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EXCLUSIF « Les tradis sont là et bien là »: Le cri du cœur de Max Guazzini

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Le journal La Croix, qui, après avoir publié la tribune de Grégory Solari, a refusé de publier celle de Max Guazzini, la jugeant trop « polémique »

Max Guazzini, connu du grand public pour avoir dirigé le groupe NRJ de 1982 à 2004, a également marqué le rugby français en présidant le Stade français Paris, qu’il mène à cinq titres de champion de France entre 1998 et 2007. Admiratif du pèlerinage de Chartres, producteur de chants liturgiques, il assume publiquement sa foi catholique et son attachement au grégorien.

L’homme d’affaires dénonce les exclusions liturgiques et l’hostilité idéologique envers la messe traditionnelle.Tout en affirmant son attachement à la diversité des rites dans l’Église, il appelle à la fin du sectarisme. Son témoignage sincère reflète une douleur face à l’incompréhension persistante envers les catholiques attachés à la tradition.

« PÉLÉ DE CHARTRES.

J’ai été interpellé par une tribune publiée dans un quotidien chrétien, tribune sous la plume de Monsieur Grégoire Solari, qui dénigre et se moque de manière sarcastique de l’extraordinaire pèlerinage de Chartres. Alors qu’on devrait se réjouir et applaudir cette marche de 19 000 catholiques, jeunes et très jeunes pour l’essentiel, qui parcourent 100 km en témoignage de leur foi, croix et bannières au vent. Les pèlerins vivent ces moments avec intensité et sont plutôt déconnectés de ces mauvaises querelles.

Mes propos n’engagent que moi, et j’en assume toute la responsabilité.

Le succès dérange dans ce pays et suscite la jalousie des rabat-joie. C’est tellement dommage.Pour ce faire, ce Monsieur va essayer de nuire et de salir ces trois journées de cheminement et de prières, sur des traces médiévales, en alléguant, entre autres, que le missel utilisé par l’organisateur Notre-Dame de Chrétienté n’est pas celui de 1962 du pape saint Jean XXIII, mais une version antérieure, notamment sur les textes concernant le peuple élu. C’est totalement faux. Quelle petitesse ! Quelle volonté maligne. C’est scandaleux, voire diffamatoire.

La diversité est pour moi une richesse dans l’Église où plusieurs liturgies peuvent coexister. Étudiant, il m’arrivait d’aller à la messe à Saint-Julien-le-Pauvre, église catholique parisienne de rite oriental où s’exprime notre universalité. Il y a peu de temps, à Saint-Pierre de Rome, a été célébrée une messe en araméen selon un rite particulier.
Le sectarisme me désole, moi qui ne le suis pas, coutumier de toutes les messes sans exclusive, même si je me sens plus en harmonie avec la messe traditionnelle.

Il est vrai que je suis très attaché au patrimoine musical de l’Église catholique et romaine, et certaines « chansonnettes », comme me l’avait dit un Père Abbé, que l’on entend dans certaines paroisses, me désolent. Or la musique contribue à l’élévation de l’esprit. J’ai d’ailleurs produit, pour mémoire et sauvegarde, plusieurs CD de chants populaires en latin et en français, réunis dans le coffret Les Chants Cathos.

Dans si peu de nos offices on entonne encore, par exemple, le somptueux Veni Creator (IXe siècle) le jour de Pentecôte ou les hymnes à la Vierge en fin de messe ! Heureusement, c’est encore le cas dans la messe traditionnelle. Pourquoi les a-t-on mis à la poubelle ? Pourquoi tant de prêtres et d’évêques ont-ils du coton-tige dans les oreilles ?

De nos jours, seulement 5 % des personnes se disant catholiques sont encore pratiquantes. Si certains, en France, se sentent davantage en phase avec cette messe en latin, où est le problème ? Je ne comprends pas. Pourquoi leur faire la guerre ? Pourquoi des mesquineries, des restrictions ? Rallumer les bûchers de l’Inquisition ? Cela me fait penser au polémiste Boileau et sa Querelle du Lutrin.

Il faut se faire une raison : les tradis sont là et bien là. Il faudra faire avec, même s’ils sont minoritaires. Il y a de la place pour tous dans la maison de Dieu.


Ce pèlerinage partait habituellement de Notre-Dame de Paris jusqu’à l’incendie. Maintenant que la cathédrale est de nouveau ouverte, l’archevêque de Paris a mis son veto à la messe immuable de départ, tôt le matin, au motif qu’il ne voulait pas de messe traditionnelle en ce lieu, alors qu’elle y a été célébrée pendant des siècles. Pourtant, la cathédrale est pour moi la maison sacrée de tous les catholiques, et mettre à la porte tous ces milliers de jeunes enthousiastes devant le parvis, au prétexte que l’église Saint-Sulpice est plus grande, est un prétexte officiel qui ne tient pas la route. On préfère les touristes. Incompréhensible…!

J’ai toujours été très respectueux et attaché à tous les papes, même si je n’ai pas compris certaines décisions. Le nouveau pape Léon XIV est porteur d’une grande espérance. Je forme le vœu que, dans un souci d’unité, il mettra hors d’état de nuire les mauvais conseillers dont l’animosité envers les tradis n’est plus à démontrer, et qu’il les renverra gentiment dans leur diocèse.


Enfin, ce pèlerinage, dont le succès ne cesse de grandir (ils refusent du monde), est un incroyable témoignage dans notre pays et à l’étranger, par l’énorme impact qu’il a eu dans les médias. Il atteste d’une vitalité nouvelle, et comme me l’a dit un téléspectateur pas du tout tridentin : « En voyant ces images, je suis fier d’être catholique. »

MAX GUAZZINI « 

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