Ce mercredi 10 décembre, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique, le pape Léon XIV a reçu une délégation du groupe des Conservateurs et Réformistes européens au Parlement européen le député européen François-Xavier Bellamy accompagnait cette délégation. Dans son intervention, le Saint-Père a livré une réflexion sur l’exercice de la responsabilité politique, la qualité du débat démocratique et la manière d’envisager l’identité européenne.
Dès l’ouverture, le pape Léon XIV a remercié les parlementaires pour leur service au bien commun. Il les a encouragés à ne jamais perdre de vue ceux que la société oublie, en évoquant « les oubliés, ceux qui sont aux marges, ceux que Jésus-Christ a appelés les plus petits ». Il a rappelé qu’une fonction publique élevée s’accompagne toujours d’une responsabilité envers l’ensemble de la communauté.Le Saint-Père a ensuite insisté sur le rôle essentiel du débat parlementaire. Il a souligné que l’expression des désaccords, lorsqu’elle se fait avec courtoisie et respect, reflète la dignité de la vie démocratique. Il a proposé l’exemple de saint Thomas More, patron des responsables politiques, comme modèle de conscience et de courage dans le service de la société.
Le point central du discours a concerné les racines de l’identité européenne
Le pape Léon XIV a affirmé que celle-ci ne peut être comprise ni promue sans référence à ses racines judéo-chrétiennes. Il a expliqué que la préservation de cet héritage ne consiste pas d’abord à défendre les droits d’une communauté ou à maintenir intactes certaines coutumes, mais à reconnaître un fait historique. Il a déclaré :
« Il suffit de rappeler certains des grands développements de la civilisation occidentale, en particulier les trésors culturels de ses cathédrales majestueuses, son art et sa musique sublimes, et les progrès de la science, sans oublier l’essor et le rayonnement des universités. Ces développements créent un lien intrinsèque entre le christianisme et l’histoire européenne, une histoire qu’il convient de chérir et de célébrer. »
Pour le pape, il s’agit de reconnaître ce qui a façonné la culture du continent, afin de mieux envisager son avenir.
Le Saint-Père a élargi cette perspective en évoquant le patrimoine intellectuel de l’Europe chrétienne. Il a mentionné les principes éthiques qui demeurent essentiels pour la protection de la dignité humaine, « de la conception jusqu’à la mort naturelle » rappelant sa ferme opposition à l’avortement. Selon lui ,ces principes conservent une utilité pour répondre aux défis actuels : pauvreté, exclusion sociale, situations économiques difficiles, crise climatique, violence et guerre. Le but, a-t-il souligné, n’est pas de restaurer un modèle révolu, mais de ne pas perdre des ressources nécessaires à l’avenir.Enfin, Léon XIV a rappelé l’importance du dialogue entre la foi et la raison. En citant Benoît XVI, il a évoqué « le monde de la rationalité séculière et le monde de la croyance religieuse » comme deux domaines complémentaires, capables de s’éclairer mutuellement. Il a invité les élus à contribuer à ce dialogue pour le bien des peuples d’Europe et de la famille humaine tout entière.
Au terme de l’audience, le pape Léon XIV a assuré les membres de la délégation de sa prière et a invoqué sur eux ses bénédictions de sagesse, de joie et de paix.
Texte intégral du discours du pape Léon XIV
« Salle Clémentine
Mercredi 10 décembre 2025
Bonjour à vous tous, et bienvenue au Vatican.
Je suis heureux d’avoir cette occasion de saluer votre délégation à l’occasion de votre participation à la conférence du groupe ECR qui se tient ces jours-ci à Rome.
Je voudrais tout d’abord vous remercier pour votre travail au service non seulement de ceux que vous représentez au Parlement européen, mais aussi de toutes les personnes de vos communautés. En effet, occuper une haute fonction dans la société implique la responsabilité de promouvoir le bien commun. Je vous encourage donc tout particulièrement à ne jamais perdre de vue les oubliés, ceux qui sont aux marges, ceux que Jésus-Christ a appelés « les plus petits » parmi nous (cf. Lc 9,48).
En tant que responsables élus démocratiquement, vous représentez un ensemble de points de vue qui s’inscrivent dans un vaste spectre d’opinions. L’une des finalités essentielles d’un parlement est précisément de permettre l’expression et la discussion de ces points de vue. Le signe de toute société civilisée est que les différences sont débattues avec courtoisie et respect, car la capacité de ne pas être d’accord, d’écouter attentivement et même d’entrer en dialogue avec ceux que nous pouvons considérer comme des adversaires, témoigne de notre respect pour la dignité, donnée par Dieu, de chaque homme et de chaque femme. Je vous invite donc à regarder vers saint Thomas More, patron des responsables politiques, dont la sagesse, le courage et la défense de la conscience sont une inspiration intemporelle pour ceux qui cherchent à favoriser le bien de la société.
À cet égard, je me fais volontiers l’écho de l’appel de mes prédécesseurs selon lequel l’identité européenne ne peut être comprise et promue qu’en référence à ses racines judéo-chrétiennes. Le but de protéger l’héritage religieux de ce continent n’est pas seulement de sauvegarder les droits de ses communautés chrétiennes, ni principalement de préserver certaines coutumes ou traditions, qui d’ailleurs varient d’un lieu à l’autre et à travers l’histoire. Il s’agit avant tout de reconnaître un fait. De plus, chacun bénéficie de la contribution que les membres des communautés chrétiennes ont apportée et continuent d’apporter au bien de la société européenne. Il suffit de rappeler certains des grands développements de la civilisation occidentale, en particulier les trésors culturels de ses cathédrales majestueuses, son art et sa musique sublimes, et les progrès de la science, sans oublier l’essor et le rayonnement des universités. Ces développements créent un lien intrinsèque entre le christianisme et l’histoire européenne, une histoire qu’il convient de chérir et de célébrer.
Je pense en particulier aux riches principes éthiques et aux modes de pensée qui constituent le patrimoine intellectuel de l’Europe chrétienne. Ils sont essentiels pour protéger les droits donnés par Dieu et la valeur inhérente de chaque personne humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle. Ils sont également fondamentaux pour répondre aux défis posés par la pauvreté, l’exclusion sociale, la privation économique, ainsi que par la crise du climat, la violence et la guerre. Faire en sorte que la voix de l’Église, notamment par sa doctrine sociale, continue d’être entendue ne consiste pas à restaurer une époque du passé, mais à garantir que des ressources clés pour la coopération et l’intégration futures ne soient pas perdues.
Je voudrais ici redire l’importance de ce que le pape Benoît XVI a identifié comme le dialogue nécessaire « entre le monde de la raison et le monde de la foi – le monde de la rationalité séculière et le monde de la croyance religieuse » (Discours à la société civile, Westminster Hall, Londres, 17 septembre 2010). En effet, cette conversation publique, dans laquelle les responsables politiques jouent un rôle très significatif, est indispensable pour respecter la compétence propre de chacun ainsi que pour fournir à l’autre ce dont il a besoin : un rôle de « purification » mutuelle afin que ni l’un ni l’autre ne sombre dans des distorsions. Ma prière est que vous jouiez votre propre rôle dans cet important dialogue, non seulement pour le bien des peuples d’Europe, mais pour toute la famille humaine.
Avec ces quelques pensées, je vous assure de ma prière et j’invoque sur vous et sur vos familles les bénédictions de Dieu : sagesse, joie et paix.
Merci. »
Source Vatican


