Refusant toute compromission avec les idéologies modernes, ils proclament la naissance d’une nouvelle Communion fidèle à l’Écriture et à la tradition ecclésiale.C’est donc une nouvelle étape, dramatique mais inévitable, dans l’histoire du monde anglican. Le 16 octobre 2025, plusieurs primats représentant des provinces entières de l’anglicanisme mondial ont déclaré officiellement qu’ils ne reconnaissaient plus l’autorité spirituelle de l’archevêque de Cantorbéry, siège historique de l’unité anglicane. Le motif ? La nomination de Sarah Mullally, première femme à accéder à cette fonction, connue pour ses prises de position en faveur des unions homosexuelles et d’un révisionnisme doctrinal assumé.
Ces évêques ne sont pas de simples figures isolées. Ils représentent des millions de fidèles en Afrique, en Asie, et sur d’autres continents, qui depuis des années assistent avec douleur à la dérive doctrinale de l’Église d’Angleterre. Ce qui n’était encore qu’une fracture larvée ou un malaise chronique s’est aujourd’hui transformé en un schisme officiel.
La division au sein de l’anglicanisme mondial n’est pas nouvelle. Elle remonte aux années 1990, lorsque certaines provinces d’Amérique du Nord et d’Europe ont commencé à bénir des unions homosexuelles, à ordonner des femmes évêques, et à remettre en cause des vérités fondamentales de la foi chrétienne, notamment sur la sexualité, le mariage, l’autorité de la Bible, et la nature du salut.Face à cela, une réponse s’est organisée autour de plusieurs provinces africaines et asiatiques, réunies depuis 2008 dans un mouvement désormais appelé Communion anglicane mondiale, avec pour origine la conférence dite GAFCON (Global Anglican Future Conference). Ces évêques y affirmaient leur fidélité aux fondements bibliques de l’anglicanisme, et appelaient à une réforme profonde, voire à un recentrage doctrinal de la Communion anglicane.
Mais les appels à la repentance n’ont pas été entendus et la nomination de Sarah Mullally a été perçue comme une provocation.
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Non seulement parce qu’elle est une femme (ce que la majorité du monde anglican rejette au nom de l’enseignement apostolique), mais surtout parce qu’elle a publiquement soutenu les bénédictions d’unions homosexuelles, et s’est déclarée favorable à ce que certaines relations de ce type soient « bénies » par l’Église. Elle a voté en faveur de l’introduction de bénédictions de mariages de même sexe dans l’Église d’Angleterre.Pour les évêques fidèles à la Bible, il s’agit là d’une trahison manifeste des promesses faites lors de la consécration épiscopale, qui engage à rejeter toute doctrine étrangère et erronée contraire à la Parole de Dieu. La bénédiction de ce que Dieu appelle péché ne peut être qu’un acte de rupture avec la foi apostolique.
Dans une déclaration officielle publiée ce 16 octobre, les primats réunis autour de l’archevêque Laurent Mbanda (Rwanda) annoncent que l’anglicanisme fidèle se réorganise désormais autour d’un seul fondement : la Parole de Dieu, dans son sens clair, canonique et historique.Ils rejettent les « instruments de communion » traditionnels ,notamment le siège de Cantorbéry, la Conférence de Lambeth, le Conseil consultatif anglican, accusés d’avoir trahi la foi chrétienne. Ils déclarent qu’ils ne participeront plus à aucune instance dirigée par l’archevêque de Cantorbéry, et ne verseront ni ne recevront plus aucun financement de ces structures.
Cette nouvelle Communion, appelée Communion anglicane mondiale, sera désormais dirigée par un Conseil de primats qui élira un président « primus inter pares », à l’image des anciens conciles ecclésiaux.Pour y être admis, chaque diocèse ou province devra adhérer à la Déclaration de Jérusalem (2008), une profession de foi anglicane contemporaine centrée sur l’autorité des Écritures, la fidélité doctrinale, et la mission évangélique.
Ce schisme officiel marque un tournant. Il manifeste que des millions de chrétiens, las d’assister à la déconstruction méthodique de la foi par une partie de leurs responsables, choisissent la fidélité plutôt que la soumission à des structures infidèles. Cette décision courageuse pourrait bien inspirer d’autres mouvements similaires, y compris au sein du monde catholique, où beaucoup s’interrogent face aux ambiguïtés doctrinales croissantes.L’heure n’est plus aux compromis tièdes. L’heure est venue de choisir : suivre l’Évangile dans sa vérité entière, ou se fondre dans les courants idéologiques du monde.Les évêques fidèles de cette nouvelle Communion anglicane se réuniront du 3 au 6 mars 2026 à Abuja, au Nigeria, pour organiser et célébrer cette refondation. Un événement décisif, non seulement pour les anglicans, mais pour toute l’Église chrétienne dans le monde.
