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Face aux persécutions, l’Église élève un martyr africain : Floribert Bwana Chui désormais bienheureux

Floribert Bwana Chui - DR
Floribert Bwana Chui - DR
Dans un contexte où les chrétiens d’Afrique sont persécutés, humiliés ou oubliés, l’Église universelle a proclamé la béatification d’un jeune laïc congolais, martyr de l’honnêteté et témoin lumineux d’une foi vécue jusqu’au don total

Alors que les attaques contre les églises, les enlèvements de prêtres et les massacres de fidèles se multiplient au Nigeria, au Congo, au Burkina Faso, la béatification de Floribert Bwana Chui résonne comme un acte de justice et d’espérance. Ce jeune laïc congolais, mort à 26 ans pour avoir refusé de céder à la corruption, est désormais bienheureux. Il devient ainsi le premier bienheureux de la Communauté de Sant’Egidio, et un signe fort envoyé aux jeunes chrétiens africains, le martyre n’est pas vain, il est fécond.

La célébration a eu lieu ce dimanche 15 juin à Rome, dans la basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs, « pleine à craquer » de fidèles venus de République Démocratique du Congo, d’Italie, et de divers pays. Le cardinal Marcello Semeraro, représentant du pape Léon XIV, a présidé la messe de béatification, entouré de plusieurs évêques, dont le cardinal Fridolin Ambongo et Mgr Willy Ngumbi, ainsi que de nombreuses délégations congolaises.C’est dans une ferveur populaire émue que le rite de la béatification a été accompli, dévoilement du portrait du nouveau bienheureux, présentation de la relique ,la veste que portait Floribert le jour de son martyre –, encensée et entourée de fleurs et de bougies. « Le bienheureux Floribert a compris que son âme, mais aussi la vie de son peuple, valaient bien plus que l’argent », a affirmé le cardinal Semeraro dans son homélie. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, grâce à la fidélité de sa vie qui l’a conduit au martyre, l’Église le désigne comme témoin et le propose comme maître. »

En juillet 2007, à Goma, Floribert, jeune fonctionnaire de l’Office congolais de contrôle, s’oppose au passage d’un convoi de riz avarié à destination de la population. Il refuse les pots-de-vin, « car on ne peut sacrifier la vie des gens pour de l’argent », selon ses propres mots. Il est enlevé, torturé, puis assassiné. Son geste, mûri dans la prière et nourri de l’Évangile, devient le sceau d’une fidélité radicale au Christ.

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« Tout le monde a droit à la paix dans son cœur », disait Floribert. Dans un pays ravagé par les conflits, où les enfants des rues, les Maibobo, sont abandonnés et pourchassés, il voulait offrir un avenir à ceux que le monde rejette. Son engagement auprès des plus pauvres, avec la Communauté de Sant’Egidio, l’avait façonné. Il participait activement à l’École de la paix et répétait souvent : « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. »

Le pape Léon XIV, dans une lettre lue par le cardinal Semeraro, rappelle que Floribert « fait partie de cette multitude de martyrs qui s’étend jusqu’à nos jours, dans laquelle se révèle la puissance de la foi en Dieu qui justifie ». Il avait déjà signé son décret de béatification parmi les premiers actes de son pontificat, soulignant l’urgence de proposer aux jeunes d’Afrique un modèle de résistance au mal.

Et tandis que la ville de Goma, aujourd’hui sous tension et en partie occupée, ne pouvait accueillir une telle célébration, Rome s’est faite hier le sanctuaire de tous les persécutés d’Afrique. Une foule en liesse a accompagné les chants en lingala, agitant des drapeaux du Congo et des étendards de la Communauté de Sant’Egidio. Dans l’assemblée, les larmes se mêlaient aux cris de joie, milolo, acclamations congolaises venues saluer l’élévation au rang de bienheureux d’un homme resté « propre de cœur », comme l’avait souligné le pape François en 2023 à Kinshasa.Le cardinal Semeraro a conclu : « Par l’intercession du bienheureux Floribert Bwana Chui, que le Seigneur donne aux jeunes du Congo et du monde entier la force de poursuivre le bien et de résister au mal. »

Source : Vatican

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