Au moment d’entrer dans la dernière étape de sa mission, Jésus choisit trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean, et les emmène à l’écart sur une haute montagne, identifiée par la tradition comme le mont Thabor. Là, selon le témoignage des Évangiles synoptiques, il fut transfiguré devant eux. Son visage devint resplendissant, ses vêtements d’une blancheur éclatante. Une voix venue de la nuée proclama alors : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. »
Cet épisode, situé peu avant l’annonce de la Passion, est lu dans la tradition chrétienne comme un éclaircissement du mystère de la Croix. Les mêmes disciples qui assisteront, quelques jours plus tard, à l’agonie de Jésus au jardin des Oliviers ,Pierre, Jacques et Jean, sont ceux-là même qui avaient contemplé, à Thabor, la gloire divine du Christ. Ce rapprochement souligne un lien essentiel : le Jésus transfiguré est aussi le Jésus crucifié. Celui dont le visage sera méconnaissable est bien le même que celui qui a reçu le témoignage du Père.La fête liturgique de la Transfiguration est très ancienne dans les Églises d’Orient, où elle est fixée au 6 août depuis au moins le VIe siècle. Sous l’empire byzantin, elle fut même établie comme jour chômé à partir du Xe siècle. En Occident, elle demeura longtemps une célébration locale, avant de devenir fête universelle à la suite de la victoire de Belgrade en 1456, interprétée comme un signe de protection divine. Le pape Calixte III choisit alors d’en étendre la célébration à toute l’Église latine, en adoptant la date du calendrier oriental.
Théologiquement, la Transfiguration est classée parmi les fêtes de théophanie, au même titre que le Baptême du Christ, car elle manifeste l’identité profonde de Jésus comme Fils de Dieu. La présence de Moïse et d’Élie aux côtés du Christ est interprétée comme un témoignage conjoint de la Loi et des Prophètes, reconnaissant en Jésus l’accomplissement des Écritures.La fête est célébrée aujourd’hui par l’Église catholique et par la plupart des Églises orientales, notamment byzantines, syriennes et coptes. L’Église arménienne, quant à elle, la célèbre le dimanche suivant.
À travers cette fête, l’Église rappelle que la gloire du Christ, entrevue sur la montagne, est inséparable du mystère de sa Passion. Elle invite les fidèles à reconnaître, dans la lumière du Thabor, l’annonce de la Résurrection et de la transformation promise à ceux qui suivent le Christ jusqu’au bout.
Avec nominis