Le mercredi 9 juillet le parlement européen a adopté une résolution d’urgence condamnant avec fermeté l’attentat terroriste perpétré contre l’église grecque orthodoxe Mar Elias à Damas. Ce drame, survenu le 22 juin dernier, a coûté la vie à au moins 25 personnes et blessé plus de 60 fidèles. Revendiqué par le groupe islamiste Saraya Ansar al Sunna, il constitue l’un des pires massacres ciblant des chrétiens en Syrie depuis des années. Face à cette escalade, les eurodéputés appellent à une réponse ferme et concertée.
La résolution appelle les autorités syriennes à mener une enquête indépendante et à garantir que les responsables soient traduits en justice, « assurer la reddition des comptes, y compris par la poursuite des auteurs et facilitateurs de violations des droits humains, comme dans le cas de Mar Elias ». Elle demande également la restauration de l’église endommagée, la création d’un Fonds de reconstruction pour la Syrie et le soutien au dialogue interreligieux.« Cette résolution marque une étape importante vers une mobilisation internationale pour protéger les chrétiens et autres minorités religieuses en Syrie », déclare Kelsey Zorzi, directrice de la liberté religieuse mondiale pour ADF International. « Le Parlement européen a raison d’exiger des comptes, non seulement pour l’attaque contre Mar Elias, mais aussi pour le schéma plus large de persécutions religieuses dans le pays, et de conditionner tout soutien futur au respect des droits fondamentaux ».
Le texte met en lumière une série d’agressions visant la communauté chrétienne, vandalisme d’églises, comme à Tartous où des menaces ont exigé le paiement de la jizya, une taxe islamique réservée aux non-musulmans, pressions sur les pasteurs pour tolérer une surveillance gouvernementale, croix arrachées dans les cimetières, discriminations aux points de contrôle.
La violence ne se limite pas à l’aspect physique, les chrétiens font face à une marginalisation économique systémique, exclus des postes publics, pénalisés dans leurs démarches administratives, et de plus en plus poussés à l’exil.
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Adoptée par plusieurs groupes politiques dans le cadre d’une motion conjointe (RC‑B10‑0335/2025), cette résolution s’inscrit dans le combat du Parlement européen contre les violations des droits fondamentaux, de la démocratie et de l’État de droit.Adina Portaru, conseillère principale pour ADF International à Bruxelles, insiste sur l’urgence d’un engagement européen plus visible, « Nous appelons la Commission européenne à nommer sans plus attendre un Envoyé spécial pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction en dehors de l’UE ». Une mesure symbolique forte, selon elle, pour défendre ce droit fondamental à l’échelle mondiale.
Alors que le Parlement européen appelle à la protection urgente des chrétiens syriens et à des mesures concrètes pour garantir la liberté religieuse, la voix de Hind Kabawat, seule ministre chrétienne du gouvernement de transition, vient rappeler que ces persécutions ne concernent pas seulement une minorité, mais la stabilité de tout un peuple. « Cette attaque ne visait pas seulement les chrétiens, mais tous les Syriens », affirme-t-elle, soulignant que la haine confessionnelle vise à fragmenter une nation déjà éprouvée par plus d’une décennie de guerre.Le message porté à Strasbourg trouve ainsi un écho direct dans le témoignage de cette responsable syrienne, pour protéger les chrétiens de Syrie, il ne s’agit pas seulement de reconstruire des églises ou de condamner les attentats, mais de rebâtir une société fondée sur l’égalité, la justice et le respect de toutes les croyances.
Dans un pays où tant de fidèles ont pris le chemin de l’exil, cette double alerte, européenne et syrienne, sonne comme un dernier appel à ne pas abandonner une communauté enracinée depuis les origines du christianisme, aujourd’hui menacée de disparition.