Poète, mystique, avec un cœur d’apôtre, Madeleine Delbrêl nous a laissé un trésor à travers ses écrits empreints des réalités de sa vie au cœur d’un milieu ouvrier communiste.Le Père Vincent Bedon, auteur de Madeleine Delbrêl. Les saintes aventures de la vie de tous les jours, a sélectionné les plus belles pages de Madeleine.
Née en 1904, Madeleine Delbrêl se déclare athée à l’âge de 17 ans avant de vivre une conversion fulgurante trois ans plus tard. Assistante sociale à Ivry-sur-Seine, elle choisit de vivre l’Évangile au cœur du monde ouvrier communiste. Poétesse de l’ordinaire, elle a tracé un chemin de sainteté dans les rues de la cité. Elle résumait sa foi retrouvée par cette phrase fulgurante : « Dieu est ou bien tout, ou bien il n’est rien. »
À l’occasion d’une lecture scénique exceptionnelle, le Père Vincent Bedon sera présent aux côtés de l’actrice Brigitte Fossey pour éclairer de ses commentaires les textes de Madeleine Delbrêl lus sur scène. Un moment de foi et de lumière, porté par la beauté des mots et la profondeur du témoignage.
Nous avons rencontré le père Bedon pour l’interroger :
Tribune Chrétienne – La vocation de Madeleine Delbrêl, laïque engagée aux milieux des athées, était très spécifique. En quoi cette mission était originale pour l’époque ?
Père Vincent Bedon : L’originalité de ce que vivaient Madeleine et ses équipières vient surtout de leur extraordinaire précocité par rapport à ce que vivaient alors les laïques, même engagés. Ces femmes ne sont pas des religieuses apostoliques, elles sont sans lettre de mission, et vont là où la charité les pousse, vers les « sans-Dieu » de leur temps. 60 ans après Lumen Gentium, on peut passer à côté de cet aspect précurseur de leur présence et de leur mission. Elles ont vécu avant le concile Vatican II ce que nous découvrons pas à pas aujourd’hui.
TC – Les fruits de son travail évangélique semblent peu visibles. Il n’y a plus aujourd’hui d’équipières, ces sœurs laïques, pour continuer l’œuvre de Madeleine. Vous aimez pourtant parler de son influence, hier comme aujourd’hui. A quoi faites-vous allusion ?
Père Vincent Bedon : « Religieuses, nous n’en avons pas la pelure » disait Madeleine. En effet, les Équipes de la « Charité de Jésus » ne sont plus. Est-ce un échec, ou une fécondité plus profonde ? Comme pour Charles de Foucauld, une des grandes références de Madeleine, on peut parler d’une préparation évangélique souterraine.
Nous croyons que l’exemple et les écrits de Madeleine sont un legs pour les laïques d’aujourd’hui, consacrés ou non : vie à l’imitation du Christ du fait de leur baptême. Vie emplie d’amour, vie simple et pure.
Brigitte Fossey déclare : « Madeleine Delbrêl ! Pour moi, c’est la découverte d’une grande poétesse mystique sous le soleil de Dieu et la vie intense dans la liberté, celle de la rue, celle de la rencontre avec ceux qui vivent dans l’ombre et le dénuement »
TC – Madeleine a souvent été présentée comme un exemple par les « chrétiens progressistes ». A-t-elle vraiment été proche de l’idéologie communiste selon vous ?
Père Vincent Bedon : Si Madeleine fut en effet une référence pour ce milieu, son charisme déborde aujourd’hui largement cette limite et rejoint en profondeur ceux de tous horizons qui la découvrent. Madeleine a côtoyé les marxistes athées 30 années durant, dans un coude à coude fraternel, mais dans le but de leur porter l’Évangile, pour les ‘sauver’ ! Elle ne connaît pas l’enfouissement.
L’occasion de la ‘main tendue’ des communistes aux catholiques d’alors, en 1935, fut pour elle un cas de conscience : fallait-il saisir cette main ? La lecture de passages de Lénine – affirmant qu’avec les catholiques, il faut œuvrer ensemble et non discuter, pour mieux les récupérer – et de tout l’Évangile, lui donna une réponse lumineuse :
– communisme et foi chrétienne sont incompatibles.
– le communisme cherche à détruire la foi des croyants, etc. Le reste se trouve dans mon livre (pp. 107-110).
TC – Vous serez dans quelques jours sur scène à l’Espace Bernanos à Paris avec la comédienne Brigitte Fossey. Quelle Madeleine voulez-vous montrer lors de cet événement très artistique ?
Père Vincent Bedon : Nous aurons la chance de faire revivre les paroles si fortes de Madeleine grâce à cette grande comédienne, qui goûte avec joie et profondeur aux textes fournis. En suivant le fil de sa vie, athéisme, conversion, mission, le public pourra toucher du doigt la grande beauté des écrits de Madeleine, mais aussi son éblouissement devant Dieu, son sens de la prière, sa vie mystique et son cœur d’apôtre donné pour le salut des âmes.
Père Vincent BEDON, auteur de Madeleine Delbrêl Les saintes aventures de la vie de tous les jours (Éditions Emmanuel)
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