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[ Héritage spirituel]  Le sacrement de l’Ordre : un célibat qui a tout son sens

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« Celui qui est sans femme se soucie des choses du Seigneur, de la manière de plaire au Seigneur. »

Le sacrement de l’Ordre est l’un des sept sacrements de l’Église catholique, institué par le Christ lors de la transmission de sa mission aux apôtres. Il consiste en l’ordination de ministres (évêques, prêtres et diacres), afin qu’ils assurent les fonctions de gouvernance, d’enseignement et de sanctification au sein de la communauté chrétienne. Ce sacrement est fondamental pour l’Église, car il assure la continuité de la mission confiée par le Christ aux apôtres et garantit la transmission fidèle de la doctrine chrétienne à travers les siècles, par la succession apostolique.

Les origines et la pratique du Sacrement de l’ordre dans l’Église primitive

Le sacrement de l’Ordre trouve son origine dans les gestes et paroles du Christ, qui a confié aux apôtres la mission d’enseigner, de gouverner et de sanctifier le peuple chrétien. En Matthieu 28:19-20, Jésus leur dit : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et leur enseignant à observer tout ce que je vous ai commandé. » Ce commandement est la base de la mission apostolique, qui sera incarnée dans l’Église par l’ordination des premiers apôtres, eux-mêmes choisis par Jésus. L’imposition des mains, acte central de l’ordination, manifeste la transmission de l’Esprit-Saint, donnant ainsi à ceux qui reçoivent ce sacrement la puissance de représenter le Christ dans leur service au sein de l’Église.

Le sacrement de l’Ordre se décline en trois degrés : l’épiscopat, le presbytérat et le diaconat. Ces trois ordres correspondent aux rôles et aux missions que l’Église confie à ses ministres. Les évêques, successeurs des apôtres, ont la charge de l’enseignement et du gouvernement spirituel des diocèses. Le prêtre, collaborateur de l’évêque, est principalement responsable de l’administration des sacrements, en particulier de l’Eucharistie et de la réconciliation.

Enfin, le diacre, appelé à un service humble et proche des pauvres, rend visible le Christ serviteur, comme l’indique l’Évangile dans Jean 13:12-15, où Jésus lave les pieds de ses disciples et leur dit : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. »

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Le Sacrement de l’Ordre et la configuration au Christ prêtre

Le sacrement de l’Ordre configure l’ordonné à Jésus-Christ lui-même, à la fois comme Prêtre, Prophète et Roi. Cette configuration se base sur les paroles de Jésus dans l’Évangile selon Matthieu : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, car je le suis » (Matthieu 23:8-10), mais aussi sur sa mission rédemptrice, qui trouve son sommet dans le sacrifice de la Croix. Jésus, en tant que Prêtre par excellence, offre lui-même son corps et son sang pour le salut du monde (Jean 6:51), et c’est dans cette relation avec le Christ que les prêtres, par l’imposition des mains, deviennent les instruments de sa grâce, agissant « in persona Christi » (dans la personne du Christ), comme l’indique le Concile de Trente.

Le sacerdoce ministériel trouve ainsi sa source dans le Christ, qui est à la fois le souverain Prêtre et la victime sacrificielle. Le prêtre, en administrant les sacrements, notamment l’Eucharistie, fait la médiation entre Dieu et les hommes. Comme le précise l’Épître aux Hébreux, Jésus est « le grand prêtre qui a franchi les cieux » (Hébreux 4:14). Le prêtre, en tant que ministre de l’Ordre, est donc appelé à vivre cette médiation, en unissant son cœur et son âme au Christ.

La Dimension de service et de sacrifice

Le sacrement de l’Ordre est également un appel au service radical. Jésus, dans l’Évangile de Jean (13:14-15), incarne le modèle ultime de ce service lorsqu’il lave les pieds de ses disciples. En ordonnant les premiers apôtres, il leur confère une autorité spirituelle non pas pour dominer, mais pour servir : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur » (Matthieu 23:11). Ainsi, l’ordination est plus qu’une simple fonction liturgique ou administrative ; elle est un engagement à vivre une vie de service, au nom de l’Église et pour le bien des âmes.

Les diacres, en particulier, sont l’exemple de ce service concret. Le diaconat est le premier degré du sacrement de l’Ordre, et il incarne ce rôle de service humble et charitable. Dans 1 Timothée 3:8-10, Saint Paul décrit les qualités d’un diacre, soulignant sa dignité et son rôle dans le soin des pauvres et des nécessiteux : « Que les diacres soient dignes, sérieux, ne pas donner prise au vin, et qu’ils exercent leur ministère sans reproche. » Ce service, comme l’Église nous l’enseigne, est un aspect fondamental de la mission chrétienne, qui rejoint l’appel de tous les baptisés à la charité et à l’attention envers les plus démunis.

Le Sacrement de l’Ordre à travers les siècles

Au fil des siècles, la pratique du sacrement de l’Ordre a été précisée par les conciles de l’Église, notamment le Concile de Trente (1545-1563) qui a formalisé la doctrine et la pratique des sacrements. Ce concile a affirmé que l’ordination confère une grâce indélébile, et que ceux qui sont ordonnés deviennent capables d’exercer leur ministère en la personne du Christ. De même, il a réaffirmé la nécessité du célibat sacerdotal pour les prêtres, comme expression de la consécration totale à Dieu.

