Depuis septembre, l’église Saint-André-et-Saint-Claude-des-Francs-Comtois-de-Bourgogne, l’une des cinq églises françaises de Rome, a été confiée à la Communauté Saint-Martin.Tribune Chrétienne a interviewé le père Pierre-Antoine Belley, assistant général de la communauté qui nous a confié les raisons de cette nomination, le sens spirituel de cette présence et la joie d’accueillir les pèlerins venus de France et d’ailleurs.
Comment s’est faite l’arrivée de la Communauté Saint-Martin à Rome ?
« Nous avions déjà une présence à Rome, près de la Piazza del Popolo, où résident les frères de la communauté qui travaillent pour le Saint-Siège et les prêtres étudiants. Nous étions au service d’une église appelée Santa Maria di Monte Santo, dédiée aux artistes de Rome. Cela faisait environ trente ans que nous y donnions un coup de main. Nous faisions donc déjà partie du paysage romain, les gens savaient qu’il y avait une maison de la Communauté Saint-Martin ici. Nous connaissions aussi les recteurs des autres églises françaises de Rome : Saint-Louis-des-Français, la Trinité-des-Monts et les autres. »

Comment cette nomination s’est-elle concrétisée ?
« Il faut savoir qu’il y a cinq églises françaises à Rome qui appartiennent à une association appelée les Pieux Établissements. Récemment, un bilan a été réalisé sur la présence de ces cinq églises, et l’ambassade de France près le Saint-Siège a rappelé que ces églises devaient promouvoir la culture et la langue françaises.
L’église Saint-Claude était tenue par la congrégation du Saint-Sacrement, fondée par le Français saint Pierre-Julien Eymard, un ami du curé d’Ars. Les pères sacramentins y ont fait un travail admirable, mais ils n’étaient plus français et ne parlaient plus notre langue. Or, les statuts prévoient que ces églises soient confiées à des communautés françaises et que la prédication, les conférences et les célébrations soient en français.
Désormais, nous célébrerons la messe en latin grégorien, avec la prédication en français. Les choses se feront tranquillement, car les fidèles s’étaient habitués à la messe en italien. L’ambassade de France a donc souhaité qu’une communauté française reprenne la charge de Saint-Claude, comme le demandent les statuts. »
Pourquoi votre communauté précisément a-telle été chosie ?
« Il s’agissait d’avoir une communauté à majorité française capable d’accomplir ce service de manière pérenne »
Comment cela s’articule-t-il avec la présence des deux visiteurs apostoliques au sein de la communauté ?
« Pour nous, il n’y a jamais eu d’aspect négatif à cette venue. Le dicastère pour le Clergé les a nommés en réponse à la visite que la Communauté avait elle-même souhaitée à plusieurs reprises. Ces deux visiteurs nous conseillent et nous soutiennent ; cela n’a en rien freiné les initiatives qui nous sont demandées. Tout ce que nous sommes au niveau liturgique n’a jamais été remis en cause, bien au contraire : on nous a encouragés à aller de l’avant dans notre charisme. »
Comment se traduira concrètement la présence de la Communauté Saint-Martin à Saint-Claude ?
« Les églises françaises de Rome travaillent beaucoup ensemble : Saint-Louis-des-Français, la Trinité-des-Monts, Saint-Claude… Il existe un vrai dialogue entre les recteurs. Pour le moment, notre présence sera modeste et le nouveau recteur, don Florian Raymond, qui est aussi étudiant sera très à l’écoute . Ce n’est pas une vie de paroisse à proprement parler, mais nous voulons continuer les temps d’adoration mis en place par les pères sacramentins. Il faut laisser le temps de voir comment Saint-Claude trouvera sa place dans l’équilibre des propositions romaines. Peut-être y aura-t-il davantage de chant grégorien à Saint-Claude qu’à la Trinité-des-Monts, mais chacun a sa sensibilité. »

Qu’est-ce qui explique, selon vous, le dynamisme de la Communauté Saint-Martin ?
 » Au-delà de la formation, de l’amour de la liturgie et d’un style de formation parfois qualifiée de monastique, c’est la proposition de vie commune qui semble attirer : des prêtres qui vivent ensemble leur ministère.Les jeunes et les catéchumènes sont aujourd’hui très sensibles au contenu doctrinal de l’enseignement de l’Église, plus que leurs aînés. C’est ce qui motive certaines vocations.
Nous avons aussi des échanges intéressants et fructueux avec des prêtres ordonnés il y a quelques décennies , qui reconnaissent que les choses ont changé. Cela suppose de s’adapter à de nouveaux besoins d’accompagnement et de formation. »
Et de conclure avec simplicité :
« L’essentiel est que nous nous réjouissions d’être au service de l’église Saint-Claude, modestement. Tant qu’on nous le demandera, nous serons là, heureux d’accueillir les pèlerins français et de les aider à aimer Rome. »
 
								


 
															