Dans un contexte marqué par l’expansion fulgurante de l’intelligence artificielle, le texte publié par le Dicastère pour la Communication met en garde contre les dérives possibles d’outils numériques devenus omniprésents et parfois invasifs / Le Vatican souligne la primauté de l’homme dans la communication numérique.
Le thème retenu , « Préserver les voix et les visages humains » , s’inscrit dans la ligne de la réflexion constante de l’Église sur la dignité de la personne et sur la nécessité de maintenir la technique à sa juste place. Les algorithmes et systèmes automatisés offrent des opportunités considérables, reconnaît le document, mais ils ne peuvent en aucun cas remplacer ce qui constitue le cœur de la communication humaine : l’empathie, l’éthique et la responsabilité morale.Le pape Léon XIV insiste sur ce point central : « Le défi est de garantir que l’humanité reste aux commandes ». Une phrase qui résonne avec une particulière acuité dans une époque où la frontière entre l’humain et le numérique tend à s’estomper. Si les technologies peuvent être au service de la vie, elles peuvent aussi, mal employées, manipuler, affaiblir l’esprit critique et éroder la liberté des individus.
Le texte souligne les risques concrets : production de contenus trompeurs et manipulateurs, reproduction de stéréotypes, amplification de la désinformation par des voix et visages artificiels, atteinte à la vie privée et centralisation excessive du pouvoir entre les mains de quelques acteurs monopolistiques. Ces dérives ne sont pas théoriques mais déjà visibles dans les environnements numériques contemporains.Pour y répondre, le Saint-Siège appelle à une double exigence : renforcer l’éducation aux médias et développer une véritable « alphabétisation à l’intelligence artificielle » (MAIL). Les catholiques, en particulier, ont la responsabilité d’apporter leur contribution afin que les jeunes soient formés à un discernement lucide, capable de distinguer le vrai du faux, l’humain de l’artificiel, et de grandir dans la liberté de l’esprit.
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Ce texte s’inscrit dans une continuité : celle d’une Église qui, depuis le Concile Vatican II, a toujours vu dans les communications sociales un champ crucial de l’évangélisation, mais aussi un terrain de discernement moral. Le message de Léon XIV, fidèle à cet héritage, rappelle que la technologie doit rester un instrument au service de l’homme, et non se substituer à lui.
Texte intégral en français
Préserver les voix et les visages humains
« Dans les écosystèmes de la communication d’aujourd’hui, la technologie influence comme jamais auparavant les interactions – des algorithmes qui sélectionnent les contenus dans les fils d’actualités jusqu’ à l’intelligence artificielle qui rédige des textes et des conversations entières. L’humanité dispose aujourd’hui de possibilités qui étaient inimaginables quelques années auparavant. Mais même si ces outils sont efficaces et ont une grande portée, ils ne peuvent pas remplacer les capacités uniquement humaines comme l’empathie, l’éthique et la responsabilité morale. La communication publique nécessite un jugement humain, pas seulement des schémas de données. Le défi est de garantir que l’humanité reste aux commandes. Dans l’avenir de la communication les machines doivent être des instruments au service du lien et de la vie humaine, et non des forces qui érodent la voix humaine.
Nous avons de grandes opportunités. Parallèlement, les risques sont réels. L’intelligence artificielle peut générer des contenus captivants mais trompeurs, manipulateurs et nuisibles, elle peut reproduire les préjugés et les stéréotypes présents dans les données d’entraînement, et elle peut amplifier la désinformation en simulant des voix et des visages humains. Elle peut aussi envahir la vie privée et l’intimité des personnes sans leur consentement. Une dépendance excessive à l’IA affaiblit la pensée critique et les capacités créatives, tandis que le contrôle monopolistique de ces systèmes soulève des préoccupations sur la centralisation du pouvoir et sur les inégalités.
Il est donc devenu urgent d’introduire l’alphabétisation médiatique dans les systèmes éducatifs, à laquelle s’ajoute aussi l’alphabétisation autour de l’IA (MAIL : Media and Artificial Intelligence Literacy). Comme catholiques, nous pouvons et devons contribuer afin que tous – en particulier les jeunes – acquièrent la capacité de penser de manière critique et grandissent dans la liberté de l’esprit. »
Source Vatican