Le Concile Vatican II (1962-1965) a apporté une attention particulière à la question de la mission des ministres ordonnés dans l’Église contemporaine. Tout en soulignant la continuité de la succession apostolique, Vatican II a mis en lumière le rôle du prêtre dans la communauté chrétienne, particulièrement dans la célébration des sacrements et dans son rôle de guide spirituel.

Les réformes liturgiques du Concile Vatican II ont également introduit une plus grande participation des fidèles dans la liturgie, tout en préservant la centralité du rôle sacerdotal. La notion de l’Église comme « peuple de Dieu » a été renforcée, tout en mettant en valeur le sacerdoce commun de tous les baptisés, distinct du sacerdoce ministériel des prêtres et des évêques.

Le célibat sacerdotal : une signification spirituelle profonde

Le célibat sacerdotal, loin d’être un simple renoncement aux plaisirs terrestres, est d’abord un don total de soi à Dieu et à son Église. Il permet au prêtre de se consacrer entièrement à sa mission, sans distraction liée à une famille ou à des responsabilités personnelles. Jésus lui-même a vécu cette vie de célibat volontaire, offrant ainsi un modèle radical d’obéissance à la volonté du Père, dans un engagement total pour la rédemption des hommes. Cette vocation à la chasteté est en ce sens un signe de l’amour exclusif que le prêtre porte à Dieu, et de sa disponibilité totale pour le service du Christ et de l’Église.

L’Apôtre Paul, dans 1 Corinthiens 7:32-34, justifie le célibat comme un moyen de se consacrer davantage à Dieu : « Celui qui est sans femme se soucie des choses du Seigneur, de la manière de plaire au Seigneur. » Le prêtre, en étant célibataire, est appelé à vivre cette même totale disponibilité, en suivant l’exemple de Jésus-Christ. Ce choix est un témoignage visible de la réalité de l’Évangile, où l’amour de Dieu et du prochain est vécu de manière pleinement désintéressée et obéissante.

Le célibat n’est cependant pas sans défis. Il est vécu dans une tension constante entre la vie spirituelle et les réalités humaines. Néanmoins, comme le souligne le Pape Benoît XVI dans son encyclique Deus caritas est, le célibat est avant tout un acte de liberté intérieure, un choix radical d’amour de Dieu et des autres. Cette liberté permet au prêtre de se donner totalement, sans réserve, à son ministère.

Saint Ambroise , évêque de Milan

La Consécration et l’imposition des mains : le geste sacré de l’Ordination

L’imposition des mains, pratiquée depuis les premiers temps de l’Église, est l’acte central de l’ordination. Ce geste symbolise à la fois la transmission de l’Esprit-Saint et l’entrée du nouveau prêtre dans une mission sacrée. En conférant ce sacrement, l’Église reconnaît l’appel de Dieu et délègue une autorité spirituelle qui trouve son fondement dans le Christ lui-même. Jésus a dit à ses apôtres : « Recevez l’Esprit Saint » (Jean 20:22), geste qu’ils ont ensuite transmis à leurs successeurs, les évêques, qui à leur tour imposent les mains aux futurs prêtres et diacres.

L’imposition des mains n’est pas seulement un acte symbolique : c’est le canal par lequel le Saint-Esprit est donné à l’ordonné, le configurant au Christ, comme prêtre, berger et serviteur.

Les Pères de l’Église, tels que saint Augustin et saint Jean Chrysostome, ont largement commenté et approfondi la signification du sacrement de l’Ordre. Saint Augustin, dans son ouvrage De Trinitate, évoque la fonction sacerdotale comme étant d’abord un appel divin, soulignant que l’ordination est un acte de grâce, qui n’est pas mérité par la personne ordonnée, mais qui lui confère un ministère spécifique pour l’Église. Pour saint Jean Chrysostome, le prêtre est un « autre Christ » qui agit sur Terre au nom du Christ, un médiateur entre le ciel et la terre. Ces écrits patristiques renforcent l’idée que l’ordination est une réponse libre et totale à l’appel de Dieu, et qu’elle est pleinement orientée vers la sanctification des fidèles.

Le sacrement de l’Ordre est donc une réalité vivante dans l’Église catholique. Il est un moyen par lequel l’Église continue à rendre présente l’œuvre salvifique du Christ dans le monde. Les ministres ordonnés, appelés à être les signes vivants du Christ-Prêtre, participent activement à la mission du Royaume de Dieu. Le sacrement de l’Ordre assure à l’Église la transmission fidèle de la foi, la sanctification des fidèles par les sacrements, et l’unité de la communauté chrétienne dans l’amour de Dieu et du prochain.

Le célibat sacerdotal, loin d’être une restriction, est un signe de l’amour radical et inconditionnel que Dieu attend de ses serviteurs. Il incarne l’aspiration chrétienne à suivre le Christ dans sa totalité, avec un cœur indivisé et disponible pour la mission de l’Église.

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