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« Hors de l’Église, point de salut » : une vérité qui semble déranger certains prêtres des Missions Étrangères

Père Louis Chauvière - DR
Père Louis Chauvière - DR
« Il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4,12)

Tout jeune prêtre des Missions Étrangères de Paris, le père Louis Chauvière a proposé sur la plateforme d’information Ad Extra une relecture du texte fondateur des Monita ad Missionarios. Interrogé sur la vision du salut portée par ces instructions du XVIIe siècle, il exprime des réserves face à leur caractère exclusif. Mais en relativisant l’unicité du Christ, ne trahit-on pas l’essence même de la mission ?

À lire la tribune libre du père Louis Chauvière sur les Monita ad Missionarios, publiée sur le site Ad Extra des Missions Étrangères de Paris, on découvre un exposé structuré et bien documenté. Mais l’on s’interroge sur le regard théologique qui sous-tend cette lecture. Car une tension est perceptible : derrière la reconnaissance des vertus missionnaires du texte, transparaît une gêne devant l’affirmation traditionnelle de l’Église selon laquelle le salut ne se trouve qu’en Jésus-Christ.

Ainsi, le père Chauvière parle d’une « théologie volontiers exclusiviste » pour qualifier les Monita, comme s’il s’agissait d’un excès regrettable. L’évangélisation, fondée sur l’appel du Christ à faire de toutes les nations des disciples, y semble presque embarrassante. Ce glissement vers une lecture relativiste est préoccupant. Il laisse entendre que les religions non chrétiennes seraient peut-être des chemins valables de salut à côté du christianisme.

C’est précisément contre cette dérive que le cardinal Robert Sarah rappelle, avec une autorité paisible mais inébranlable, l’enseignement constant de l’Église. Dans Dieu existe-t-il ? (Fayard), il écrit :

« Il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4,12). La tradition tout entière de l’Église enseigne que Jésus de Nazareth, Seigneur et Christ, est l’unique sauveur de l’humanité et qu’il n’y a de salut en personne d’autre. Quiconque, en dehors des frontières visibles de la chrétienté, accède au salut, y accède toujours et uniquement par les mérites du Christ sur la Croix et non sans une certaine médiation de l’Église.Cette vérité n’est ni nouvelle ni optionnelle. Elle est l’écho fidèle du Credo, de la Tradition et du Magistère. Elle a été rappelée avec vigueur dans Redemptor Hominis de Jean-Paul II (1978) et dans Dominus Iesus (2000), déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Autrement dit, même les personnes qui sont sauvées hors des frontières visibles de l’Église ne le sont que par Jésus-Christ, par sa Croix et en lien mystérieux mais réel avec son Corps qu’est l’Église.

Dès lors, présenter comme « problématique » la distinction claire entre la Vérité révélée et les religions humaines, c’est risquer de vider l’élan missionnaire de toute substance. Car si toutes les religions se valent, pourquoi se donner la peine d’annoncer l’Évangile ? Pourquoi mourir en martyr, comme tant de missionnaires MEP l’ont fait en Asie, pour proclamer le nom de Jésus ?

Dans le même ouvrage, le cardinal Sarah résume avec une force lumineuse la raison d’être de l’Église :

« L’Église est digne d’intérêt uniquement parce qu’elle nous permet de rencontrer Jésus ; elle est légitime que parce qu’elle nous transmet la Révélation. »

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Tout est dit. La mission de l’Église n’est pas d’être un espace de dialogue ou une plateforme interculturelle. Elle est sacrifice, annonce et salut. Elle est la médiation instituée par Dieu pour transmettre la foi, les sacrements et la vie éternelle.Ainsi, relire les Monita aujourd’hui n’a de sens que si l’on accepte ce qu’ils enseignent sans détour : que toute mission commence par la conviction que les âmes ont besoin d’être sauvées, et que seul Jésus-Christ peut les sauver. Le reste n’est que rhétorique.

Il ne s’agit pas de nier la part de vérité présente dans d’autres traditions religieuses, ni de rejeter les personnes sincères qui cherchent Dieu. Mais comme l’enseigne l’Église, toute vérité, toute grâce, toute lumière vient du Christ, Verbe incarné et Rédempteur du monde.

L’analyse du père Chauvière, en omettant cette réalité au profit d’une approche plus « inclusive » ce mot qui plait tant au monde contemporain, risque de substituer au zèle des anciens un humanisme pastoral flou. Or, comme l’enseignait saint Paul : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! »La mission ne consiste pas à composer avec les erreurs, mais à proposer la Vérité, avec patience et charité. Et cette Vérité a un nom : Jésus-Christ, seul Sauveur du monde.

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