Déclaration complète en français de la Communion anglicane mondiale – 16 octobre 2025
« À nos chers frères et sœurs anglicans en Christ,
Que la grâce et la paix soient avec vous au nom de notre Seigneur Jésus‑Christ ressuscité, en ce jour de commémoration du martyr de Hugh Latimer et de Nicholas Ridley.
Le premier rassemblement de la Global Anglican Future Conference (GAFCON) s’est tenu en 2008 à Jérusalem pour répondre dans la prière à l’abandon des Écritures par certains des plus hauts responsables de la Communion anglicane, et pour solliciter leur repentir.
Faute d’un tel repentir, nous avons avancé avec prière vers un avenir pour les Anglicans fidèles, où la Bible est restaurée au cœur de la Communion.
Aujourd’hui, cet avenir est arrivé.
Nos Primats réunis ce jour ont pris acte de notre mandat de réformer la Communion anglicane, tel qu’exprimé dans la Déclaration de Jérusalem de 2008.
Nous avons résolu de réordonner la Communion anglicane comme suit :
- Nous déclarons que la Communion anglicane sera réordonnée, avec pour unique fondement de communion la Sainte Bible, « traduite, lue, prêchée, enseignée et obéie dans son sens clair et canonique, dans le respect de l’interprétation historique et consensuelle de l’Église » (Déclaration de Jérusalem, Art. II) qui reflète l’Article VI des Trente‑neuf Articles de Religion.
- Nous rejetons les prétendus « Instruments de Communion », à savoir l’archevêque de Cantorbéry, la Conférence de Lambeth, le Conseil consultatif anglican (ACC) et la Réunion des Primats, qui n’ont pas soutenu la doctrine et la discipline de la Communion anglicane.
- Nous ne pouvons plus entretenir la communion avec ceux qui défendent l’agenda révisionniste, qui a abandonné la parole inerrante de Dieu comme dernière autorité et renversé la Résolution I.10 de la Conférence de Lambeth de 1998.
- Par conséquent, nous avons réordonné la Communion anglicane en restaurant sa structure d’origine comme une fraternité de provinces autonomes liées par les formulaires de la Réforme, comme le reflète la première Conférence de Lambeth de 1867, et nous sommes désormais la Communion anglicane mondiale.
- Les provinces de la Communion anglicane mondiale ne participeront pas aux réunions convoquées par l’archevêque de Cantorbéry, y compris l’ACC, et ne feront aucune contribution financière à l’ACC, ni n’en recevront.
- Les provinces qui ne l’ont pas encore fait sont encouragées à modifier leurs constitutions pour retirer toute référence à la communion avec le Siège de Cantorbéry et l’Église d’Angleterre.
- Pour devenir membre de la Communion anglicane mondiale, une province ou un diocèse doit adhérer à la Déclaration de Jérusalem de 2008, norme contemporaine de l’identité anglicane.
- Nous formerons un Conseil des Primats de toutes les provinces membres pour élire un Président, en tant que primus inter pares (« premier parmi ses pairs »), pour présider le Conseil alors qu’il continue « à défendre la foi qui a été une fois pour toutes transmise aux saints » (Jude 3).
Comme je l’ai déclaré dans ma déclaration il y a deux semaines, « la remise à zéro de notre bien‑aimée Communion est désormais entre les mains de GAFCON, et nous sommes prêts à prendre la tête ».
Aujourd’hui, GAFCON conduit la Communion anglicane mondiale.
Comme cela a été le cas dès le commencement, nous ne sommes pas partis de la Communion anglicane ; nous sommes la Communion anglicane.
Lors de notre prochaine Conférence des évêques G26 à Abuja, au Nigeria, du 3 au 6 mars 2026, nous délibérerons et célébrerons la Communion anglicane mondiale.
Veuillez prier pour que nous guidions notre Communion dans une soumission de prière à l’Esprit Saint, tandis que nous entendons la voix de Jésus dans ses merveilleuses Écritures, à la gloire de Dieu.
Votre frère en Christ,
✝️ Le Très Révérend Dr Laurent Mbanda
Président du Conseil des Primats de GAFCON
Archevêque et Primat de l’Église anglicane du Rwanda
Jeudi 16 octobre 2025«