« Conditionner la vie d’une personne à son état de détresse, c’est remettre en cause l’objectivité du droit à la vie », écrit-il dans une analyse aussi rigoureuse que nécessaire.Le projet de loi sur la « fin de vie » qui agite actuellement les débats parlementaires est sévèrement critiqué par le philosophe Thibaut Collin dans l’Appel de Chartres d’ avril 2025. À travers un article aussi limpide qu’argumenté, il démontre que ce projet ne repose pas sur un souci authentique d’humanité, mais sur une manipulation du langage et une subversion radicale de la loi morale naturelle.
Comme dans toutes les lois « sociétales », écrit-il, il faut d’abord conquérir les esprits par le vocabulaire. L’emploi des termes « aide à mourir » et « suicide assisté » adoucit ainsi la gravité de l’acte en le présentant sous un jour apparemment bienveillant :« Accoler ‘aider’ et ‘assister’ à ‘mort’ et ‘suicide’ permet d’adoucir et même de bonifier la perception de ces deux terribles réalités. »
Thibaut Collin rappelle que, selon toute la tradition philosophique remontant à Aristote, l’homme n’agit jamais en vue d’un mal voulu comme tel. Mais la question morale fondamentale est de discerner si ce qui est perçu comme un bien est réellement un bien, ou un mal travesti. Or, toute la mécanique du projet repose sur le relativisme éthique : ce qui est ressenti subjectivement comme bon deviendrait la base d’un « droit » opposable aux autres. Le philosophe dénonce cette imposture : « L’hypothétique devoir de la société, représentée par un tiers, ne peut être fondé sur un ‘droit’ strictement subjectif. »
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Ainsi, une personne en détresse a besoin non d’une assistance à mourir, mais d’être aimée, soulagée et accompagnée :« De quoi une personne souffrante et désespérée a-t-elle en vérité besoin ? D’être aimée, soulagée et accompagnée. »
Rappeler l’objectivité du droit à la vie est essentiel, souligne-t-il, car céder au subjectivisme reviendrait à justifier n’importe quelle transgression sous couvert d’empathie.Dans cette critique, Thibaut Collin n’hésite pas à parler de « l’esprit du mensonge » pour caractériser la rhétorique de ce projet. La loi, au lieu de protéger la vie, deviendrait complice du désespoir en instaurant un prétendu droit à mourir.
Un projet qui trahit la justice au profit du sentiment, et qui, loin d’être un progrès, fragilise les bases mêmes d’une société civilisée.