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Euthanasie : un drame se joue en direct sous nos yeux

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Le principe même d’égalité est ici dévoyé : traiter de manière identique des situations profondément inégales, ce n’est pas la justice, c’est l’abandon

Hier, dans un hémicycle presque indifférent, l’Assemblée nationale a rejeté une série d’amendements fondamentaux qui visaient à exclure explicitement les personnes les plus vulnérables, majeurs protégés et personnes atteintes de déficience intellectuelle ,du champ de l’aide à mourir. Cette décision, lourde de conséquences, marque un tournant dramatique dans la manière dont notre société conçoit la protection due aux plus fragiles.

Les amendements en question ne cherchaient pas à rouvrir un débat idéologique. Ils visaient à rappeler une évidence : l’euthanasie et le suicide assisté supposent, selon les propres termes du projet de loi, l’expression d’une volonté libre, éclairée, stable et répétée. Or, comment garantir ces conditions chez une personne placée sous curatelle, tutelle ou sauvegarde de justice, ou atteinte de troubles cognitifs significatifs ?Un amendement, porté notamment par Mme Blin, proposait de préciser que les bénéficiaires d’une mesure de protection juridique ne peuvent être éligibles à l’aide à mourir. Un autre, déposé par Mme Vidal et Mme Missoffe, affirmait que les personnes atteintes de déficience intellectuelle ne peuvent être considérées comme manifestant une volonté libre et éclairée. Tous ont été rejetés, sans ménagement.

Ce rejet soulève une question éthique centrale : que signifie encore, en droit français, le principe de précaution ? Quand l’Organisation mondiale de la Santé définit la déficience intellectuelle comme une capacité réduite à comprendre des informations nouvelles ou complexes et à évaluer leurs conséquences, comment peut-on croire que ces personnes puissent consentir, en toute lucidité, à leur propre mort ?Les auteurs des amendements ont insisté sur le risque de dérives. En l’absence d’exclusion claire, on ouvre la voie à des décisions prises sous influence, à des consentements arrachés ou mal évalués, à des pressions insidieuses exercées sur des personnes incapables de discernement. Il ne s’agit pas d’une hypothèse lointaine : c’est une réalité documentée dans plusieurs pays ayant légalisé l’euthanasie.

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La Belgique elle-même, souvent citée en modèle par les partisans de cette législation, connaît des cas controversés de personnes atteintes de troubles mentaux ou cognitifs ayant été euthanasiées. Le problème n’est pas marginal, il est structurel : dans une société vieillissante et marquée par la solitude, la frontière entre la demande libre et la suggestion implicite devient de plus en plus floue.

Face à cela, l’Assemblée a choisi de ne rien entendre. Sous prétexte de ne pas discriminer, elle refuse de reconnaître que certaines personnes doivent être davantage protégées. Le principe même d’égalité est ici dévoyé : traiter de manière identique des situations profondément inégales, ce n’est pas la justice, c’est l’abandon.

L’Église, dans ce contexte, ne peut rester silencieuse. Elle doit hurler, dénoncer, alerter. Il ne s’agit plus seulement d’un désaccord moral, mais d’un impératif de conscience. Quand une société commence à administrer la mort à ceux qu’elle juge inaptes à vivre, c’est le fondement même de la dignité humaine qui vacille.Ce drame législatif, qui se déroule aujourd’hui sous nos yeux, appelle à une réaction ferme. L’histoire jugera sévèrement ceux qui, par idéologie ou lâcheté, auront ouvert cette brèche. Il est encore temps d’enrayer ce basculement. Mais cela exige du courage, de la vérité, et la voix de ceux qui refusent que l’euthanasie devienne un droit pour tous, y compris pour ceux qui ne peuvent en comprendre le sens.

Ce n’est pas d’un progrès qu’il s’agit. C’est d’une défaite humaine et morale, une offense faite à Dieu.

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