Dans la nuit de dimanche à lundi, un incendie a gravement endommagé la porte principale de l’ancienne église Notre-Dame de Roubaix. L’édifice, inoccupé depuis plus de dix ans et désacralisé, a vu sa façade noircie par les flammes. Selon plusieurs sources locales, le feu semble d’origine volontaire. Une enquête est attendue, mais pour les habitants du quartier, l’heure est déjà à l’indignation.
Construit entre 1842 et 1844, ce bâtiment de style néoclassique, inscrit à l’inventaire des monuments historiques, occupe une place symbolique dans l’histoire roubaisienne. Il avait été reconverti un temps en salle de réception, puis définitivement fermé en 2011. Depuis, le site est resté sans usage, en dépit de multiples appels à le réhabiliter.En 2023, la ville de Roubaix avait lancé un appel à manifestation d’intérêt pour proposer un nouvel avenir au lieu : usage culturel, éducatif, tertiaire, mais sans financement public. Le cahier des charges précisait que l’église devait être sauvegardée dans son intégrité. Pourtant, plus d’un an après la clôture de l’appel, aucun projet n’a été officiellement retenu ou annoncé. L’église reste vide, vulnérable, exposée aux dégradations.
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Le sinistre de cette semaine ravive donc une inquiétude ancienne : que fait la municipalité pour protéger le patrimoine religieux et historique de la ville ? Le quartier des Gobelins, marqué par des enjeux sociaux et urbanistiques complexes, voit l’un de ses repères les plus visibles se dégrader lentement dans l’indifférence. Ce lieu pourrait pourtant devenir un pôle de vie, de mémoire ou de culture, à condition qu’une volonté politique réelle l’accompagne.
L’affaire intervient aussi dans un contexte national préoccupant, où de nombreux édifices religieux non affectés au culte sont en danger faute de moyens ou de vision claire. L’église Notre-Dame n’est pas qu’un bâtiment : elle est un témoignage d’histoire, d’architecture et de foi, dont la disparition progressive marquerait une perte irréversible pour le paysage roubaisien.Plus que jamais, les fidèles demandent des réponses, et des actes. L’enquête devra dire ce qui s’est réellement passé. Mais au-delà des flammes, c’est une politique du patrimoine qu’il faut aujourd’hui remettre au centre du débat public.