Le père Gabriel Romanelli, curé de l’unique paroisse catholique de Gaza, a confirmé lundi qu’« un ordre d’évacuation » avait été délivré par les forces israéliennes pour le quartier d’al-Zaytun, où se trouve l’église Sainte-Famille. L’annonce survient alors que l’armée prépare une nouvelle offensive militaire dans certains des secteurs les plus peuplés de Gaza.
le Père Romanelli a décrit une situation de plus en plus insoutenable. « La vie ici est très, très difficile », a-t-il confié à l’agence italienne ANSA. « Un ordre a été donné d’évacuer tout le quartier. Et ils ont dit qu’ils commençaient à distribuer des tentes. On pourrait penser que c’est une bonne nouvelle, ‘comme c’est merveilleux’, mais c’est en préparation de l’évacuation de toute la ville de Gaza. Mais où peuvent tous les habitants de la bande, 2 300 000 personnes… trouver de la place ? »L’armée israélienne soutient que ces déplacements sont « nécessaires pour protéger les civils ». Mais les agences humanitaires avertissent que ces transferts risquent d’aggraver une crise déjà dramatique. Caritas Jérusalem alertait récemment : « Les gens meurent de faim » et « tous les enfants souffrent de malnutrition ».
Le pasteur souligne que, malgré les bombardements quotidiens, les messes et prières se poursuivent. « Pendant la messe d’hier, nous avons entendu une très forte explosion toute proche qui a détruit un réservoir d’eau. Heureusement, rien n’est arrivé, seulement des dégâts matériels », a-t-il relaté. « Un autre dimanche de guerre. »À l’intérieur de la paroisse, 450 déplacés vivent sous la menace constante. « Ici, dans le quartier d’al-Zaytun, nous entendons les bombardements. Parfois, ils frappent loin, d’autres fois les bombes tombent tout près avec des éclats atteignant l’intérieur de la paroisse. Alors nous demandons à tous les déplacés qui vivent avec nous de retourner dans leurs chambres parce que c’est très dangereux », a expliqué le franciscain.
Lors des attaques, les activités pour les enfants et les jeunes sont systématiquement interrompues dans la cour du centre paroissial.Le 17 juillet dernier , l’église elle-même avait été touchée par un tir israélien, faisant trois morts et onze blessés, dont le père Romanelli. L’armée israélienne a reconnu qu’un « tir de mortier égaré » était à l’origine de l’explosion, mais son communiqué avait omis de mentionner les victimes civiles. Le Patriarcat latin de Jérusalem avait dénoncé une violation grave du droit international, tandis que le pape Léon XIV appelait de nouveau à « arrêter ce massacre » et à instaurer un cessez-le-feu immédiat.
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Selon le père Romanelli, « l’aide arrive, mais pas en quantité suffisante pour répondre aux besoins de la population. Ce qui manque complètement, ce sont les fournitures médicales ».Le ministère de la Santé de Gaza, administré par le Hamas, a signalé cinq décès dus à la malnutrition en seulement 24 heures, dont deux enfants. Depuis octobre 2023, 263 personnes, parmi elles 112 enfants, sont mortes de faim.« La chose la plus grave, c’est que la population ne voit aucune amélioration de ses conditions. Nous sommes tous très fatigués », a ajouté le prêtre.La canicule complique encore la survie : « Ce sont des jours chauds à tous les sens du terme, avec des températures atteignant 50°C. La chaleur est terrible et rend les malades et les personnes âgées encore plus vulnérables. »
Sur le plan militaire, l’impasse se poursuit. « Il n’y a pas d’accord, ils ne veulent pas libérer les otages, ou seulement partiellement, l’autre côté dit ‘non, tous ensemble’… la seule chose certaine est que les bombes continuent à provoquer des morts, des civils, des enfants, les chiffres sont terribles », a déclaré le curé Romanelli.
D’après le ministère de la Santé de Gaza relayé par l’Associated Press, le nombre de morts palestiniens depuis le 7 octobre 2023 dépasse les 62 000, dont environ la moitié sont des femmes et des enfants. Plus de 154 000 personnes ont été blessées. Du côté israélien, les autorités annoncent 454 soldats tués et plus de 2 840 blessés depuis le début de l’offensive terrestre.Face à cette tragédie, le père Romanelli insiste : « Avec l’espoir que de bonnes nouvelles arrivent bientôt pour un cessez-le-feu, une trêve, la fin du conflit avec la libération de tous les otages et prisonniers. En plus, il est absolument urgent que l’aide, la nourriture, l’eau, le carburant et les médicaments atteignent la population. » Enfin, il relie Gaza à la paix mondiale : « Chaque jour, nous prions le Seigneur et invoquons l’intercession de la Sainte Vierge pour obtenir le don de la paix pour cette partie de la Terre Sainte qu’est Gaza. Ce serait un bien pour tous, pour Gaza, pour la Palestine, pour Israël et pour le monde entier. Parce que, comme saint Jean-Paul II nous l’a rappelé, s’ils veulent la paix dans le monde, ils doivent commencer par la paix à Jérusalem. Sans paix à Jérusalem, il n’y aura jamais de paix dans le monde. Aujourd’hui, Gaza joue un rôle central dans la promotion de la paix mondiale. »