Grâce à ce geste de foi et de mémoire, l’un des plus beaux sanctuaires ruraux du diocèse d’Annecy va retrouver toute sa splendeur.C’est une histoire qui réchauffe les cœurs des habitants de Marcellaz-Albanais. Une fidèle, Madame Marie-Pierre Laplace, a offert 500 000 euros à sa commune pour la restauration de l’église Saint-Maurice, construite entre 1842 et 1844 selon les plans de l’architecte diocésain Ignace Monnet et consacrée le 19 octobre 1845. Cette somme considérable va permettre de rénover entièrement l’extérieur et l’intérieur de l’édifice, dont la toiture, la façade, les vitraux, le hall d’entrée, ainsi que les sols, les peintures, l’éclairage et la sonorisation. Les travaux débuteront dans les prochains jours et devraient durer environ quatre mois.
La donatrice, très discrète, a souhaité rester dans l’ombre, précisant simplement que ce geste était pour elle un acte de foi et de fidélité familiale. « Ma famille a toujours été attachée à cette église, j’y ai tant de souvenirs de cérémonies, joyeux ou douloureux. C’est un acte de reconnaissance et d’espérance. Rénover cette église, c’est la garder vivante, comme ces pierres vivantes dont parle l’Évangile », a-t-elle confié.Le maire de Marcellaz-Albanais, Éric Chassagne, se dit profondément touché. « C’est assez incroyable, je n’en reviens toujours pas. Sans cette aide, ces travaux auraient été impossibles à financer. C’est un immense acte de générosité, fait dans la plus grande humilité. » L’adjointe au maire et paroissienne Annie Tissot partage cette émotion : « Cette dame a un grand cœur. Grâce à elle, notre église va retrouver son éclat et continuer à rassembler les habitants. »
Ce geste exceptionnel, qui unit mémoire familiale et foi vivante, va redonner vie à un monument au passé riche et parfois mouvementé. Car l’église Saint-Maurice, au-delà de sa beauté architecturale, raconte à elle seule plus de huit siècles d’histoire religieuse dans cette partie du pays de l’Albanais.
Lire aussi
Une première église fut construite entre les XIe et XIIe siècles. Mentionnée en 1400, elle comportait quatre chapelles dédiées à Saint-Jean-Baptiste, Saint-Sébastien, le Saint-Esprit et Notre-Dame, fondées et entretenues par des familles nobles ou bourgeoises. En 1608, saint François de Sales, alors évêque de Genève, visita la paroisse et, constatant le délabrement du bâtiment, ordonna sa restauration.Une seconde église fut édifiée en 1624 et consacrée l’année suivante. Le clocher, surmontant le porche d’entrée, fut frappé par la foudre en 1739, provoquant la mort tragique du sonneur Étienne Fontaine. Une nouvelle cloche, baptisée Claudine, fut installée en 1769. À partir de 1827, le clocher fut rehaussé, lui donnant son allure actuelle. Une légende locale, appelée le « crâne de Marcellaz », raconte qu’un crâne aurait été scellé dans le mur du clocher, souvenir d’un seigneur condamné pour meurtre, avant d’être volé en 1974.
L’église actuelle, de style néoclassique, fut bâtie entre 1842 et 1844 perpendiculairement à la précédente, dont elle conserva le clocher. Elle fut consacrée le 19 octobre 1845 par Mgr Louis Rendu, évêque d’Annecy, en présence du syndic Aimé Tissot et du curé Aimé Albert Périllat. Le cimetière, autrefois situé autour de l’église, fut déplacé en 1954. En 1921, le monument aux morts de la commune fut inauguré sur la place de l’église, restaurée et piétonnisée en 2014.Aujourd’hui, l’église Saint-Maurice, haute de 28 mètres, demeure l’une des plus grandes églises rurales de l’Albanais. Elle dépend du diocèse d’Annecy et appartient à la paroisse Notre-Dame-de-l’Aumône-en-Albanais.
Le don de Madame Marie-Pierre Laplace marque une nouvelle page de son histoire. Il permettra de préserver un patrimoine religieux et de transmettre un héritage spirituel vivant.« Cette église, c’est le cœur de notre village. Grâce à ce don, elle battra encore longtemps », confie avec émotion le maire Éric Chassagne. Au printemps prochain, lorsque les fidèles franchiront à nouveau les portes rénovées de Saint-Maurice, ils sauront qu’au-delà des pierres restaurées, c’est toute une foi vivante qui aura été relevée.
