BBC. Sur les réseaux sociaux, des images montrent des poteaux brisés éparpillés sur le sol de l’église, entourés de fidèles tentant de secourir les blessés.
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Le gouvernement éthiopien a exprimé ses condoléances aux familles des victimes dans un communiqué diffusé par la télévision publique EBC, soulignant que « la sécurité doit être donnée en priorité dans tout projet de construction ». Plusieurs observateurs rappellent que les normes de sécurité sont très peu appliquées dans le pays, où les accidents liés à des effondrements de bâtiments ou d’échafaudages sont fréquents.
Ce drame touche au cœur une nation où le christianisme occupe une place essentielle depuis l’Antiquité. L’empire d’Axoum avait fait du christianisme la religion d’État dès le IVe siècle. Aujourd’hui, l’Église orthodoxe éthiopienne rassemble la majorité de la population et demeure profondément enracinée dans la vie spirituelle et sociale. La fête mariale du 1er octobre réunit chaque année des milliers de pèlerins venus de toute la région.Aux côtés de cette Église majoritaire existe une minorité catholique organisée au sein de l’Église catholique éthiopienne, une Église orientale de rite guèze unie à Rome depuis 1961. Érigée en Église métropolitaine de droit propre avec siège à Addis-Abeba, elle est conduite depuis 1999 par le cardinal Berhaneyesus Demerew Souraphiel. Elle compte environ 270 000 fidèles et conserve une liturgie en langue guèze. Sa présence, issue d’une histoire marquée par des tentatives missionnaires dès le XVIe siècle, a été consolidée au XIXe siècle puis après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, elle contribue activement à l’éducation, aux œuvres de santé et au dialogue œcuménique avec l’Église orthodoxe, dans un pays où le pluralisme religieux demeure sensible.
Le bilan définitif de la catastrophe de Minjar Sheknora reste à établir, mais déjà les responsables politiques et religieux appellent à la solidarité et à la prière. Dans un contexte où la foi structure largement la vie des communautés locales, ce drame suscite une émotion profonde et interroge la nécessité d’améliorer la sécurité des rassemblements religieux.